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par de fragment fuivant, tiré d'une Épître anonyme qui lui fut adreffée en 1779, & qui fe trouve dans l'Almanach des Mufes de la même année.

C'EST à toi qu'il convient d'écrire.
En belle profe, en jolis vers,
Toi dont l'efprit eft fans travers
Et que la Raifon même inspire:
Homme aimable autant qu'éclairé,
Pere tendre, Époux adoré ;

Qui maîtrisant les deftinées,
Libre habitant des plus beaux lieux,

Vois dans tes loisirs studieux

S'enfuir tés rapides journées,

Et fais aimer & vivre heureux
Dans le calme délicieux

Des Paffions bien ordonnées. &c.

Si quelque chofe pouvoit adoucir la jufte douleur de fes refpectables parens, c'eft la noble générofité de S. A. S. Monfeigneur le Comte d'Artois, qui, en apprenant la mort du Marquis de Bercy, a, fur-lechamp, accordé au fils âgé de deux ans, la Charge que le père avoit auprès de lui.

SUR LE DÉVOUEMENT

De Madame la Marquife DE BERCY, victime de fon attachement pour fon

Mari.

De ce que peut la conjugale flâme,

E

Français, l'exemple eft nouveau parmi vous:
Ce qu'ORPHÉE a fait pour fa femme,
BERCY l'a fait pour fon Époux!

Du même.

DE DIODAT (ou DIZU-DONNÉ) D'ESTAING,

SUR ce Marbre, qui couvre une héroïque cendre,
Paffant, cet Écuffon * ne doit point te surprendre
Car qui, dans un Combat, releve un Souverain,
Dont la chûte excitoit les plus vives alarmes,
Eft ainfi que le fut d'ESTAING,
Bien digne d'en porter les armes !

Idem.

Une tradition adoptée depuis long-tems, fait effectivement remonter le droit qu'ont MM. d'Estaing de porter les armes de France en plein, furmontées d'un chef d'or, jufqu'à l'époque de la Bataille de Bouvines,

dans laquelle Philippe-Augufte, ayant été renverfé de cheval, fut défendu & remonté par Déodat ou Dieu donné d'Estaing, l'un de fes Sergens-d'armes ou Ecuyers, qui enfuite releva & reprit aux ennemis l'Ecu de France qui étoit échappé des mains du brave Monarque. Il y a même un Monument du treizieme fiécle (c'est-à-dire du fiécle même où mourut Philippe-Augufte) dans lequel on voit un d'Estaing prenant le titre de Miles ou Chevalier, & portant un Ecu femé de Fleurs de Lys, qui eft celui de France. D'ailleurs cette Maison eft aufli connue par fes illuftrations, que par fon ancienneté. La branche de Saillant qui fubfifte, a hérité des biens du fameux Chevalier Bayard de Terrail.

Digne héritier de ce beau nom, M. le Comte d'Estaing, Vice-Amiral, qui s'eft acquis tant de gloire par la prise de la Grenade, & fon Combat Naval avec les Anglais, avoit dit pofitivement avant fon départ pour l'Amérique : « On n'aura de "mes nouvelles que forfque mon expédi

tion fera achevée. Alors on en recevra «la Relation entiere, ou celle de ina

« mort. »

L'Ouragan du 28 Janvier 1779, démâta fon Vaiffeau. Le lendemain, attaqué (3) En 1229.

par l'Ennemi avec le plus grand avantage, le Vice-Amiral promet une fomme pour chaque coup de canon qui porteroit fur fon Adverfaire, & le force à fe retirer. Le furlendemain, on découvre fix Vaiffeaux de Ligne ennemis. M. d'Estaing se dispose à combatre & place douze Grenadiers autour de fon Pavillon : « Je vous commande

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(leur dit-il ) de tirer fur moi-même, s'il "m'arrive d'ordonner d'amener?» Et de-là, court à la Sainte-Barbe, où il place douze autres Grenadiers. Aux repréfentations des Officiers fur l'impoffibilité de fe défendre dans l'état où l'on fe trouvoit alors : « Mef«fieurs, (leur répondit-il ) retournez, & "tenez-vous à vos Poftes. » Remonté fur le tillac, il déjeûne gaîment, de-là fe déshabille, prend un bonnet, s'adresse à l'Equipage, & dit : « Mes enfans, vous "n'irez pas en Angleterre. Que chacun faffe fon devoir; & je vais vous appren«dre comment un Cordon-bleu doit fe « battre. » On fait quels furent fes fuccès. Voici quatre vers pour être mis au bas du Portrait de ce brave Général :

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ALBION redoutoit fon bras & fon génie.
Venge ur du nom Français, Général & Soldat,
Il fut domter avec éclat,

Les Anglais & la Calomnic.

On lit dans les Etrennes du Parnasse, de 1781, un Portrait de Cromwel, avec le nom de M. le Comte d'Eftaing,qui prouve qu'un favori de Mars peut auffi l'être d'Apollon:

CE Héros criminel, connu par des forfaits,
Le modèle des Rois, l'opprobre des Sujets,
Qui né pour obéir, affervit l'Angleterre,
Et mérita l'eftime & l'horreur de la Terre ;
De ce Peuple rebelle invifible moteur,
Prêtre, Guerrier, Miniftre, & fur-tout Impofteur;
Nonchalamment affis, d'un œil impénétrable,
Contemplant à loifir un spectacle effroyable,
Sans terreur & fans trouble, il regardoit son Roi,
Comme un infortuné condamné par la Loi:
Et portant la fureur jusqu'à vouloir le plaindre,
Il alloit le pleurer en ceffant de le craindre.

DE PER RIN.

PAR un vieux Jaloux, pris au gîte,
Ci-git PERRIN, qui mourut vite.

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