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foupçonné d'être Eunuque, pourquoi il n'avoit point de Barbe? le Jardinier lui répondit que le bon Dieu, faisant la distţibution des Barbes, il étoit arrivé lorsqu'il n'en reftoit plus que de rouffes à donner; & qu'il aima mieux n'en point avoir du. tout, que d'en porter une de cette cou

leur..

D'UNE VIEILLE COQUETTE
C1-GiT une Vieille édentée,

Femme très prompte à s'attendrir;
Femme, qui, toujours entêtée.
De la fureur de conquérir,
Ne s'occupoit plus d'autre chofe;.
Et rendit le dernier foupir,
En Fontanges couleur de Rôfe.

Par M. GAUDET.

SUR LA MORT

Du CARDINAL DU PERRON. *

QUOI!

UOI! ces rares Vertus dont ARISTE fit voir
Des largeffes des Dieux sa belle âme chargée ;
Quoi! les juftes regrets de la France affligée,
Ne purent à pitié les Destins émouvoir?

Ils ont mis au Tombeau ce Démon du Savoir,
Dont la Terre sembloit être aux Cieux obligée;
Et, fans aucun refpect, la Parque s'eft vengée
De celui dont le nom méprisoit son Pouvoir!

ARISTE, favori des Filles de Mémoire, **
Fut ici-bas un Dieu, dont l'immortelle Gloire
A mérité d'avoir des Vœux & des Autels.

O Souverains Auteurs de Loix inviolables!
Quelle foi,maintenant,peut vous croire immortels,
Puifque l'on voit la Mort attaquer vos femblables ?

Par RACAN.

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* Ce Cardinal, après avoir joui d'une grande réputation, mourut en 1618, à ans, avec celle d'un mauvais Français, d'un Prêtre Politique, & d'un Prélat ambitieux.

Le Cardinal du PERRON ôfa, un jour,

دو

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traiter d'ignorant l'Avocat-Général Servin': » il eft vrai, Monfeigneur, (lui répondit »ce Magiftrat) que je ne fuis pas affez » Savant pour prouver qu'il n'y a point » de Dieu ». Le Cardinal demeura muet & confus. Pour entendre cette réponse, il faut favoir que du Perron, entretenant Henri III pendant fon dîner, avoit eu l'audace de lui dire je viens de prouver » à Votre Majefté, qu'il y a un Dieu; » mais, demain, fi elle veut m'écouter encore, je lui prouverai qu'il n'y en a point. » Ce qui fâcha fi fort le Roi, qu'il le bannit de fa préfence.

Ce Cardinal demeurant à Paris fur la Paroiffe Saint-Paul, envoya, un jour, un Gentilhomme dire au Curé de lui venir parler au fujet d'une affaire qu'il avoit à lui communiquer. Le Curé répondit, qu'il iroit, & n'en fit rien. Le Cardinal, après l'avoir attendu affez long-tems, l'envoya querir une feconde fois. Même réponse, & le Curé ne s'en remua pas davantage. Le Prélat, enfin, indigné de l'incivilité de cet homme, lui en fit faire des reproches très vifs, en lui ordonnant de ne point tarder à venir. Allez dire à Monseigneur

le Cardinal, répondit froidement le Curé) » qu'il eft Curé à Rome, & que »je le fuis à Paris : qu'il eft fur ma Paroif

fe, & que je ne fuis pas fur la fienne. » Il a raifon! (s'écria le Cardinal, en rece» vant cette vigoureuse réponse) » Je fuis fon Paroiffien; » c'est à moi de l'aller » trouver. » Dès que le Curé l'apperçut Il courut le recevoir jufques dans la Rue : le Prélat, très content, l'embraffa, & lui donna son estime & son amitié.

**Ses Poéfies placées autrefois parmi les meilleures productions de notre Parnasse, en feroient aujourd'hui les plus médiocres.

SUR UN TABLEAU DE LA MORT.
BON Peintre, vous avez grand tort

D'armer la dextre de la Mort
D'une Faucille & d'une Flêche.

Rempliffez lui plutôt le sein,
Des Récipés d'un Médecin:

C'est ce qui plus de gens dépêche.

Anonyme:

DE TROIS JEUNES BARONS, DE SENUY, DE CORRERON ET DE SARRY,

En Bourgogne, accablés à Lyon fous les ruines d'une ancienne Hôtellerie,qui portoit pour Enfeigne un Porcelet,l'an 1 540.

TROIS ADONIS, dès leur jeunesse verte,
Giffent ici..... Lyon pleure leur perte!

Hélas! chez toi, comme exempts de remords,
Ils repofoient..... Un Porcelet farouche,
Les furprenant, la nuit, dedans leur couche,
Les enterra, devant qu'ils fuffent morts.

Anonyme.

D'AGNES SOREL.

Maitreffe de CHARLES VII, Roi de France. CE Corps ne gât pas feul fous l'étroite clôture

De ce riche Tombeau :

Avec lui gît auffi tout ce que la Nature.
Fit jamais de plus beau !

Par M. D. L. P.

Nous ajouterons à ce que nous avons dit

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