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LE BOUDDHA

ET SA RELIGION

PREMIÈRE PARTIE

ORIGINES DU BOUDDHISME

CHAPITRE PREMIER

Naissance du Bouddha à Kapilavastou; son éducation; choix de sa femme Gopâ. Méditations du Bouddha; sa vocation encouragée par les dieux; les Quatre rencontres; résolutions du jeune prince; résistance de son père et de sa famille; il s'enfuit de Kapilavastou. Ses études à Vaiçâlî, à Râdjagriha; ses cinq compagnons; il quitte le monde. Sa retraite à Ourouvilva pendant six années; ses austérités; ses extases; avénement du Bouddha parfaitement accompli; Bodhimanda et Bodhidrouma ; Vadjrâsanam. – Le Bouddha sort de sa retraite; il fait pour la première fois tourner la roue de la Loi à Bénarès; ses prédications; son séjour dans le Magadha et dans le Koçala; Bimbisâra, Adjâtaçatrou, Prasénadjit, Anâthapindika. Le Bouddha revoit son père; ses luttes contre les Brahmanes; ses triomphes; enthousiasme populaire. Mort du Bouddha à l'âge de quatre-vingts ans, à Kouçinagara.

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Ce fut vers la fin du septième siècle avant notre ère que naquit le Bouddha, dans la ville de Kapilavastou, capitale d'un royaume de ce nom dans l'Inde centrale au pied des

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montagnes du Népâl, et au nord de l'Oude actuel'. Son père Couddhodana, de la famille des Câkyas, et issu de la grande race solaire des Gôtamides, était roi de la contrée. Sa mère, Mâyà Dévî, était fille du roi Souprabouddha, et sa beauté était tellement extraordinaire, qu'on lui avait donné ce surnom de Mâyâ ou l'Illusion, parce que son corps, ainsi que le dit le Lalitavistara, semblait être le produit d'une illusion ravissante. Les vertus et les talents de Mâyâ Dévi surpassaient encore sa beauté, et elle réunissait les qualités les plus rares et les plus hautes de l'intelligence et de la piété. Couddhodana était digne d'une telle compagne, et « roi de la Loi, il commandait « selon la Loi. Dans le pays des Çâkyas, pas un prince « n'était honoré et respecté autant que lui de toutes les « classes de ses sujets, depuis ses conseillers et les gens <«< de sa cour jusqu'aux chefs de maison et aux mar<<< chands. >>

Telle était la noble famille dans laquelle devait naître le Libérateur. Il appartenait donc à la caste des Kshattriyas ou des guerriers, et lorsque plus tard il embrassa la vie religieuse, on le nomma, pour rappeler son illustre origine, Çakyamouni, c'est-à-dire le solitaire (le moine, póvog) des Çâkyas, ou bien encore Cramana Gaoutama, l'ascète

A la fin du quatrième siècle de notre ère, Fa-Hien, le pèlerin chinois, visita Kapilavastou, qu'il trouva en ruinc. Voir le Foe-Koué-Ki d'Abel Rémusat, page 198. Hiouen-Thsang visita aussi ces ruines deux siècles plus tard vers l'an 632 de notre ère. Elles étaient considérables; et l'enceinte du paJais et des jardins du roi, encore très-visible, avait près d'une lieue de tour. Voir l'Histoire de la vie et des voyages de Hiouen-Thsang, par M. Stanislas Julien, page 126, et aussi les Mémoires de Hiouen-Thsang, par le même, tome I, page 309. Parmi ces ruines, on montra à Iliouen-Thsang les traces de la chambre à coucher de la mère du Bouddha et du cabinet d'études du jeune prince.

des Gôtamides. Son nom personnel, choisi par son père, était Siddhârtha on Sarvârthasiddha, et il conserva ce nom tout le temps qu'il résida près de sa famille à Kapilavastou comme prince royal (Koumàrarâdja). Plus tard, il devait l'échanger pour de plus glorieux.

La reine sa mère, qui s'était retirée vers l'époque de l'accouchement dans un jardin de plaisance appelé le jardin de Loumbinî', du nom de sa grand' mère, fut surprise par les douleurs de l'enfantement sous un arbre (plaksha), et elle donna naissance à Siddhartha le 3 du mois Outtâraçâdha, ou, suivant un autre calcul, le quinzième jour du mois Vaiçâkha. Mais, affaiblie sans doute par les austérités pieuses auxquelles elle s'était livrée durant sa grossesse, peut-être aussi inquiète des prédictions que les Brahmanes lui avaient faites sur le fils qui devait sortir d'elle, Mâyâ Dévî mourut sept jours après, « afin qu'elle « n'eût pas ensuite, dit la légende, le cœur brisé de voir << son fils la quitter pour aller errer en religieux et en « mendiant. » L'orphelin fut confié aux soins de sa tante maternelle Pradjâpati Gaoutamî, qui était aussi une des femmes de son père, et qui devait être plus tard, au temps de la prédication du Bouddha, une de ses adhérentes les plus dévouées.

L'enfant était aussi beau que l'avait été sa mère, et le Brahmane Asita, chargé de le présenter au temple des dieux, suivant l'antique usage, prétendait reconnaître sur lui les trente-deux signes principaux et les quatrevingts marques secondaires qui caractérisent le grand

1 Le parc de Loumbinî était à sept ou huit lieues au nord-est de Kapilavaston, Iliouen-Thsang le visita dévotement. Voir ses Mémoires, tome 1, page 322.

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