dont on lit encore avec plaifir les Poéfies Françaises pleines de naturel, de grâce, & très bien écrites, eu égard au fiècle où il vivoit: témoin ce Couplet-ci : LAISSONS, laiffons regrets & pleurs. Jeunes, il faut cueillir les fleurs En ce tant joli mois de Mai, Ne combattons point le Defir: Il fut un des plus favans hommes de fon tems, Poëte très eftimé en Poéfie Françaife & Latine; & auffi célébre du moins, par l'efprit de Galanterie qui régnoit dans fon commerce. Il mourut en 1602 à 68 ans. On prétend qu'il compofa avec Rapin, les vers de la Satyre MENIPPÉE; fervice effentiel rendu à la Nation, que cette Satyre ingénieufe fit revenir de fes préjugés en faveur de la Ligue & de fes principaux adhérans. DE LA FONTAINE. JEANS' Quant à fon temps, bien le fut dispenser: Par lui-même, * Mort, à Paris en 1695, à 74 ans. Les defcendans de ce Poëte inimitable font exempts de toute Taxe & de toute Impofition: Privilége auffi honorable que flatteur, qu'on ne pouvoit refufer à un nom qui a tant illuftré la France. Pour bien aprécier La Fontaine, il ne faut que réfléchir fur l'afcendant qu'il a fur tous les Efprits, puifqu'il fait les délices de tous les âges & de toutes les perfonnes: Privilége unique. Les Efprits élevés font touchés de Corneille; les autres, & les femmes fur-tout, fe plaifent dans Racine; Moliere charme ceux qui connoiffent les hommes; les Bergeries plaifent dans la jeuneffe; le Lyrique plaît dans le tems des Paffions: La Fontaine eft l'homme de tous les tems & de tous les états; il est le jouet de l'Enfance, le Mentor de la Jeunesse, l'Ami de l'Homme fait, l'amufement de la Vieilleffe. Dans les mains d'un Philofophe, c'eft un Recueil précieux de Morale; dans celles de l'Homme de Lettres, c'est un modéle de bon goût; dans les mains de l'Homme du Monde, c'eft le tableau de la Société : d'où il s'enfuit, qu'il faifit appparement le point où tous les goûts fe réuniffent: c'est-à dire, cette portion lumineuse du Vrai, qui eft comme la bâse du Bon fens & l'élément de la Raison. Er comme il la présente fans nuages & fans fard, il n'eft pas étonnant qu'elle jouiffe de tous fes droits dans fes Ouvrages. DU COMTE DE SHAFTESBURY.* CI-GÎT, qui, n'ayant aucun bien, Du bien d'autrui faifoit le fien. Par M. D. L. P. * Fils d'un grand Chancelier d'Angleterre, & l'un des plus aimables débauchés qui brilloient à la Cour de Charles II. II étoit fi peu fcrupuleux fur les moyens qu'il employoit pour foutenir fon rang, & pour fatisfaire fes goûts, que le Roi, fatigué des plaintes qu'il en recevoit de toutes parts, lui en fit un jour des reproches, qui lui attirerent de la part de cet effronté Courtifan, une réponse dont Charles ne fit que rire. Ce trait, qui peint le Caractere des deux perfonnages, renferme un Epigramme que nous avons cru pouvoir tenter de nettre en vers, ne fut-ce que pour inviter quelque autre plume à en tirer un meilleur parti : A SHAFTSBURY, CHARLES SECOND Je te crois le plus grand Frippon, Sire, lui dit il, en effet, On gageroit, peut-être, Qu'en ma qualité de Sujet, D'UN ÉVÊQ U E. Ici gît un Prélat d'emprunteuse mémoire, Qui toujours prit, & jamais ne rendit. Seigneur, s'il eft dans votre Gloire, Anonyme. D'UN BON HOMME. J'étois né JEAN, tel je fuis mort: JEANS, qui me favez en ce lieu, Mais ne venez pas tous ensemble: Idem. DE DUPLESSIS-MORN A Y. * Ici git DE MOR-NAY, Hérétique de France, Heureux s'il fût MORT - NAY, ou mort dès fon enfance! Çar il n'eût enfanté tant de Livres pervers. Idem. * On fent que la haine de quelque Ligueur fanatique a pu feule enfanter cette Epitaphe auffi ridicule que plate, & que |