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LE BOUDDHA

ET SA RELIGION

TROISIÈME PARTIE

LE BOUDDHISME ACTUEL DE CEYLAN

LE BOUDDHA

ET SA RELIGION

TROISIÈME PARTIE

LE BOUDDHISME ACTUEL DE CEYLAN

CHAPITRE PREMIER

e vicomte Torrington, gouverneur de Ceylan, et les prêtrés bouddhistes en 1848.-Sources de l'histoire de Ceylan; Mémoire d'Eugène Burnouf sur les noms anciens de l'île; le Râmâyana; témoignages grecs et romains sur la Taprobane; voyage de Fa-Hien à Ceylan'; traditions recueillies par HiouenThsang; annales singhalaises; Mahâvamça de M. G. Turnour; entreprise de sir Alexander Johnston en 1826; fraude des prêtres singhalais; publication de M. Ed. Upham. Recueil des écritures bouddhiques en Pâli conservé à Ceylan. Conversion de Ceylan au Bouddhisme; analyse du Mahâvamça; voyage supposé du Bouddha à Ceylan ; les trois Conciles; relations de Dharmaçôka, roi de l'Inde, avec Dévânampîyatissa, roi de Ccylan; ambassades mutuelles ; Mahinda, apôtre du Bouddhisme avec sa sœur, à Ceylan; la branche de l'arbre Bodhi; quelques événements importants de l'histoire de Ceylan; la dent du Bouddha; traductions diverses des livres canoniques et de leurs commentaires par Bouddhagosha, au cinquième siècle de notre ère.

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Lorsqu'en 1848, le vicomte Torrington, gouverneur de Ceylan, établit un impôt sur les routes, les prêtres boud

dhistes réclamèrent, et demandèrent à être exemptés de la taxe. Par cette loi du vicomte Torrington, assez res.emblante à celle qui, chez nous, régit les prestations en nature, tout habitant, sans aucune exception, était tenu ou de donner personnellement six journées de travail aux grandes routes, ou de remplacer le travail qu'il ne voulait point faire par le payement d'une certaine somme d'argent. Les prêtres bouddhistes adressèrent au gouverneur une pétition, humble et fière tout ensemble, où ils déclaraient qu'il leur était impossible de se soumettre à la mesure qu'on voulait leur imposer comme au reste des habitants de l'île; et les motifs sur lesquels ils s'appuyaient étaient très-puissants.

Ils représentaient que, pendant quatre mois de l'année, leur subsistance dépendait absolument des aumônes de la population, dont ils recevaient chaque jour leur nourriture, sans même qu'il leur fût permis de la demander; que, dans les huit autres mois, où leur subsistance n'était pas moins précaire, ils étaient constamment en voyage; qu'ils ne pouvaient ni travailler ni même se découvrir un instant de leurs vêtements sans être déchus de leur titre et cesser d'être prêtres; qu'ainsi ils ne pouvaient contribuer de leur personne à la construction des chemins; que d'ailleurs, jeûnant régulièrement dix-huit heures sur les vingt-quatre et ne mangeant jamais qu'entre six heures du matin et midi, ils étaient hors d'état de travailler de corps sans tomber malades; d'un autre côté, qu'ils ne pouvaient pas davantage remplacer un labeur impossible pour eux par une compensation pécuniaire; qu'ils ne devaient posséder, selon leur règle, ni monnaie ni propriété sous quelque forme que ce fût, et qu'ils ne

pouvaient pas plus exiger de l'argent des fidèles qu'en exiger du bon.

Ils ajoutaient que, depuis l'établissement du Bouddhisme dans l'île de Ceylan, 316 ans avant l'ère chré tienne, jamais on ne les avait obligés ni à un travail ni à une taxe quelconque; que la convention de 1815, par laquelle les habitants de Ceylan s'étaient donnés librementà la couronne d'Angleterre, stipulait, entre autres garanties, le maintien de la religion bouddhique dans toute son indépendance; enfin, que si on les contraignait à travailler, c'était leur faire perdre toutes leurs espérances dans un monde à venir, pour avoir violé leurs devoirs les plus saints dans celui-ci. En conséquence, ils demandaient que la taxe, dans l'une ou l'autre de ses alternatives, ne leur fût pas applicable.

Le gouverneur entendit ces justes réclamations, et il y fit droit. Mais ce ne fut pas sans peine. A la réclamation des prêtres bouddhistes en avaient succédé d'autres. L'évêque anglican de Colombo protesta et prétendit que ce serait donner au paganisme bouddhique un immense avantage sur le christianisme que d'accéder à cette requête. Si l'on exemptait les prêtres bouddhistes, pourquoi ne pas exempter au même titre les prêtres de toutes les autres religions? Le fanatisme singhalais manquerait-il d'abuser de cette préférence ? Et ne devait-on pas crain

dre

que ce ne fût un nouvel obstacle aux progrès du christianisme parmi les indigènes? D'autre part, l'administration fiscale réclamait comme le clergé, et tout en reconnaissant que les prêtres bouddhistes ne pouvaient être soumis ni à la prestation personnelle ni à la taxe en argent, elle suggérait un expédient assez ingénieux : elle

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