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défordres en Champagne, Henri dit aux Capitaines qui étoient encore à Paris : » Partez en diligence; donnez y ordre : » vous m'en répondrez. Vive Dieu! s'en prendre à mon peuple, c'eft s'en prendre » à moi.

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Il est a souhaiter (dit un hiftorien qui a chanté Henri) pour l'exemple des Rois & pour la Confolation des peuples, qu'on life dans la grande Hiftoire de Mézerai dans Péréfixe & dans les Mémoires de Sully, ce qui concerne les tems & les faits de ce bon Prince. Plus on connoîtra Henri, plus on l'aimera, plus on l'admirera.

Henri IV juroit Ventre-Saint-Gris. On auroit de la peine à trouver ce Saint dans nos Légendes. Un Gentilhomme de feu M. de Vendôme difoit, qu'il avoit appris de fon Maître, que les Gouverneurs de Henri IV, lorfqu'il étoit encore fort jeune, craignant qu'il ne fe laissât aller à blafphémer comme les autres, lui permirent de jurer Ventre - Saint - Gris, mot qui ne fignifie rien du tout.

Dans les deux fiécles précédens, c'étoit la mode à la Cour de jurer: M. de la Trémouille, grand Capitaine, juroit le vrai corps D...; le Chevalier Bayard, Fête D... Bayard; le Conneftable de Bourbon Sainte-Barbe;le Prince d'Orange, Saint

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Nicolas; la Roche du Maine, Tête D... toute pleine de Reliques; le Maréchal de Matignon, Col D...; Louis XI, Pâque D..; Charles VIII, Par le Jour D...; Louis XII, le Diable. m'emporte; François Premier, Foi de Gentilhomme; Charles IX blafphêmoit à tout inftant, de toutes façons & fans crainte.

Ce furent les Italiens, les plus grands Blafphêmateurs du Monde, qui introdui firent ce pernicieux ufage dans la Cour de France.

faire

Louis XIII & Louis XIV, ne jurerent jamais. Les grands Princes n'ont que de jurer, ni fe faire croire, ni pour

pour fe faire craindre.

Sur ce que le Roi Henri IV donnoit affez volontiers les Biens d'Eglife à la Nobleffe, Brantôme dit plaisamment : » Pof» fible que c'étoit par infpiration des om

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bres & âmes généreufes de nos Aïeux » qui, ayant pitié de leurs Neveux & fuccef» feurs, ont pouffé le Roi à leur faire du » bien, en récompenfe des fautes paffées, » & de ce que, jadis, ils avoient donné » trop prodigalement aux Gens d'Eglife.

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RONDE A U

Servant d'Epitaphe au Chevalier Bayard. *

Au lit d'Honneur, chéri de la Victoire,
Le grand BAYARD, de célefte mémoire,
Qui, dans tous lieux, en faits a furpaffé
Tous les Héros que nous vante l'Hiftoire,
Quittant la Terre, ainfi qu'on le peut croire,
Droit dans le Ciel, glorieux, est passé,
Au lit d'Honneur.

Que dire plus ? Quel titre méritoire
Peur ajouter un homme tranfitoire
Sur du papier, de noire encre tracé,
A celui-là qui tient l'heur embraffé,
Et fe repofe au Palais de la Gloire,
Au lit d'Honneur.

Anonyme

VERS

Ecrits fur le Tombeau du même. Toi, qui n'eus point d'égal en Vertus,en Exploits, Noble & dernier appui de la Chevalerie,

De ta Tombe, ô BAYARD! rappelle-nous fes Loix.

Que le Français, qui dort, fe réveille à ta voix;
Et rends jufqu'à ton Ombre utile à ta Patrie.
Par M. D. B***.

Ce brave Capitaine, furnommé le Chevalier fans peur & fans reproche, après avoir rendu les fervices les plus éclatans à la France, fut bleffé à mort, & mourut en Héros Chrétien, à la Retraite de Rebec, en 1554 •

Le Comte de Naffau qui affiégeoit Mézieres dont prefque toute la Garnifon Françoise avoit fauté les Murailles en voyant les Canons de l'Ennemi en Batterie, fit fommer le Chevalier Bayard, qui commandoit, de fe rendre. A quoi cer homme intrépide répondit au Trompette: je ne fortirai jamais d'une Place que mon » Roi m'a confiée, que fur un pont fait » du corps de mes Ennemis. Il fe conduifit en effet, avec tant de bravoure & tant d'a

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dreffe, qu'il les força de lever le Siége. François premier vouloit qu'on brûlât cette Ville. Bayard s'y oppofa : » Sire, ( lui dit-il) » il n'y a point de Place foible là où il y a des gens de cœur pour les dé»fendre. »

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Les Ennemis renvoyerent le Corps de Bayard en France, avec de grands honneurs. Il laiffa une fille naturelle, mere de Chaftelard, à qui Marie Stuart, Reine d'Ecoffe, fit trancher la tête pour avoir ôfé lui parler d'Amour, & qui, même sur l'Echaffaud, ne ceffa point de l'adorer.

Ce héros mouroit de fes bleffures lorfque le Connétable de Bourbon s'écria en lui offrant du fecours, » Ah! mon » pauvre Chevalier, que je te plains!.... » Vous me plaignez à tort, lui répondit » l'agonifant : je meurs pour ma patrie & » pour mon Roi, au lit d'honneur; & » vous vivez en leur faifant la guerre !... je ne changerois pas mon fort contre le » vôtre.

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