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dans la science du Droit constitutionnel ou organique, complément nécessaire de la première partie du Droit, si l'on eût commencé, comme nous l'avons dit ailleurs, par se fixer sur la valeur et le sens naturel des expressions dont cette seconde partie de la science nécessite l'usage. « Que les hommes, ainsi que le dit Hume, conviennent de la signification des mots, ils apercevront bientôt les mêmes vérités; ils adopteront tous les mêmes opinions. - « Les mots une fois définis, dit Helvétius, une question est résolue presque aussitôt que proposée : preuve qué tous les esprits sont justes, que tous aperçoivent les mêmes rapports entre les objets; preuve qu'en morale, physique et métaphysique, la diversité des opinions est uniquement l'effet de la signification incertaine des mots, de l'abus qu'on en fait, et peutêtre de l'imperfection des langues » (a).

(a) De l'homme, de ses facultés intellectuelles et de son éducation, tom. 1, pag. 220.

— « Si, comme l'expérience le prouve, dit encore le

Mais pour cela, il fallait, ici sur-tout, remonter jusqu'à la nature même des

même auteur, chaque homme aperçoit les mêmes rapports entre les mêmes objets; si chacun d'eux convient de la vérité des propositions mathématiques; si, d'ailleurs, nulle différence dans la nuance de leurs sensations ne change leur manière de voir; si, pour en donner un exemple sensible, au moment où le soleil s'élève du sein des mers, tous les habitans des mêmes côtes " frappés au même instant de l'éclat de ses rayons, le reconnaissent également pour l'astre le plus brillant de la nature, il faut avouer que tous les hommes portent ou peuvent porter les mêmes jugemens sur les mêmes objets....

« Mais les hommes sont-ils d'avis différens sur la même question? Cette différence est toujours l'effet, ou de ce qu'ils ne s'entendent pas, ou de ce qu'ils n'ont pas les mêmes objets présens à leurs yeux et à leur souvenir, ou enfin de ce qu'indifférens à la question même, ils mettent peu d'intérêt à son examen et peu d'importance à leur jugement. » ( Ibid., chap. xv, intitulé de l'Esprit.)

Le sujet que nous traitons dans cette seconde partie de la SCIENCE DU PUBLICISTE est d'un intérêt si général, si grand et si bien senti présentement, que nous ne devons pas, ce semble, avoir à redouter, de la part de la saine partie du public, ce dernier obstacle, l'indifférence sur la question à résoudre.

<< Nostre parler a ses foiblesses, et ses défaults, comme tout le reste : la plus part des occasions des troubles du monde sont grammairiens; nos procès ne naissent

choses, et par une opération en quelque sorte semblable à celle du chimiste, décomposer, analyser ce corps tout à-lafois moral et matériel auquel toute société

que du débat de l'interprétation des loix; et la plus part des guerres, de cette impuissance de n'avoir sceu clairement exprimer les conventions et traictés d'accord des princes: combien de querelles et combien importantes a produict au monde le doubte du sens de cette syllabe, hoc?» (MONTAIGNE, édit. stéréot., tom. 11, liv. 11, chap. x11, pag. 265.)

Le sort d'un empire peut quelquefois dépendre de la construction d'une phrase, ou d'une faute de ponctuation.

Lorsque Crésus consulta l'oracle, sur la guerre contre les Perses, on lui répondit:

Cræsus Halym penetrans magnam subvertet opum vim. Si la Pythie se fût exprimée sans ambiguité, le prince n'eût pas perdu sa couronne et ruiné ses Etats.

Pyrrhus n'eût pas été vaincu par les Romains, et chassé d'Italie, si l'interprète des dieux ne se fût pas permis une amphibologie dans cette phrase:

Aiv te, OEacida, Romanos vincere posse.

On a vu plusieurs fois une phrase mal construite, une virgule mal placée dans les traités de souverain à souverain, occasionner des guerres terribles.

De nos jours, on a jeté de grandes lumières sur les vers d'Horace, en les éclaircissant par les simples règles de la ponctuation.

Liv. I, Ch. II.
Titre I.

doit son existence et sa conservation,
s'appliquer à examiner, soit isolément,
soit dans leur ensemble, les élémens con-
stitutifs et nécessaires qui doivent entrer
dans l'organisation de tout Gouverne-
ment: c'est ce que les anciens publicistes
n'avaient pas fait, ou n'avaient encore fait
que très - imparfaitement; nous avons au
contraire dirigé toute notre attention vers
ce but, tant dans le premier chapitre,

que
dans celui-ci que nous commencerons
par la recherche préliminaire des véri-
tables caractères distinctifs des Gouver-
nemens simples, et de ceux des Gouver-
nemens mixtes ou composés.

Ce second chapitre sera ensuite divisé en deux titres : le premier, des Gouvernemens simples; le second, des Gouver nemens mixtes.

Après avoir dénommé et défini les Gouvernemens Gouvernemens simples, et remarqué que, dans tous ces Gouvernemens où les trois

simples.

puissances constitutives sont réunies dans

les mêmes mains, il y a véritablement
despotisme, et qu'il faut conséquemment,
sous ce premier point de vue général,
en attendre, comme il en est toujours
résulté jusqu'ici, les plus graves inconvé-
niens pour
la société toute entière et pour
ceux mêmes qui la gouvernent, sur-tout
chez les nations dont le territoire et la
population se sont fort étendus, nous
nous appliquerons à considérer parti-
culièrement chacun de ces Gouverne-
mens simples sous les principaux points
de vue qu'il importe de saisir, pour par-
venir à bien apprécier les dangers et les
avantages inhérens à leur propre nature.

Pour y parvenir, nous diviserons le premier titre en premier, second et troisième paragraphes, ou premier, second

et troisième aperçus.

Tit. I, S 1. Prem.

§er. Par le premier de ces aperçus, nous Liv. I, Ch. II. reconnaîtrons facilement, 1o que le Gou-Gouvern vernement démocratique dans son premier aristocratique.

dégré de simplicité ne saurait exister, et qu'il dégénèrerait bientôt en anarchie s'il

démocratique. 2° Gouvern.

3° Gouvern.

oligarchique.

4° Gouvern. absolu d'un

seul, spéciale.

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