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DU PLAISIR,

LE Befoin me donna le jour,
Que je perdis fortant de chez mon pere.

Ranimé par le tendre Amour,
Ce nouveau bien ne fut qu'une chimère.

Paffant, pleure mon trifte fort,
Qui fut toujours d'être & de ceffer d'être ?
Sans ceffe allant de la Vie à la Mort,
Sans avoir pu jamais me reconnaître !

Par M. le Comte DE LA TOURAILLE,

D'UN GRAND PARLEUR.

Sous ce Tombeau, pour toujours dort,
PAUL, qui toujours contoit Merveilles.

Louange à Dieu, Repos aux Morts,
Et Paix en Terre à nos Oreilles !

Par J. LA FONTAINE,

ཞ་བ་

DE L'ABBÉ DE VOISEN ON.

Ict gît, ou plutôt fretille,

VOISENON, frere de CHAULIEU.

A fa Mufe vive & gentille,
Je ne prétends point dire Adieu:
Car je m'en vais au même licu,
Comme cadet de la Famille.

Par VOLTAIRE.

* (CLAUDE-HENRI FUMÉE de) né au Château de Voifenon, près Melun, en 1708, commença par être Grand Vicaire de l'Evêché de Boulogne. Mais il abaidonna bientôt les diguités eccléfiaftiques, ne se sentant pas deftiné à les bien remplit. Il étoit né plutôt pour l'Etat Militaire; puifqu'ayant plaifanté un Officier qui le trouva mauvais, il fe battit avec lui, le bleffa & le défarma. Depuis ce tems il

fe livra entièrement au monde & au théâtre. Mais prefque toujours ignoré dans fes productions, il fe couvroit de voiles qui n'étoient que de ces gâzes légères que perce le premier coup-d'œil. On le reconnoiffoit par-tout, & fouvent même où il n'étoit pas, car on lui a attribué nombre de chofes

qui font entièrement de M. Favart. Son amitié pour cet aimable Poëte ne s'eft pas démentie un feul moment jufqu'à la fin de fa vie.

Il mourut à Voisenon le 22 Novembre 1775, avec une fermeté & une constance peu commune.

Il a donné à l'Opéra l'Amour & Pfyché, & les Fêtes de Paphos ; & à la Comédie Italienne, la Coquette fixée. Defmahis a fait ainfi fon portrait :

ARBITRE des Talens qu'il cultive & poffède,
Son Efprit eft toujours d'accord avec le goût :
Toujours nouveau, fans ceffe à lui-même il fuc

céde;

Et, fans prétendre à rien, il a des droits sur tout,

L'Abbé de Voifenon a confervé fon humeur gaie jufqu'au dernier inftant. Peu de tems avant fa mort, s'étant fait appor ter fon cercueil de plomb qu'il avoir déjà fait préparer : « Voilà donc (dit-il) ma der«nière rédingotte?» Et fe tournant vers un de fes Laquais dont il avoit eu quelque fujet de fe plaindre: « J'efpere (ajouta-il) qu'il ne te prendra pas envie de me voler " celle-ci?»

D'UN IVR OG NE.

Cr-Gir, qui, mort d'Hydropisie,

S'écrioit, fur le point de defcendre au Tombeau:

Ah, Ciel! comment mon Corps peut-il être plein

d'eau,

Puifque je n'en bus de ma vie?

Par M. CocqUART.

D'UN SOURD.

CI Gîr, qui jamais n'entendit ;
Et qui, fans avoir pour maxime,
Que Surdité n'eft point un crime,
Toujours au hafard répondit.

Par M. D. L. R

DU BARON DE WATERBATH,

Miniftre d'Etat, en Saxe.

PASSANT, dans ce Tombeau gît un homme de

bien,

Qui permit de tout croire, & ne crut jamais rien.

* Ce Miniftre, mort au commencement de ce fiécle, auffi cher aux Sujets par fa bienfaisance & fon humanité, qu'au Souverain par fes talens & fes longs fervices, lui demanda & obtint, ( dit-on) pour toute grâce, qu'il lui fût permis d'être enterré dans un jardin qu'il aimoit beaucoup, & que l'on mît fur fon tombeau les deux vers qu'on vient de lire.

De quels travers le pauvre efprit humain n'eft-il pas fufceptible!

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