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F15 h

V. I

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La littérature française ne commence évidemment qu'au moment où la race française, après avoir longtemps parlé le celtique, et assez longtemps parlé le latin, a recommencé à parler une langue, ou plusieurs langues, qui se distinguaient des idiomes usités en Allemagne, en Angleterre, en Italie et en Espagne et qui tendaient à devenir la langue française; — et, ce moment, ce n'est guère avant le IX siècle qu'on peut le fixer. Toutefois, il convient de remonter plus haut et de voir, à partir de l'invasion des Barbares, comment, peu à peu, la langue parlée en Gaule s'est démêlée du latin et s'est acheminée à de

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venir une langue nationale; et c'est ce que nous appelons les origines de la littérature française.

En 400, les Gaulois, même dans les campagnes, ne parlaient que latin. Il faut n'en excepter que les Armoricains (Bretons) et quelques cantons pyrénéens. La Gaule, à ce point de vue comme à d'autres, avait été complètement romanisée. De grandes universités, toutes latines, à Lyon, à Bordeaux, à Autun, à Reims, avaient enseigné le latin et la littérature latine à toute la population. De très grands littérateurs latins des quatre premiers siècles après Jésus-Christ sont des Gaulois : Domitius Afer, maître de Quintilien, était de Nîmes; le Marcus Aper du Dialogue des orateurs était Gaulois; Favorinus, maître d'Aulu-Gelle, était d'Arles; Ausone était de Bordeaux; Numantianus était Gaulois; saint Paulin de Nole était de Bordeaux; Sulpice-Sévère était d'Aquitaine; saint Hilaire était de Poitiers; saint Prosper était d'Aquitaine; Sidoine Apollinaire était de Lyon; ce dernier prêchait en latin à Bourges. Saint Avit, prêchant à Lyon, s'excusait d'une faute de quantité qui lui échappait.

Ainsi s'était formée cette langue qu'on a appelé le << bas latin qui n'était pas un latin corrompu, mais un latin mêlé de la langue classique que nous connaissons et de la langue, latine aussi, que parlaient les soldats, les vétérans et les ouvriers romains; à quoi, en Gaule, s'ajoutaient quelques mots celtiques, débris de l'ancien idiome national.

Cette langue ne fut pas détruite et à peine fut-elle altérée par les invasions germaniques. Les Francs se montrèrent en général tout à fait pénétrables à la langue latine. Les « Francs-Teutons >> vers le nord y furent assez rebelles; mais les « Francs-Neustriens », beaucoup

plus nombreux, s'y plièrent très vite. L'élément germanique n'a laissé dans notre langue qu'environ sept cent cinquante mots, auxquels il faut en ajouter cent cinquante apportés plus tard par les Normands.

Le bas latin ne fut pas détruit; il se détruisit lentement de lui-même parce que la civilisation dont il était l'expression se retirait de nous, et du reste de partout. Au VI° siècle, saint Grégoire de Tours et, déjà au vo, Mamert Claudien déplorent la décadence de la belle latinité. Mais, à la fin du vi° siècle, Grégoire le Grand se fait presque gloire de ne plus parler un latin pur et refuse de se soumettre à l'autorité philologique du grammairien · Donat. Dès le commencement du VII° siècle, les derniers « rhéteurs » (professeurs de langue et de littérature latine) ne sont plus que des maîtres d'école (præceptores), et la vraie latinité s'est réfugiée dans les monastères; mais les monastères sont tout le contraire des universités; ce sont des universités fermées, qui conservent, mais qui ne répandent rien.

Aussi, au « bas latin » se substitua bientôt ce qu'on appelait le «< roman ». Le roman, lui, était un latin corrompu et devenu une langue nouvelle qui avait ses règles, ses tours, sa syntaxe propres, comme le teuton, de l'autre côté des Vosges, avait les siens. On disait, au VIII° siècle, d'un polyglotte du temps qu'il parlait également bien trois langues : « romana », c'était le roman; « latina », c'était le bas latin; « teutonica », c'était le vieil allemand; preuve qu'on distinguait aussi bien le roman du bas latin que du

teuton.

Les plus anciens monuments de cette langue romane sont le Glossaire de l'abbaye de Reichenau, le Serment de Louis le Germanique à Strasbourg en 842, la Cantilène de sainte

Prodo amur & props an poblo & nro comer
falaameno dit di enauane, inquanodr
faur & podir medunav filluaraico
cft meon fradie Karlo- & inad udha-
un cad hund cofa fiai om pdrew fon
fradra faluar dift. ne quid ilmuahre
fi faze. Etabludher nul plaid aqua
prindrai quimeon uol cift/meonfiadre
Karle in damnofio. Quod cu lodhuuse

explore. karolur coudica lingua fiec

ende uerba wftaufeft.

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SERMENTS DE STRASBOURG

D'après le manuscrit unique du xe siècle.

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