Imágenes de página
PDF
ePub

PRÉFACE

Ceci n'est pas un plan de réforme sociale. Je ne désire administrer, gouverner ou vexer aucune créature vivante. Il faut laisser ce plaisir à ceux qui sont en possession.

Le but que je me propose d'atteindre est à portée de la main. Il s'agit seulement de communiquer au public quelques idées que suggère le spectacle de la société présente et qui peuvent être utiles aux gouvernants et aux gouvernés. Tous ceux qui connaissent l'influence réciproque des mœurs sur les lois civiles et des lois civiles sur les mœurs, et

de ces deux choses réunies sur la politique, croiront, sans aucun doute, qu'on ne pouvait choisir un sujet plus intéressant que celui de ce livre. Si le lecteur, en fermant le volume, n'est pas convaincu de la nécessité d'abroger les lois qui retiennent les femmes sous une tutelle injurieuse; s'il ne voit pas qu'en leur accordant de nouveaux droits on leur impose de nouveaux devoirs, et qu'en les instruisant avec soin on les rattache plus fortement au foyer domestique, à la liberté, à la patrie, il ne doit accuser que l'incapacité de l'écrivain qui n'a pas su montrer la vérité. Un autre sera plus heureux.

Le public, sur la foi de ce titre si grave: le Droit des Femmes, pourrait croire que le livre ne s'adresse qu'aux gens de loi. Qu'il se rassure. C'est à lui surtout qu'on a voulu parler. Je n'ai pas cité les textes ni hérissé mes arguments de mots allemands ou de formules abstraites qui cachent le vide des idées; mais après de longues réflexions, con

vaincu que l'infériorité sociale des femmes est l'une des causes permanentes de nos révolutions, je propose de couper le mal à la racine. Réformez la loi civile, traitez la femme en égale de l'homme; elle a des devoirs égaux, donnez-lui des droits égaux : du même coup vous aurez épuré les mœurs, fondé la liberté, relevé la France.

ALFRED ASSOLLANT.

« AnteriorContinuar »