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d'Agnès, qu'elle ne fut pas de ces Femmes qui joignent à leurs attraits toutes les foibleffes de leur Séxe : elle n'eut que les grâces du fien & tout le courage du nôtre. Voici (dit Fontenelle) le ftratagême dont elle fe fervit, pour rappeller Charles VII à fes devoirs :

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» Le Roi dont j'étois aimée vouloit abandonner fon Royaume aux Ufurpa"teurs Etrangers, & s'aller cacher dans "un Pays de Montagnes, où je n'eusse "pas été trop aife de le fuivre. Je m'avi«fai d'un ftratagême pour le détourner "de ce deffein. Je fis venir un Aftrologue, " avec qui je m'entendois fecrétement. « Il me dit un jour, en préfence de Charles, que tous les Aftres étoient trompeurs, "ou que j'infpirerois une longue paffion à un grand Roi. Auffitôt je dis à "Charles: Vous ne trouverez donc pas » mauvais, Sire, que je paffe à la Cour d'Angleterre, car vous ne voulez plus. « être Rof, & il n'y a pas affez de tems ❝ que vous m'aimez pour avoir rempli ma « destinée. La crainte de me perdre, lui "fit prendre la réfolution d'être Roi de "France, & il commença dès lors à rétaa blir fes affaires. »

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Voyez (ajoute Fontenelle) combien la France eft obligée à l'Amour! & combien

ce Royaume eft obligé d'être galant, quand ce ne feroit que par reconnoiffance! Auffi le Roi François I, Monarque très galant, écrivit fur le tombeau d'Agnès:

PLUS de louange & d'honneur tu mérites,
La caufe étant de France recouvrer,
Que ce que peuvent dans un Cloître ouvrer
Closes Nonains, ou bien dévots Hermites!

D'UN MÉ CHAN T.
CI-Gir, qui jamais ne fut dire
Deux mots de fuite fans médire ;
Et, fans effort, trouva moyen
D'être honni des gens de bien.

Sans foi, fans loi, fans confcience,
Efprit faux ; mais affez méchant,
Pour être mort fubitement,

De peur de faire pénitence.

Anonyme

D'UN ÉPICURIEN.

CI-GÎT, dans une paix profonde,
L'Apôtre de la Volupté,

Qui, pour plus grande sûreté,

Fit fon Paradis en ce Monde.

Idem.

ÉPITAPHE SINGULIERE.

Ici je dors avec PYRAME,

A qui j'étois Sœur, Fille & Femme.

Mais comment cela, direz-vous ?....
Il m'engendra de notre Mère;
D'où vient qu'il me fut Frere & Pere,
Lorque je l'eus pris pour Époux.

Idem.

Cela est ( dit on ) arrivé en la personne d'une Fille qu'un jeune Marquis Italien eut de fa propre Mere, & qu'il épousa fans favoir ce qu'elle lui étoit.

DE LA FEMME DE MALHERBE. *

BELLE âme, qui fus mon flambeau,
Reçois l'honneur qu'en ce Tombeau
Le devoir m'oblige à te rendre !

Ce que je fais te fert de peu :

Mais, au moins, tu vois, en ta Cendre,
Que j'en aime encore le feu.

Par lui-même.

* Il aimoit fon Epoufe, au point que l'affliction de la voir malade lui fit faire vœu d'aller nue tête de Paris à la SainteBeaume, au cas qu'elle recouvrât la fanté. Il rougit enfuite d'avoir fait ce vou; & loin de s'en vanter, il falloit lui en arracher l'aveu comme un grand fecret. Telles font (même chez les plus grands-hommes) les inconféquences de l'efprit humain !

ÉPITAPHE ÉNIGMATIQUE

DE DEUX É POU X. *

C1-Gi T, que nul n'engendra,
Que pourtant l'on enterra;

Et qui, fans être engendrée,
Près de lui fut enterrée.

*ADAM & EVE.

Par M. D. L. P.

DE LOT H.

VOYANT fa Femme en Sel, & fa Patrie en cendre ; Ses Filles lui reftoient. Il but, & fut fon Gendre.

Du même.

N. B. Ceci n'eft qu'une autre Épitaphe refaite.

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