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féré de grands talents, beaucoup d'esprit, un jugement exquis, une fidèle mémoire, une plume solide, éloquente et infatigable, un grand savoir, un grand zèle pour la vérité. »

Son disciple, son ami, son héritier et son continuateur fut Théodore de Bèze, Français comme lui, et comme la grande majorité des protestants qui organisèrent à cette époque la religion genevoise et la République de Genève. Il fut plus polémiste et historien que philosophe, mais il ne peut guère être séparé de son maître dans cet ouvrage. Il était né à Vézelay en Bourgogne, en 1519, et avait donc dix ans seulement de moins que Calvin; mais Calvin était venu tout de suite à la Réforme, et de Bèze s'y rangea assez tard. « Libertin » longtemps, homme de plaisir peutêtre, écrivant de petits vers galants dont il devait se repentir vivement plus tard, il se tourna vers les choses religieuses et vers la Réforme à la suite d'une grave maladie, en 1548, alla trouver Calvin à Genève, fut professeur de littérature grecque à Lausanne, se mêla, de làbas, et aux affaires de Genève et aux polémiques religieuses de France, fut désigné comme successeur de Calvin avant la mort de celui-ci, en 1563, et « régna » de 1564 à 1605.

En dehors de son Abraham sacrifiant qui est une tragédie sacrée, de ses Juvenilia qui sont des poésies de jeunesse comme leur titre l'indique, et de ses pamphlets contre des ennemis politiques et religieux, il a écrit un très beau Discours contenant en bref l'histoire de la vie et de la mort de maître Jean Calvin et une Histoire ecclésiastique des Églises réformées au royaume de France. Il fut de plus un très grand sermonnaire, et ses adversaires. redoutaient son éloquence autant que l'aimaient ses par

tisans. Ce sont les deux gloires de l'orateur, dont il pré

fère encore la première.

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THÉODORE DE BEZE
D'après Crispin de Passe.
Il avait, avant la période toute religieuse de sa vie,

contribué beaucoup à la renaissance des lettres françaises, et Pasquier le cite, avec Scève et Pelletier du Mans, parmi ces « avant-coureurs de Ronsard, avant-garde de cette guerre que l'on entreprit contre l'ignorance ». — Comme si Marot était un ignorant! Mais la nouvelle génération tient toujours pour barbare celle qui la précède.

CHAPITRE IV

MORALISTES.

Ceux-ci furent plus nombreux encore qui, au XVIe siècle, sans traiter proprement de matières philosophiques, se donnèrent à l'étude de l'homme et prirent mission de lui tracer ses règles de conduite. Le goût du XVI° siècle pour les moralistes est même si grand que tout ce qui est sentence ou maxime dans les écrits, principalement en vers, est très souvent placé entre guillemets et comme mis en vedette par ce moyen. Les moralistes du XVIe siècle sont généralement les hommes qui, profondément attristés des querelles religieuses de leur temps, ont cherché, dans les ouvrages de pure et simple sagesse humaine, à faire diversion à ces différends et à ramener les peuples à une sorte de moyenne et d'équilibre entre les extrêmes. Il y en eut de très grands; il y en eut de distingués. Voici ceux dont la postérité doit se souvenir.

Guillaume du Vair, conseiller au parlement de Paris, premier président du parlement de Provence, garde des sceaux, évêque de Lisieux pour finir, fut un très honnête homme et très vertueux, et un sage et un écrivain excellent. Il s'est montré souvent pénétrant dans sa Sainte

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TOMBEAU

DE

GUILLAUME DU

VAIR

D'après un dessin au lavis du XVIIe siècle.

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