DU COMTE DE GRAMON T. * PASSANT, tu vois ici le Comte de GRAMONT. Ce Héros éternel du vieux SAINT-ÉVREMONT, Suivit CONDÉ toute fa vie, Et courut les mêmes hafards Qu'il couroit dans les Champs de Mars, Du plus vaillant il doit faire l'enyie : Faut-il du mérite en Amour ?.... Railler, fans être Médifant; Que je te peins en peu de mots. Un Comte de GRAMONT en vain est demandé; La Nature auroit trop de peine. Anonyme. * Celui dont le Comte Antoine Hamil 1 ton nous a donné les charmans Mémoi& qui mourut à Paris, en 1707, à res, 86 ans. Ce Seigneur, qui cachoit foigneusement fon on âge, étant un jour au dîné de Louis XIV, ce Monarque demanda à l'Evêque de Senlis, qui étoit auffi fort vieux, s'il ne savoit point quel âge pouvoit avoir le Comte DE GRAMONT? Sire, ( répondit l'Evêque) » j'ai quatre vingt-trois ans : le Comte en » a, dumoins, autant; car nous avons fait nos Etudes ensemble. » ور un Que dites-vous à cela, M. de Gramont? (lui dit le Roi.) « Sire, (répliqua le Comte), l'Evêque de Senlis fe trompe: ni lui, ni moi, n'avons jamais étudié. » Le Comte de Gramont trouvant jour, deux de fes Valets qui fe battoient l'épée à la main, voulut fi abfolument en favoir la caufe, que l'un des deux lui avoua qu'ils lui avoient volé cinq Louis d'Or, & que la querelle venoit de ce que fon Camarade vouloit en avoir trois : « Tenez ( ditil, en en tirant un autre de fa poche) « vous « êtes de grands Marauds, de vous égorger " ainfi pour un Louis! „ Il fut un jour fort furpris de ce qu'un Officier Gafcon lui rapportoit cent Pistoles qu'il lui avoit prêtées. Quelque tems après, le même Officier étant venu lui demander la même grace: Nenni, Monfieur ! ( lui dit le Comte) on ne me trompe pas deux fois." Le Comte de Gramont étoit malade à la mort, & fa femme très pieufe, ne le quittoit pas d'un inftant. Le Pere Bourdaloue inftruifoit le Comte, en lui disant : » Monfieur, il faut croire ceci, il faut croire cela. » Et le mourant fe retournant vers fa femme, lui demandoit: » Cela"eft-il vrai, Comteffe? Oui, oui, est Eh bien donc, (lui répondoit elle.) » (ajoutoit le malade ) » Allons donc, dépêchons nous de croire. » رو 99 DE M. HENRI CELUI qui gît fous la Tombe présente, Né galant homme, HENRI le fut toujours ; Par M. D. L. P. D'UNE FEMME Morte d'Amour pour fon Mari. PASSANT, ASSANT, arrête-ici tes pas? Autre part tu ne liras pas Une Histoire fi merveilleuse Que celle qu'à tes yeux ce Marbre peut offrir. Ci gît, de fon Époux une Femme amoureuse, Aux Dames elle a fait une leçon commune, Mais elle n'a fuivi l'exemple de pas une ; Pas une ne fuivra le fien. Anonyme. AUTRE Sur le même fujet. Icr-Gir le Corps d'une Belle, Que la Mort d'un Mari réduifit au Trépas. Ce qui doit étonner, c'eft de voir, en ce cas,) La premiere Mode nouvelle Que le Beau-Séxe n'aime pas ! DU ROI HENRI LE GRAND.* PASSANT, lis en ces deux Vers, Ce Royal Cercueil enferre Le plus grand Roi de la Terre ! Par le Sieur AYRALD. *Néen 1553, Affaffiné le 14 Mai 1610, âgé de 57 ans. Il étoit fur le point de paffer en Allemagne avec une puiffante Ar mée, lorfque le Scélérat qui lui donna la mort, l'enleva à la France & à l'Europe. Nous n'avons jamais eu de meilleur, ni de plus grand Roi. » Il fut (dit le Préfident Hénault), fon Général & fon Ministre : il unit à une extrême Franchife, la plus adroite Politique, aux Sentimens les plus élevés, une fimplicité de Mœurs charmante, & à un Courage de Soldat, un fonds d'Humanité inépuifable: » je ne puis (difoit-il, après une Victoire) » je ne puis » me réjouir de mes fuccès en voyant mes Sujets étendus morts fur le Champ de » Bataille! je perds alors, bien plus que je "ne gagne. Quelques Troupes qu'il envoyoit en Allemagne, ayant fait quelques |