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Racine; les préfaces & les notes qui accompagnent toutes les oeuvres diverfes.

Les notes que j'ai faites fur le théâtre de ce poëte, s'étendent à toutes les recherches hiftoriques que chaque fujet pouvoit comporter. Elles comprennent auffi les imitations de Racine, les réflexions auxquelles cette découverte a pu donner lieu, la traduction de tous les morceaux que ce poëte avoit empruntés des auteurs anciens. Ce travail ne fera peut-être pas le plus agréable ni le plus parfait de cette édition; c'est au moins celui qui exigeoit le plus de peine, d'affiduité, de foins & de conftance. Racine fçavoit Homere, Eschyle, Euripide & Sophocle par coeur; il en étoit fi rempli, que leurs idees fublimes fe fondoient comme naturellement avec les fiennes.

Deux perfonnes, déjà connues dans la république des lettres par les efforts qu'elles ont faits pour s'y diftinguer, m'ont fourni quelques obfervations fur toutes les pieces de Racine. C'étoient d'une part, des préfaces & des examens à peu près femblables aux préfaces des éditeurs & aux examens généraux qui

précedent ou fuivent dans cette édition chaque tragédie; c'étoient, de l'autre part, des remarques faites dans le genre de celles de Louis Racine. J'ai beaucoup profité des premieres dans les huit premieres pieces de Racine, & je n'ai fait aucun usage des autres.

L'une & l'autre avoient fait auffi des notes fur toutes les pieces de cet illuftre poëte. Les unes roulent toutes fur la tex ture différente des pieces, fur leur conformité avec les regles de l'art, fur la marche de l'action, fur la conduite des perfonnages, & fur l'oppofition différente des caracteres. Il n'y avoit dans celles-ci que peu ou point d'obfervations fur la langue, nulle connoiffance du théâtre des anciens, aucune imitation, mais des morceaux copiés mot à mot d'après le pere Brumoy. Je les ai rejettés, parce qu'ils me devenoient inutiles après la recherche que j'en avois faite. J'ai choisi au contraire dans les notes tout ce qui m'a paru digne d'être confervé.

Je n'ai pas tiré autant de parti des autres remarques qu'on m'a fournies parce qu'elles ne m'ont offert qu'un trèspetit nombre d'obfervations fur l'art

théâtral. L'auteur de qui je les tiens à lu les poëtes grecs; mais ce qu'il en a extrait ne peut guere être regardé que comme une indication vague des maté riaux qu'on pouvoit mettre en œuvre, & non point comme des morceaux prêts à être employés.

Je n'ai rien trouvé qui fût digne d'être mis fous les yeux du public, dans une préface générale, une vie de Racine, & des réflexions générales fur les pieces & le génie de cet auteur, que l'on m'à présentées comme l'ouvrage le plus propre à immortalifer cette édition. Chaque homme a fa maniere de voir & de fentir ce qui eft bon ou mauvais; il est trèsnaturel qu'il y en ait quelques-uns qui fe trompent, & qu'il y en ait d'autres qui s'apperçoivent de leurs erreurs.

L'invitation que j'avois faite aux gens de lettres de me communiquer leurs réflexions fur le théâtre de Racine, m'a procuré la connoiffance de deux jeunes profeffeurs au collège de Dijon, qui ont concouru plufieurs fois aux prix de l'académie françoife. Les notes qu'ils m'ont envoyées fur les dix dernieres pieces de ce poëte, ne font pas en grand

nombre; mais elles font remplies de jufteffe, & écrites dans un ftyle vif & ferré. Je publie avec d'autant plus de plaifir les obligations que je feur ai, que je ne puis louer, comme e le fouhaiteròis, leurs talents & la maniere noble & défintéreffée dont ils m'ont adreffé le fruit de leurs travaux.

Je ne donnerai point ici la lifte de toutes les éditions qu'on a faites du théâtre & des œuvres de Racine. Les libraires de Hollande ont été les premiers qui ont recueilli fes tragédies. Dès 1678 on en publia une édition à Amfterdam. Cet exemple détermina Thierry, en 1684, à folliciter un privilége pour réimprimer en France toutes ces pieces, qui n'avoient été imprimées que féparément. Cette édition ne parut qu'en 1687 à Paris; elle a fervi de modele à toutes celles qui l'ont fuivie.

Quoiqu'on ne faffe point aux poëtes l'honneur de rechercher leurs premieres idées, comme on recherche les premiers coups de crayon d'un peintre, j'ai cru qu'on verroit avec plaifir les vers que Racine avoit changés ou retranchés. Čes variantes font en très-grand nombre dans

fes premieres pieces: c'est qu'il n'étoit pas encore fûr de fon génie & de fon ftyle. Je les ai toutes recueillies dans les éditions faites du temps de cet auteur célebre. Je les ai mifes en notes, parce que j'aurois regardé comme une infidélité de les rétablir dans le texte. On doit publier les ouvrages d'un poëte tel qu'il les avoue. Ce fera fur la derniere édition des œuvres de M. de Voltaire, que les commentateurs du théâtre de ce grand homme publieront un jour fes chef-d'oeuvres; on leur fçauroit mauvais gré de ne mettre qu'en note les changements qu'il y a faits.

Racine avoit mis, à la tête de quelques-unes de fes tragédies, des préfaces que des confidérations particulieres lui ont fait fupprimer depuis. Elles précedent, dans cette édition, celles que ce poëte leur a fubftituées. J'ai cru que le public fe feroit plaint avec raison qu'on ne lui eût pas remis fous les yeux des pieces précieuses à tous égards. Les cirçonftances ayant changé, j'ai pensé qu'il n'y avoit aucune raifon de les fuppri

mer.

La jaloufie, qui cherche à fe confoler

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