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nécessairement dans la seconde classe la plupart des objets déjà traités dans la première, et condamnoit par conséquent le lecteur à des répétitions non moins inutiles que fastidieuses. C'est donc avec raison que M. Richerand s'élève contre une méthode aussi défectueuse, et il n'a point de peine à démontrer la nécessité de lui en substituer une meilleure, qui soit conforme aux règles de l'analyse, et dans laquelle toutes les maladies se trouvent rangées suivant l'ordre de leurs analogies réciproques. La question est de savoir si la nouvelle classification qu'il propose, réunit ces conditions. M. Richerand et ses amis le prétendent ; nous allons voir jusqu'à quel point cette prétention est fondée.

Suivant lui, toutes les maladies chirurgicales doivent se diviser en huit classes. Une première classe renferme celles qui peuvent affecter tous les systêmes organiqués, c'est-à-dire, toutes les parties du corps; dans les sept autres, sont réparties les maladies qui affectent spécialement certaines parties ou certaines organes. Ainsi la seconde classe comprend les affections de l'appareil sensitif; la troisième, celles de l'appareil locomoteur; la quatrième, celles de l'appareil digestif; la cinquième, celles de l'appareil circulatoire; la sixième, celles de l'appareil respiratoire; la septième, celles du tissu cellulaire; et la huitième enfin, celles de l'appareil reproducteur.

Observons en premier lieu que dans cette division, comme dans l'ancienne, c'est la considération du siége des maladies qui sert de base à leur distribution; base essentiellement vicieuse, puisqu'elle a pour effet nécessaire de réunir des objets disparates, et de séparer des objets analogues. Je conviens cependant que M. Richerand a singulière

ment perfectionné l'ancienne méthode, en ne sui➡ vant plus, comme les auteurs, qui l'ont précédé, l'ordre de position des parties, c'est à-dire, en ne commençant pas par la tête pour descendre ensuite successivement à la poitrine, à l'abomen, et aux membres; mais en classant les différens or ganes du corps suivant: la nature des fonctions auxquelles ils appartiennent. C'est-là une véritable amélioration, et j'aime à en faire ici l'aveu. Mais ce nouveau plan, quelque préférable qu'il soit à l'ancien, n'en conserve pas moins une grande partie de ses inconvéniens. En effet, quoique les or ganes qui composent un appareil aient tous pour but commun l'accomplissement d'une même fonction, il n'en est pas moins vrai que ces organes, formés de tissus divers et exécutant des actions diverses, peuvent également étre attaqués d'un grand nombre d'affections différentes par leur nature ou même opposées entre elles ; telles que des plaies, des inflammations, des ulcères, des fractures, etc.; affections qui se trouvent néanmoins rapprochées dans une même classe et rángées sous un même titre. D'un autre côté, en traçant d'abord le tableau des maladies communes à tout le corps et en parcourant ensuite les divers appareils organiques pour y observer les maladies dont ils sont sus ceptibles, on s'expose inévitablement à des répéti tions nombreuses, ainsi que je l'ai déjà remarqué et c'est aussi ce qui est arrivé à M. Richerand. Ja ne m'arrêterai point à lui prouver les vices d'un pareil plan; je lui opposerai seulement la phrase suivante, qu'à coup sûr il ne désavouera pas puisqu'elle est tirée littéralement de esine livre: « On pourroit, dit-il, comparer desqaulen's qui » tombent dans ce défaut à dés géographdé qui, sẹ

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» proposant de lever la carte d'un pays, ne se >> contenteroient pas d'y inscrire une seule fois les >> villes, les montagnes et les objets les plus frap>> pans, mais les y rapporteroient autant de fois » qu'il y auroit de points de vue d'où ils pourroient » les apercevoir. » Pourquoi M. Richerand ne s'estil pas dit cela à lui-même ?

Observons en second lieu qu'il ne lui a pas même été possible de suivre en tout l'ordre qu'il avoit adopté, et que dans plusieurs circonstances l'indocile nature des choses l'a forcé de s'en écarter; preuve évidente qu'il n'est point fondé sur cette nature de choses, mais bien plutôt sur des rapprochemens arbitraires. C'est ainsi qu'il a détaché des lésions du système osseux (auxquelles elles appartenoient naturellement) et les fractures du crâne et celles de la machoire inférieure, pour reporter les unes dans les lésions du centre sensisif, et les autres dans les lésions de l'appareil masticatoire. C'est ainsi que pour ne point séparer les ulcères teigneux et les ulcères psoriques des autres espèces d'ulcères, il les place les uns et les autres parmi les affections communes à tous les systèmes organiques, quoique les premiers ne soient propres qu'au cuir chevelu, et les seconds, qu'à quelques parties de l'organe cutané. Enfin, c'est ainsi qu'après avoir annoncé que la distinction des appareils organiques étoit l'unique base de sa classification, il a composé sa septième classe des maladies du tissu cellulaire, tissu qui forme bien un des principaux systêmes de l'économie, mais qui n'exécutaut à lui seul aucune fonction, ne peut être mis au nombre des appareils organiques. Il ne seroit pas difficile de prouver que ces aberrations dans lesquelles M. Richerand s'est laissé entrainer, détrui

sent en grande partie la supériorité de sa méthode de division sur l'ancienne.

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Si l'espace me le permettoit, ou si des discussions trop scientifiques n'étoient pas déplacées ici, je pourrois relever, encore bien d'autres défauts de cet ouvrage, et y joindre la critique de plusieurs opinions au moins hasardées qui s'y trouvent; mais le peu de détails dans lesquels je suis entré suffira pour convaincre le lecteur que la nouvelle classification de M. Richerand n'a point atteint le but qu'il se proposoit, et que tout en déclamant contre les vices de l'ancienne division, il n'a pas su les éviter dans la sienne. Sous le rapport nosographique, son ouvrage est et sera tou, jours un ouvrage médiocre.

Mais si on le considère comme un traité de chirurgie, on en portera un jugement bien différent. C'est le tableau le plus fidelle et le plus complet de la science qu'on ait encore tracé; la marche et les symptômes des maladies y sont exposés avec exactitude, les meilleures méthodes de traitement indiquées, les procédés opératoires les plus sûrs sévèrement décrits ; ont un mot, l'auteur s'y montre par-tout et constamment au niveau des connoissances actuelles. Lestyle, un peu diffus, ne manque ni de clarté; ni de précision; et à l'exception de quelques mots empruntés au Dictionnaire de la Révolution, tels qu'utiliser, activer, etc, il est en général beaucoup plus pur que celui de la plupart des ouvrages de science..

M. Richerand s'est trop hâté d'écrire: une nosographie chirurgicale exige de longues méditations; et s'il eût laissé au temps le soin de mûrir ses opinions et son talent, il eût obtenu un succès

d'autant plus flatteur, qu'il eût été plus solide et plus durable.

P. P.

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NOUVEAU DICTIONNAIRE D'HISTOIRE NASystème d'une prétendue transition

**{TURELLE.

gradnée des étres, qui y est professé aux mots NATURE, LENTICULAIRE ( ou NUMISMALE ), BELEMNITE (1).

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L'AUTEUR de l'article (lenticulaire) le résume en ces termes :«Les pierres lenticulaires sont>> elles bien certainement des restes de corps marins >> proprement dits ? C'est ce que je n'oserois affir»¦ mer: On n'en trouve jamais à l'état de coquille, » elles sont toujours à l'état pierreux. » L'auteur présente ici des objections qui portent sur un état des choses qu'il n'a pas compris, quoique trèsévident; après quoi il ajoute « La propriété qu'à >>ce fossile de se fendre parallèlement à ses gran» des faces, cette espèce de clivage est une cir>>> constance de plus, qui paroit le rapprocher des >> substances pierreuses purement minérales. Enfin,

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(1) On peut consulter sur ces deux fossilles plusieurs dissertations, dans lesquelles M. Deluc a prouvé qu'ils sont originaires de la mer. Ces dissertations ont paru dans le Journal de Physique des mois de mars 1799 et 1802, et mai 1803; c'est-à-dire, assez long-temps avant le nouveau Dictionnaire d'Histoire Naturelle, où pourtant l'on n'en a pas fait usage: soit que les autenrs des articles, dont il s'agit, aient ignoré ceux de M. Delud (ce qui ne feroit pas honncur à leur érudition), soit que les connoissant ils aieat mieux aimé, se tenir au niveau de la philosophie que mettre leur travail au niveau de la science. (Voy. ci.devant l'art. 11.)

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