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D'UN PHILOSOPHE,
Sans Penfion.

CI-GIT un pauvre Philosophe,

Non pas de la moderne étoffe,
(Sans doute il eût été moins gueux)

Qui, pour jamais, fermant les yeux.
Difoit: O Mort! Mort fecourable!

Ton Bras, frappant un miférable,

Lui laiffe, au moins, l'espoir, en dépit du Destin De ne plus, déformais, penser au lendemain.

Par M. D. L. P.

DE L'ABBÉ DE BOISROBERT.

CI-GIT

un Monfieur de Chapitre;

Ci-gît un Abbé portant Mître;
Ci-gît un Courtifan expert;
Ci-gît le fameux BOISROBERT ;
Ci-gît un homme Académique ;
Ci-gît un Poëte Comique;

Et, toutefois, ce Monument

N'enferme qu'un Corps feulement !

Par LORRET.

*Mort en 1692. On fait que le Cardinal

de

Richelieu paya magnifiquement, tant en Bénéfices qu'en dignités les Bons- mots, les Contes & les petites Nouvelles de cet Abbé; lequel contribua plus que perfonne à l'Etabliffement de l'Académie Française qui tint même affez long-tems fes Séance chez lui. On demandoit un jour à M. Conrart, ce qu'il penfoit de la Religion de BOISROBERT?" je le crois, répondit-il, » de l'humeur de ce bon Prélat dont parle » le Taffoni, qui au lieu de dire fon Bré» viaire, jouoit des Bénéfices au Trictrac. »

Un Laquais de Despréaux revenant de chez Boisrobert, lui apprit que fa Goutte avoit redoublé» il jure donc bien ? (dit Despréaux)» Hélas, Monfieur, ( répartit le Laquais), il n'a plus que cette confola

» tion-là ! »

Boisrobert n'eut probablement pas lieu d'être content d'avoir favorifé & preffé auprès du Cardinal de Richelieu l'Etabliffement de l'Académie Françaife. C'est du moins ce qu'on peut augurer de ce fragment d'Epître adreffée à Balzac :

Pour dire tout enfin dans cette Épître,
L'Académie eft comme un vrai Chapitre;
Chacun, à part, promet d'y faire bien,
Mais tous ensemble ils ne tiennent plus rien,
Tome II.

G

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Depuis fix ans, deffus l'F on travaille.
CRITON prétend qu'ils n'ont fait rien qui vaille ;
Et le Destin m'auroit fort obligé,

S'il m'avoit dit : Tu vivras jufqu'à G.

BILLET DE SAINT PAVIN A M. ***

Sur la Maladie de Boisrobert.

H

IER, j'allai voir notre Ami,

Que je trouvai mort à demi ̧

Des accidens dont la Goutte eft fuivie.

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DE CAMP IS TRON *

CI-Gir, à qui RACINE apprit fon Art fuprême.

Avec ce fecourable appui,

CAMPISTRON fit des Plans, fut tendre comme lui, Mais il n'écrivit pas de même,

Par M. D. L. P.

* de l'Académie Française, né à Touloufe en 1656, mort en 1723. Racine fut fon Guide dans la Carriere Dramatique,

où l'Eléve fit honneur au Maître, & l'auroit peut-être égalé s'il eût pu atteindre à ces Beautés de détail, & à cette Verfification enchantereffe, qui ont mis Racine à côté de Virgile. Mais ce grand homme en formant CAMPISTRON pour le Théâtre, n'oublia pas le foin de la Fortune de fon Disciple. Le Duc de Vendôme, à qui Racine l'avoit recommandé, auffi fatisfait de fes talens que de fon caractère, le combla de biens & d'honneur; au point que le Poëte, après la mort de fon Bienfaiteur, étant retourné dans fa Partie, y épousa la fœur de Maniban, Evêque de Mirepoix, & depuis Archevêque de Bordeaux. On prétend que c'est au retour d'un grand Dîner chez ce Prélat, que Campiftron, ayant fait appeller des Porteurs pour le ramener chez lui; après avoir éprouvé quelques contradictions de leur part à caufe de fa pefanteur, fe mit tellement en colere, qu'une attaque d'Apopléxie qui en fut la fuite, le mit quelques heures après au Tom

beau.

Le Marquis de G***, paffant par Lyon, & fe trouvant à la Comédie où l'on jouoit l'Alcibiade de Campiftron, tous les Acteurs s'efforcerent de lui plaire, fur-tout l'Acteur chargé du premier Rôle, & qui dans la Scene du quatrieme Acte avec Pal

myre,fe furpaffa tellement, que ce Seigneur, emporté par le Sentiment, & indigné de la maniere cruelle dont elle traitoit un Prince fi digne d'être aimé, fe leva brufquement de fa place, & dit tout haut au Comédien : » Parbleu! mon pauvre Prin» ce, tu me fais pitié. Donne lui feulement quatre piftoles, comme j'ai fait tantôt : tu » en viendras à bout, je te le jure! »

Campiftron étoit brave & vraîment attaché à M. de Vendôme. A la Bataille de Steinkerque où ce Prince fignaloit fon intrépidité, fuivant fa coûtume, il vit avec furprife, Campiftron à fes côtés, & lui dit: Que faites-vous ici?» Le Poëte répondit, froidement : «j'attends, Monfieur, » que vous vouliez vous en aller,

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DE SARRASIN *

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DEUX charmans & fameux Poëtes, Disciples de MAROT, DU CERCEAU **,SARRASIN, Ont éternifé les Pincettes;

Le premier, par fes Vers, le dernier, par fa fin.

Du même.

* Il étoit Secrétaire de M. le Prince de Conti, qu'il accompagnoit dans fes Voyages, & qu'il amufoit par fes Saillies & par

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