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qui n'implique pas une séparation primitive et complète, soit des fonctions sensorielle et motrice, soit des fonctions excitatrice et inhibitoire. De même que, psychologiquement, tout état de conscience enveloppe à des degrés divers les trois fonctions essentielles de sensation, d'émotion et d'appétition, mais que les rapports mutuels des états de conscience les rendent tantôt plus passifs, tantôt plus actifs, tantôt plus excitateurs, tantôt plus dépressifs, de même, physiologiquement, il y a dans tous les mouvements cérébraux et nerveux des effets essentiellement sensoriels et moteurs, accidentellement excitateurs ou inhibiteurs.

En méconnaissant le principe fondamental des idéesforces, selon lequel toute conception d'un acte implique la représentation d'un mouvement et celle-ci un mouvement commencé, on se met dans l'impossibilité d'expliquer l'action de la volonté sur les muscles sans recourir finalement, soit à des entités, soit à des miracles. La force motrice de Biran, qui viendrait s'ajouter aux idées et à la volonté même, comme un intermédiaire entre l'acte de conscience et le mouvement musculaire, est une pure entité. Il n'y a d'autre force que celle qui est inhérente à l'appétition d'une part et au mouvement corrélatif d'autre part. Quant à la volonté inconsciente, que M. de Hartmann charge d'exécuter les décrets de la volonté consciente, elle est aussi miraculeuse que la chiquenaude divine. Quand nous voulons mouvoir notre petit doigt, dit M. de Hartmann, nous devons supposer, en sus de la volition consciente, une volonté inconsciente: la première, en effet, ne connaît pas la place du cerveau où elle peut agir, ni le moyen d'y agir pour produire le mouvement; il faut donc qu'il y ait une volition inconsciente qui agit sur le point P du cervelet où le nerf moteur prend naissance, et, pour cela, il faut encore que cette volition ait la représentation du point P. Grâce à cette volition inconsciente, aidée d'une représentation inconsciente, M. de Hartmann croit tenir la solution du problème. Ce

sont deux aveugles qui se portent secours et qui, à eux deux, trouvent moyen de se diriger, et même d'y voir avec une clarté infaillible. Cette théorie fantastique est bien inférieure à l'hypothèse de l'assistance divine: au moins le dieu de Descartes n'est pas aveugle. M. de Hartmann a beau dire qu'il n'y a point de connexions mécaniques concevables à l'aide desquelles le mouvement puisse se transmettre d'un point du cerveau à l'autre, nous ne trouvons là, une fois le premier mouvement supposé, qu'un problème de propagation mécanique. Quant à l'impulsion première, elle est donnée dans et avec la représentation même du mouvement que nous désirons effectuer, et cette représentation à son tour, ne peut être dominante sans que, préalablement, le mouvement corrélatif soit dominant. Quand nous voulons psychiquement presser le ressort intérieur, il est pressé par avance et physiquement en train de se détendre. C'est là une continuation et non une création de mouvement.

On dira peut-être que la volonté, avec la force qu'elle confère aux idées, est seulement le reflet mental du mouvement réactif accompli par l'organisme. Mais parler ainsi, c'est passer du point de vue psychologique et physiologique au point de vue philosophique et métaphysique, je veux dire au problème des rapports généraux entre le mental et le physique. Si l'on veut dire simplement que notre conscience de désirer est parallèle au mouvement réactif du cerveau, rien n'est plus certain, et nous soutenons tout le premier que le désir ou le vouloir a toujours son expression physiologique. Mais, si on ajoute que c'est le mouvement réactif du cerveau qui est la réalité dont le désir serait un simple reflet, on avance une théorie philosophique à laquelle, pour notre part, nous en opposerons une autre, à savoir que c'est le désir mental qui est la réalité dont le mouvement cérébral est la manifestation dans l'espace pour un spectateur du dehors. Au point de vue strictement physiologique, il y a un processus d'excitation centripète et de réaction centri

sensation reçue et impulsion, expérience interne de passivité et expérience interne d'activité. Donc, pour l'expérience positive, abstraction faite de toute spéculation philosophique, nous avons le droit de conclure qu'il existe un fait original appelé le vouloir, lequel est à la fois inséparable et distinct de tout fait de discernement.

1.

CHAPITRE DEUXIÈME

LE DÉVELOPPEMENT DE LA VOLONTÉ

LA VOLONTÉ PRIMORDIALE, point de départ du développement volontaire. II. DIVERSES CLASSES D'IMPULSIONS. APPÉTITS, INSTINCTS, VOLITIONS.

III. DIVERSES THEORIES DE L'ACTE VOLONTAIRE.

IV. LES MOMENTS DE LA VOLITION.

V. LA VOLITION COMME SYNTHÈSE détermimée par des LOIS.

I

LA VOLONTÉ PRIMORDIALE, POINT DE DÉPART DU Développement

VOLONTAIRE

Dans la physiologie, la théorie de l'évolution explique par le développement d'un organe rudimentaire et primitif la formation d'un organe postérieur et plus complet: de même, dans la psychologie, tous les actes réfléchis ou instinctifs, avec leur variété actuelle, doivent être les dérivés d'une seule impulsion essentielle et primitive. Transportez cette impulsion dans toutes les cellules élémentaires d'un organisme, elle sera le fond psychique de ce qui se passe chez les petits êtres vivants dont l'organisme total est composé. D'autre part, les réactions extérieures de ces cellules tombent, comme il est inévitable, sous les lois du mécanisme. Par cette combinaison d'impulsions psy

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