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XXXI

Le Dauphin aux habitants de Lyon

10 juin 1422.

A noz tres chiers et bien amez les conseillers bourgoiz et habitans de la ville de Lion.

DE PAR LE REGENT LE ROYAUME, DAULPHIN DE VIENNOIS.

Tres chiers et bien amez, pour vous exposer et de par nous notifier aucuns advis euz et deliberez en nostre grant conseil, pour le relievement et reparacion des grans inconveniens par vous et les autres bons vassaulx et subgiez de ceste seigneurie supportez, à cause de l'afoiblissement des monnoies, et sur ce et autres choses touchans et regardans le tres grant bien de toute la chose publique, et aussi le fait et conduite de la guerre pour le temps avenir, par manière non tant grevable à un chascun comme a esté celle des dictes monnoies, avons chargié aucuns de nos plus especiaulx officiers et serviteurs estre le ° jour de juillet prochain venant en la ville de Lion, afin de vous bien à plain declarer nostre entencion sur icelles choses et y prandre final appoinctement avecques vous et autres commis et deputez pour la part des gens des trois estaz du pays de Lionnoiz. Pourquoy voulons et tres expressement vous mandons que vous ordonnez et deputez trois ou quatre des plus notables d'entre vous, qui soient à icelle assemblée fondez de par vous de povoir souffisant pour oir et consentir de vostre part tout ce qui à la dicte assemblée sera advisé et conclud. Et gardez, toutes excusacions cessans, et meismes sur la loyauté et obeissance que nous devez, que en ce n'ait par vous aucun defaut. Nostre Seigneur vous ait en sa garde.

Escript en nostre ville de Bourges, le xo jour de juin.

CHARLES.

MORCHESNE 1.

1. Original sur papier, avec sceau plaqué, recouvert de papier. Archives de Lyon, AA 20,

1. 27.

XXXII

Le Dauphin au maréchal de Séverac.

20 juin 1422.

A nostre amé et feal conseiller de Monseigneur et de nous le sire de Severac, mareschal de France.

DE PAR LE REGENT LE ROYAUME, DAULPHIN DE VIENNOYS.

Nostre amé et feal, pour ce que presentement avons receu lettres de nos gens, qui sont devant la Cherité sur Loyre, par lesquelles ils nous ont fait savoir que nos adversaires se disposent de venir à effort sur eulx dedens deux ou trois jours, nous vous prions bien acertes que, incontinent ces lettres veues, vous tirés hastivement par devers nos dictes gens, à la plus grant compagnie que pourrés. Et quant à vos gens qu'avés envoyés par devers nous pour vos affaires, nous y ferons si brief et tellement appointier que vous en devrés estre bien content. Nostre Seigneur soit garde de vous. Escript à Bourges, le vingtiesme jour de juin.

CHARLES.

FUMECHON 2.

XXXIII

Le Dauphin aux habitants de Lyon

8 août 1422.

A noz chiers et bien amez les conseilliers, bourgoiz et habitans de la ville de Lion.

DE PAR LE REGENT LE ROYAUME, DAULPHIN DE VIENNOIS.

Tres chiers et bien amez, nous avons sceu comment, aux requeste qui darrenierement vous ont esté faictes de par nous pour le soustenement de nostre guerre et autres affaires qui, pour le recouvrement et conservacion de la seigneurie de Monseigneur et nostre chascun jour nous surviennent, vous n'avez voulu ne voulez obtemperer, ainçois par l'inducion et enortement d'aucuns qui jamais

1. Copie moderne, d'après l'original aux Archives de Rodez. Collection Doat, IX, f. 264.

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n'aymèrent ne ayment noz faiz et besoingnes, et bien le demonstrent, y avez donné reffuz et denegacion, dont nous nous donnons grant merveille, et non sans cause, attendu la bonne voulenté que par effect jusques cy nous avez demonstrée et que tenons vous avoir tousjours envers nous, et que tous les autres païs que avons semblablement requis comme vous, nous ont liberalment octroyé et accordé ce qui de par nous leur a esté requis, et aussi que ne povez ignorer les grans charges que avons à supporter, et mesmement pour le fait de l'armée qui est sus de par nous es marches de Masconnois, lesquelles charges nous ne pourrions soustenir sans l'aide des bons et loiaulx subgetz de mondit seigneur et nostres. Pourquoy vueillez rejecter tous telz frustres rappors que vous pevent et pourroient estre faiz, et n'y donnez foy aucune, et es choses dessus dictes faire par maniere que de plus en plus doions estre contens de vous, sans vouloir estre singuliers ne tenir autres voyes que ne tiennent les autres païs à nous obeissans, et mesmement voz voisins, comme les pais d'Auvergne, Bourbonnois, Forests, Beaujeulois et autres, en bien pensant et considerant le dommaige et inconvenient qui, par le contraire faisant, se pourroit ensuir, au prejudice irreparable de mon dit seigneur, de nous et de nostre seigneurie, et à vostre grant charge. Et aussi vous nous trouverez en voz affaires si propices et enclins que par effect apparcevrez les services et plaisirs que nous avez faiz. Tres chiers et bien amez, Nostre Seigneur vous ait en sa saincte garde.

Escript en nostre chastel de Meun. sur Evre, le VIII jour d'aoust.

CHARLES.

VILLEBRESME 1.

1. Original sur papier, avec trace de sceau plaqué, en cire rouge. Archives de Lyon AA 22, f. 32.

NOTES SUPPLÉMENTAIRES

I

Le traité de Saint-Maur

(Chapitre IV, p. 107 et 108)

Il parait ressortir du texte du traité de Saint-Maur, malgré l'ambiguité des termes, que les ambassadeurs du Dauphin étaient tombés d'accord avec les représentants de la partie adverse sur les termes de la convention : « Et finablement sont cheux et condescendus d'un commun accord en certains points et articles. » (Ordonnances, t. X, p. 474.) — Les Registres du Parlement, à la date du 16 septembre 1418, contiennent la mention suivante: « Ce jour la Royne, les ducs de Bourgoigne, de Bretagne, d'Anjou et d'Alençon, les ambassadeurs et conseillers de monseigneur le Dauphin, et autres plusieurs du conseil du Roy, furent assemblez ou chastel du Bois de Vincennes pour conclure un traictie qui avoit esté pourparlé entre eulx par plusieurs journées... Et prindrent oudit traictié certaines conclusions et advis agreables à tous les dessusdis, lesquelles conclusions devoient estre rapportées au Roy et à monseigneur le Daulphin pour ratifier, enteriner et accomplir tout ce qui avoit esté conclud et traictié par les dessusdis seigneurs, ambassadeurs et conseillers. » (Archives X 4480, f. 147.) → Monstrelet dit aussi : « Firent un traictié avec les gens du Daulphin qui y estoient, par le moien desdiz cardinaulx, lequel sembloit estre bon et prouffitable pour toutes les parties (t. I, p. 288). » Mais le Fèvre de Saint-Remy, qui suit de si près Monstrelet, ne parle pas de la présence des ambassadeurs du Dauphin (t. 1, p. 336). Le Religieux de Saint-Denis, lui, dit formellement que les conditions, redigées à l'avance par le conseil royal, furent remises par écrit au duc de Bretagne, et il présente le traité comme un projet concerté entre les fondés de pouvoirs du Roi et de la Reine, le duc de Bourgogne et le duc de Bretagne. Les témoignages de Saint-Remy et du Religieux - tous les deux bourguignons - font déjà naître des doutes.

Si nous consultons les auteurs du parti opposé, Jouvenel nous dit : << Et y eut des articles faits et comme accordez (p. 355). » Quant à Cousinot, il est plus explicite; il dit formellement : « Sans le consentement des quelz messages, ne aucune chose appointer en leur presence, fut illec la paix

criée et à Paris (p. 174). » Et la chancellerie du Dauphin, dans des documents que l'histoire n'a point utilisés jusqu'ici, contient la même affirmation, après laquelle le doute ne nous paraît plus permis : « A laquelle convention nos diz ambaxeurs n'ont esté..... Et toutes voyes nos diz ambaxeurs n'y ont esté ouys ni appeles, comme il apert par les lettres qu'ilz nous ont escriptes sur ce. » (Lettre du Dauphin, en date du 29 septembre, adressée aux gouverneur et gens du Dauphiné, éditée par Me Dupont, dans son édition de Pierre de Fenin, p. 272-73.) · <<< Et soit avenu que, à une assemblée faicte à Saint Mor des Fossez, ceulz de Paris baillèrent une cedule en effect contraire aux articles dessus diz, laquelle fu en la dicte assemblée accordée sans y appeler ne oir nos ambaxeurs....., ainsi qu'ilz nous ont dit et rapporté. » (Lettre du Dauphin, en date du 14 octobre, adressée aux habitants de Lyon. Archives de Lyon, AA 22, fol. 25, éditée ci-dessus, p. 445. << Pour ce que nous ne savons se vous avez eu noz lettres, nous vous escripvons de rechief ces presentes, et vous certiffions que à icelle paix, que nous desirions moult, nous avions envoyé ambaxadeurs; mais, en vérité, ils n'y furent oneques oys ne appelles. » (Autre lettre du 31 octobre, aux mêmes. Id., ibid., fol. 23.)

II

Le titre de Régent

(Chapitre Iv, p. 120)

M. Vallet de Viriville pense (Histoire de Charles VII, t. I, p. 135) que Charles prit le titre de régent dès le 26 octobre 1418, et il invoque, à l'appui de son opinion, un acte de cette date, émané de Henri V, et dont voici les termes : « Cum illustris et potens princeps consanguineus noster carissimus et adversarii Franciæ Dauphinus de Vienna, regens Franciæ ut dicitur..... » (Rymer, t. IV. part. III, p. 67.) M. Pardessus prétend, au contraire (Table chronologique des Ordonnances, 1847, p. 340, note 1), que les lettres du 21 août 1419 sont le premier document dans lequel Charles Dauphin ait pris la qualité de régent; jusqu'alors, d'après ce savant, Charles aurait agi comme lieutenant général. Entre ces deux assertions, quelle est la vérité ? C'est ce qu'il faut examiner.

A la date du 30 octobre 1418, le Dauphin rend une ordonnance par`laquelle il défend d'obéir aux mandements du Roi pendant sa detention et maladie cette ordonnance, visée dans celle de Charles VI du 13 novembre 1418, et indiquée par le P. Anselme (Histoire généalogique, t. VI, p. 395), semblerait confirmer l'affirmation de M. Vallet. Mais les lettres de Charles VI du 13 novembre nous montrent que le Dauphin ne prenait point encore officiellement le titre de régent. On y lit : « Nostre dit filz, soy disant nostre lieutenant general par tout nostre royaume (Ordonnances, t. X, p. 490). » Nous ne relèverons point ici ce que disent Monstrelet (t. III, p. 278), Jouvenel des Ursins (p. 360), le Religieux de Saint-Denis (t. VI, p. 382), Berry (p. 440). — Cousinot, dans la Geste des nobles (p. 175),

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