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dage, en brûle quatre, envoie l'autre à Dunkerque, & y revient avec quarantecinq navires qu'efcortoit cette flotte. Il mourut d'une pleuréfie, en 1702, à l'âge de si ans.

Jean Bart ayant reçu de Louis XIV une gratification de mille écus fur le Tréfor Royal, & ayant appris que c'étoit Pierre Gruin, Garde de ce même Tréfor, qui devoit lui en compter l'argent; le cherche, trouve enfin sa maison, & dit au Portier: «N'eft-ce pas ici que demeure Pierre « Gruin?» De là enfile l'efcalier, ouvre les portes, arrive au lieu où M. Gruin dînoit avec quelques amis, & dit : « Lequel ❝ de vous eft Pierre Gruin?... C'est moi "qu'on appelle M. Gruin, lui dit le Tré«forier. » Jean Bart alors lui présente la Refcription. Gruin n'y jette qu'un coupd'œil, la lit, & voulant la lui rendre, la laiffe tomber en lui difant: « Vous repafferez dans deux jours. Ramasse-la, mort!.. & paie tout-à-l'heure? (dit Bart en tirant « fon fabre.) Un des Convives reconnoît Jean Bart, & dit à M. Gruin : « Payez, « Monfieur, c'eft Jean Bart: il ne faut "point plaifanter avec lui.» Gruin fe léve, ramaffe la Refcription, paffe dans fon Bureau, prend des facs d'argent blanc, & fe met en devoir de les pefer. «Il me

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faut de l'or? dit le Marin») & M. Gruin que la peur avoit rendu poli, le paie

en or.

DE JEAN,

Maréchal d'AU MONT.*

Icr git le brave D'AUMONT,

Qui dès fon jeune âge, en Piémont,
Sous BRISSAC montra fa vaillance;
Et depuis aux plaines d'Ivry,
En fecondant le grand HENRI,
Hâta le bonheur de la France.

Conftamment fidéle à fes Rois,

Son bras étendoit leurs Domaines;

Lorfqu'un plomb mortel, près de Rennes,
Vint mettre un terme à fes Exploits.

Anonyme.

* Tué en 1593,d'un coup de moufquet qu'il reçut à Comper en Bretagne. C'étoit un fujet fidéle, un Citoyen zélé, un homme d'honneur, également ferme & habile. II fut d'avis, en 1588, de faire trancher la tête en place publique au Duc de Guife, au lieu de le faire poignarder; mais ce confeil généreux ne fut fuivi.

pas

Les premiers qui amenerent des fecours à Henri IV, après la mort funefte de son prédéceffeur, furent trois favoris difgraciés: Souvré, d'O & d'Epernon. Ce dernier avoit eu de vifs démêlés avec le Maréchal d'Aumont, & Henri craignoit que fon retour ne les renouvellât. Le Maréchal s'appercevant de cette délicateffe du Roi, l'alla trouver & fut le premier à lui confeiller de recevoir le Duc.. J'oublie, « dit-il, tout reffentiment jufqu'à ce que

Votre Majefté ait triomphé de fes « ennemis. Mais, après cela, fi le Duc le « trouve bon, nous vuiderons notre que«relle. Epernon, inftruit de cette démarche par le Roi lui même, se présenta chez le Maréchal, fit excufe du paffé, demanda fon amitié & lui offrit la fienne. « Allez, « lui dit le vieux Guerrier avec fa franchise "ordinaire; je ne veux de vous d'autres "fatisfactions que celle que vous me don«nez aujourd'hui de vous voir fi foumis "aux ordres de votre Maître. Vous m'of«frez vos fervices? je les accepte: je vous offre auffi les miens. Allons, continuat-il, en l'embraffant, combattons de tout notre cœur pour la gloire du meilleur de "tous les Maîtres, & pour le falut de la "Patrie dont les méchans ont juré la ruine! Quand nous aurons rendu la Paix à la

« France,

France, nous difputerons à qui fe furpaffera en générosité. »

L'attachement auffi noble qu'inviolable de ce Grand-Homme pour la perfonne de fon Souverain s'eft perpétué chez fes defcendants fans s'être jamais démenti.

ANCIENNE EPITAPHE

DU SEIGNEUR DE LA BLOUZE.
CI-Gir le Seigneur DE LA BLOUZE,

Auprès de fa très digne Epoule,
Qui pour avoir trop peu vécu,

Ne le fit qu'une fois Cocu.

Idem.

DE BERNARD, *

Poëte Français.

De l'Ovide Français plaignons le trifte fort:
Il n'étoit plus, quand il eft mort!

*

Par M. D. L. P.

(PIERRE-JOSEPH,) né à Grenoble en 1707, mort à Paris en 1775, de mœurs fi douces & d'un caractère fi aimable, qu'il n'étoit connu que fous le nom de Gen

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til - Bernard. Son goût pour la galanterie, entretenu par l'habitude, lui ayant fait oublier qu'il n'étoit plus dans l'âge des amours; fa tête s'en reffentit au point, dans les dernières années de fa vie, qu'affiftant un jour à la repréfentation de Caftor & Pollux, (le plus charmant de fes ouvrages) il demanda plus d'une fois aux perfonnes qui étoient près de lui, de qui étoit cet Opéra ?

Bernard, né d'une famille honnête du Dauphiné, fut toute fa vie attaché à la Maifon de Coigny, qui lui donna la place de Secrétaire-général des Dragons, & lui procura celle de Bibliothéquaire du Roi à Choify.

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Il fut bon parent, bon ami, bon citoyen, & l'homme le plus fûr dans la fociété. Il ne livra jamais fes Ouvrages à l'impreffion, & fe contentoit de les lire dans quelques cercles,

Il mourut regretté de fes amis, &, ce qui eft plus rare, des Gens de Lettres même.

M. Paliffor a dit qu'aucun de nos Poëtes n'a plus approché que lui de la manière d'Ovide, & qu'il en avoit les beautés, ainfi que les défauts.

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