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VERS

DU PRÉSIDENT HENAULT.

N'ÉTOIT-CE
DIT-CE pas affez qu'ISMENE fût volage?
Pour me mieux accabler, elle me rend fon cœur!

Mais la Mort à mes yeux cauferoit moins d'horreur, Qu'un cœur capable de partage.

Amour, quelle eft la rigueur de tes Loix? Je meurs de mes regrets & de ma résistance.

Faut-il que je fouffre à la fois,
Par fon retour & par fon inconftance

ÉPITAPHE

D'UN JEUNE HOMME.

Lx Plaifir fut ma feule étude,

Je fus conftant à le chérir.

J'ai dit, en me voyant mourir:
Il m'a payé d'ingratitude'!

Anonyme.

SUR LA MORT

DU MARQUIS DE BRÉHANT,
Maréchal de Camp, &c. &c.

ΤΟΙ,

Tor, dont la Candeur égala le Courage! Héros, dont les vertus avoient devancé l'âge; Dont la France eftimoit & la tête & le bras ; Appui des malheureux, ami de tes Soldats; Bon Pere, heureux Epoux & fibien fait pour l'être ! Pour tout dire,en un mot,bon Sujet d'un bon Maître; BRÉHANT, c'elt toi qui meurs ! & dont le cœur gémit, Comme a gémi VILLARS, de mourir dans un lit ... Reçois, du haut des Cieux, fitu daignes m'entendre, Et l'hommage & les pleurs que je dois à ta cendre!

Par M. D. L. P.

*Mort en 1764, également regretté, à la Cour, à la Ville, & à l'Armée.

Le Marquis de Bréhant n'est plus (dit M. le Comte de ***. dans une Lettre confignée dans le Mercure de France du mois de Juillet 1764.) Il emporta les regrets de la France entiere, & je doute que la Nature reproduife jamais un plus loyal & un plus honnête homme que le fut cet illuftre Breton pendant le cours de fa vie... La

bonne réputation que lui ont méritée ses Vertus Civiles & Militaires, fera dans la postérité une époque glorieufe pour notre Province de Bretagne, qui a plus d'une fois vu naître dans fon fein de ces âmes franches & courageufes dont la mode fe paffe un peu... Il fit refpecter & chérir fon autorité dans le premier Régiment de France, où la Discipline avoit été longtems négligée... A la Bataille d'Eftinguen, au milieu du feu des Ennemis, il fe retira le dernier, ralliant encore les débris de fon Régiment. A la Bataille d'Haftenbeck où fe trouvoit Bréhant, à la tête de fes Grenadiers, Chevert ayant jugé que de la garde d'un certain Pofte dépendoit la Victoire. Mon cher Bréhant(s'écria-t-il,en le regardant fixement ) « jurez-moi, foi de Chevalier, que vous & tout le Régiment de « Picardie, vous vous ferez tuer jufqu'au « dernier, plutôt que de quitter le pofte « dont il s'agit. Je le jure!» (répondit le Marquis, d'un air & d'un ton qui rendoient le ferment fuperflu) & jamais engagement ne fut mieux gardé.

Il avoit dans l'efprit cette fleur de Courtoifie & dans l'âme ces vrais Sentimens de l'ancienne Chevalerie fondés fur l'Honneur & l'amour de la Gloire, & dont la Révolution des tems a fait écrouler l'édifice.

SUR LA MORT

DE DUCLOS,*

Secrétaire-Perpétuel de l'Académie Française,&c.

DEPUIS

EPUIS trente ans, j'aimois DUCLOS:

DUCLOS m'aima jufqu'à fa derniere heure.
Savant, fans fafte, avec peu de rivaux,
L'Amitié feule a troublé fon repos.

DUCLOS n'eft plus. Jugez fi je le pleure!

Du même.

* (CHARLES PINEAU) né à Dinant en 1705.

* DUCLOS, dans la plupart de fes Ouvrages prouva (quoi qu'en aient dit ceux qui l'ont critiqué) qu'il étoit quelque chofe de mieux qu'un Bel-Efprit. Ses Obferva. tions fines & profondes fur les Mœurs, des Définitions frappantes par leur précifion & par leur jufteffe, des Maximes fortement penfées & rendues avec une énergie qui lui étoit familiere, fuppofent, à la fois, un bon Efprit, une Pénétration & une fagacité rares, un Jugement folide & fain, en un mot, un alfemblage heureux de qualités peu vulgaires, faites pour lui concilier

l'eftime des Connoiffeurs les plus difficiles, & pour lui conferver un Nom célébre dans la Poftérité. Mais ce feroit manquer à fa Mémoire, que de fe borner à l'Eloge de fes Talens fon austere probité, principe de cette franchise un peu dure qu'on lui reprochoit dans la Société; fa bienfaifance, fes vertus, lui ont acquis à l'eftime publique des droits plus légitimes encore que le mérite de fes Ouvrages. » Peu de perfonnes (& c'est le témoignage honorable que lui a rendu M. le le Prince de B. *** dans un Difcours public)» connoiffoient « mieux les devoirs & le prix de l'Amitié. Il favoit fervir courageufement fes Amis, & le mérite oublié ; il avoit alors un art dont on ne fe défioit pas, & qu'on n'auroit pas même attendu d'un homme qui aima mieux toute sa vie montrer la vérité avec force, que l'infinuer avec adreffe.

Tout le monde a connu les qualités de fon Cœur, ainfi que la vive fincérité de fes Sentimens pour le célébre M. de la Chalotais, fon Compatriote & fon Ami depuis l'enfance.

Il mourut en 1772 âgé de 67 ans,

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