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D'UN DÉBAUCHÉ.

(Imitation du Latin. )

Au culte de Vénus, DAMON, toujours fidéle,

Vécut pour, & mourut par elle,

Idem:

D'ÉPICHAR MUS.

(Traduite du Grec. )

CI-GIT ÉPICHARMUS,

De qui le nez camus,
Teint d'une rouge graine.
Montroit qu'il aimoit mieux
Un muid de bon Vin vieux,
Qu'un cent d'Eau d'Hypocrène.

Anonyme

D'AMADIS ET DE GALAOR

DE

E ceux que cette Tombe enferre,
Deux traits peignent le caractère :

Aujourd'hui, comme au tems jadis,
Une Belle pleure AMADIS,
Dont la conftance a su lui plaire;

Tandis

que, comme un vrai trésor, Cent autres pleurent GALAOR!

Par M. D. L. P.

DE PIERRE ARÉTIN. *

LE
E tems, par qui tout se consume,
Sous cette Pierre a mis le Corps
De l'ARETIN, de qui la Plume
Blessa les Vivans & les Morts.

Son Encre noircit la Mémoire
Des Monarques de qui la Gloire
Eft vivante après le Trépas :
Et s'il n'a pas contre Dieu même

Vomi quelque horrible Blasphême ;

C'eft qu'il ne le connoiffoit pas.

Anonyme:

* Mort à Venise en 1556, à l'âge de

66 ans. On lit dans la Vie de ce fameux Cynique une Anecdote finguliere.L'émulation dégénérée en Jalousie, avoit brouillé le TINTORET & le TITIEN, tous deux Peintres célébres, & L'ARÉTIN, intime ami du dernier, avoit pris parti dans la querelle. Le Tintoret le rencontrant un jour près de chez lui, le pria d'entrer, fous prétexte de faire fon Portrait. A peine le Fléau des Princes (titre que prenoit le Satirique) fut-il affis, que le Peintre vint à lui d'un air furieux, le Piftolet à la main. "Eh, Jacques! que voulez-vous faire (s'écria le Poëte épouvanté? ) « Prendre vo«tre mefure (répondit, gravement, le Tintoret:)" & après l'avoir mefuré, il ajouta du même ton: » vous avez qua"tre de mes pistolets & demi de haut; » & le renvoya.

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Cet intrépide Satyrique, après avoir tout bravé pendant fa vie, tomba, dès qu'il fe fentit proche de fa fin, dans le plus outré Bigotifme.

Il avoit peur, & il n'avoit pas tort:

c'étoit un méchant homme.

DE COLBERT, *

PA R fa fidélité, par fa rare Prudence,
Par la force d'Esprit, & par sa Vigilance,
Ce grand homme fervit fon Prince & ses États.

L'heureuse France, alors, par un rapport bien jufte,
Dans Louis avoit un AUGUSTE,

Et dans COLBERT, un MÉCÉNAS.

Idem.

*En entrant dans les Finances, il fit remettre trois Millions de Taille, & tout ce qui étoit dû d'Impôts depuis 1647 jufqu'à 1656. Il mourut en 1683, à 64 ans, confumé (dit un Historien) par le chagrin que lui donnoit Louvois, en le forçant à ruiner, pardes véxations, le Peuple qu'il avoit enrichi par le Commerce: feul Protecteur que le Public ait eu, feul Miniftre des Finances qui foit mort dans fon Emploi.

Il répondit à fon épouse qui, dans fes derniers momens ne ceffoit de lui parler d'affaire « Vous ne me laifferez donc pas "même le tems de mourir? » La Populace de Paris voulut pourtant le déterrer à St. Euftache; mais les bons Citoyens rou⚫girent de cette frénéfie, & penferent fur cet homme comme la Poftérité,

La réputation de M. Colbert eft telle dans l'Europe, que, pour louer un Miniftre, l'Adulation même n'a pu encore rien imaginer au-deffus de ce parallele. S'il n'eft pas le premier parmi nous qui ait combiné la nature des divers Impôts, il en a perfectionné les proportions, en fimplifiant les Droits, en les réuniffant fous une même Régie, & prefque toujours en diminuant leur excès. Il trouva, dans fon Génie & dans fon amour pour la Patrie, des reffourees pour accroître l'aifance publique, dont l'effet néceffaire eft d'enrichir le Prince; il rappella les Arts, l'industrie & l'activité, que la mifere, l'excès des Impofitions, & la multiplicité des Officiers avoient bannis depuis long-tems. Il préfenta à fa Nation les trois objets d'émulation qui lui arracherent toujours des prodiges : l'intérêt, la confiance, & les diftinctions. Des Manufactures de toute efpéce, nées & perfectionnées en peu de tems, occuperent une multitude de Pauvres oififs; retinrent parmi nous les Tributs immenfes que notre va nité & nos befoins payoient aux Etrangers; attirerent même leurs richeffes; donnerent à l'Argent & par conféquent aux denrées, aux confommations & aux Finances, un mouvement inconnu jufqu'alors. Il ne perdit point entiérement de vue l'Agricul

ture

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