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DE MICHEL DE MONTAGNE.

CI-Gir, qu'à bon titre on renomme :
D'après lui-même, il peignit l'Homme.

Par M. D. L. P.

* Mort en 1592, à 60 ans. Il ne fuivoit dans fa Morale & dans fa conduite que la Raifon humaine, & fermant les yeux à la lumiere de la Foi, il flottoit fans ceffe dans un doute univerfel, également oppofé à ceux qui difoient que tout eft incertain, & que tout ne l'eft pas. Le Cardinal du Perron appelloit les Effais de Montagne « le Bréviaire des "honnêtes gens. Le style n'en eft à la vérité ni pur, ni correct, ni précis, ni noble; mais fimple, vif, hardi, énergique il exprime naïvement de grandes chofes. Quelqu'un a dit de lui, en le comparant aux autres Philofophes:

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Plus ingénu, moins orgueilleux,
MONTAGNE, fans art, fans Systême,
Cherchant l'Homme dans l'Homme même,
Le connoît, & le peint bien mieux.

Montagne s'eft fervi des penfées des Anciens, & particulièrement de Séneque

& de Plutarque. Comme on lui en conteftoit quelques-unes, il difoit : « Que je "prends de plaifir à voir donner des na<< zardes à Séneque & à Plutarque fur mon

«‹ néz ! »

La science ( felon lui) est un sceptre en certaines mains, & dans d'autres une Marote.

Ce Philofophe, auffi fingulier qu'eftimable, a la bonne foi de nous dire, en parlant de lui-même : « Je fuis tantôt fage, « tantôt libertin, tantôt vrai, tantôt menteur, chaste, impudique, puis libéral, prodigue & avare; & tout cela, felon «que je me vire. »

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Quel autre, excepté J. J. Rouffeau, (du moins à certains égards) eut le courage d'en dire autant?

On ne peut lire les Effais de Montagne fans éprouver un charme particulier. Il eft quelquefois bavard, futile; mais il hafarde avec aifance, liberté & grâce, comme dans la conversation, tout ce qui lui passe par la tête. «C'est (a-t-on dit de lui) l'homme du monde qui fait le moins ce qu'il va dire, & qui fait le mieux ce qu'il dit.

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Dv

Du MARÉCHAL DE CATINAT

C1-cît le Vainqueur de Marsailles,

Qui vaincu depuis à Versailles,

Et n'en aimant pas moins & l'Etat, & fon Roi, Servit encor fous VILLEROI.

Du même.

Mort en 1712. Il s'étoit élevé par degré, fans cabale & fans intrigue. Philofophe au milieu de la grandeur & de la guerre ; libre de tous préjugés, & n'affectant point de les méprifer; ennemi de l'intérêt & du faste, & se bornant à cultiver l'Amitié; ce grand homme, malgré fes victoires, étant tombé en difgrace, fut obligé de fervir fous le Maréchal de Villeroi, qui étoit fon cadet en Grade Militaire; & le dernier Eléve de Turenne & de Condé n'agit plus qu'en fecond. Rare exemple de modeftie, de réfignation aux ordres de fon Roi, & peut-être du plus grand courage!

Tome 11.

DU COMTE DE GISORS. *

Du Jeune & valeureux GISORS,
Ce Tombeau renferme le corps.

Brave Français arrête & prie ?....
GISORS eft mort pour la Patrie.

14

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*Tué en 1758, à 26 ans. Après avoir fait fes premières armes en Provence & des prodiges de valeur à l'Affaire d'Haftembeck, le Roi qui connoiffoit fon mérite, le plaça à la tête des Carabiniers, Corps diftingué depuis long-tems par fa bravoure & fes fuccès. Cet avantage lui devint funefte, à la malheureuse journée de Crévelt. Jaloux de vaincre, s'étant avancé à la tête de fon Corps pour charger l'ennemi, cette action généreuse lui coûta la vie.

Ce jeune Héros n'avoit pas éréélevé dans cetté molleffe qui fait de la plupart de nos Seigneurs Français des femmes délicates; il fe levoit à quatre heures du matin, faifoit exercer fon Régiment tous les jours, & donnoit le premier l'exemple du bon ordre & de la discipline.

Nous croyons ne pouvoir mieux ter

miner l'Eloge de ce jeune & très regrettable Héros, que par ces Vers de quelqu'un qui nous paroît avoir eu grand tort de garder l'anonyme :

CULTIVER tous les Arts, protéger le Génie;
Joindre au Goût le Savoir, & les Grâces aux Mours

Combattre pour fon Roi, mourir pour sà Patrie
fa
Regretté des Vaincus, admiré des Vainqueurs ;
Et même en fuccombant digne de la Victoire :
Telle fut de GISORS & l'Etude & la Gloire !

CI-GÎT

D'UN PER ROQUET.

un Perroquet, plein de fens & d'efprit', Qui n'entendit jamais qu'il ne comprît: Parloit fi bon français, vers la fin de fa vie,' Que fi tout fon mérite eût été mieux connu, Probablement il auroit eu

Une place à l'Académie.

Par PAVILLON, de l'Académic Française.

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