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achète une pièce de drap. On n'a qu'à s'adresser à M. de Fenaigle, qui en vend à juste prix, et qui apprend à retenir les noms des empereurs romains et des rois de France, pour la somme de soixanteneuf francs, dix sous, soixante centimes? D. Comment peut-on retenir les noms des rois de France et des empereurs romains.

R. Si vous voulez vous ressouvenir de Néron et de Caligula, songez à un râteau ou à tout autre instrument de jardinage. Si vous voulez vous ressouvenir de Clovis, songez au fauteuil de Dagobert.

L. Quelle est la destinée de l'homme?

R. C'est de devenir philosophe, s'il le peut.
D. Comment peut-il y parvenir ?

R. En diminuant les degrés de son angle facial, et en exerçant ses mains dans toutes les occasions. D. Après avoir vécu en philosophe, que doit-il devenir à sa mort ?

R. Il doit retourner à sa première origine, et être rendu aux matières chimiques dont il est formé; il doit se changer en azot, en acide carbonique, en potasse; il doit redevenir un arbrissau, un mollusque, et s'estimer heureux, s'il parvient à l'état de quadrupède. Un empereur romain disoit en mourant: Je sens que je deviens Dieu. Un vrai philosophe doit dire: Je sens que je deviens bête.

D. Croyez-vous à la résurrection des corps? R. Je crois à la résurrection des corps par le moyen du galvanisme.

D. Quelle preuve en avez-vous?

R. J'en ai pour preuve un dialogue que j'ai lu dans la Bibliothèque Britannique, entre un philosophe allemand et la tête d'un pendu, ressuscité à l'aide de la pile de Volta.

D. La philosophie peut-elle remplacer la pro vidence?

R. Les philosophes sont la providence ellemême le froid a-t-il gelé vos vignes? ils vous feront du vin sans raisin; vos champs sont-ils privés de leur moissons? ils vous feront d'excellent pain sans seigle et sans froment; si l'Amérique ne produit plus de sucre, les mêmes philosophes en trouveront dans l'écorce de l'érâble, et dans la betterave. La philosophie, en un mot, est une providence qui veille sans cesse sur tous vos besoins, qui est toujours sous vos yeux, et qui communique tous les jours avec le public par la voie des journaux.

D. Quelles sont les consolations qu'offre la philosophie à ceux qui souffrent ?

R. Elle leur recommande de se révolter contre l'oppression, de briser tous les liens qui les fati guent, d'exhaler leur humeur contre les institutions sociales, de chercher leur bonheur par tous les moyens qu'indique la sage nature; et quand la nature ne peut rien pour eux, la philosophie leur conseille de faire la restitution de leur être aux élémens.

D. Comment l'homme peut-il faire la restitution de son être aux élémens?

R. En se tirant un coup de pistolet dans l'angle facial, ou en se plongeant une épée dans le siége de la pensée, autrement dit l'abdomen ou le basventre; il peut aussi se jeter dans la Seine, du haut du pont des Arts, ou se précipiter du sommet de l'Observatoire : ces moyens sont indiqués par la saine philosophie.

D. Si les philosophes ont fait tant de choses, s'ils ont créé le monde, s'ils ont formé l'homme à leur image, s'ils ont si bien remplacé la providence, qu'est-il donc besoin de croire en Dieu ?

R. Je n'en ai jamais moins senti la nécessité. D. Peut-on avoir des vertus sans croire en Dieu ?

R. Les vertus ne sont pas absolument nécessaires dans le monde créé et ordonné par la philosophie. Rien n'empêche, cependant, qu'un philosophe écrive dans les journaux qu'il est le plus vertueux de tous les philosophes.

D. La tolérance est-elle bonne à prêcher dans le monde ?

R. Elle doit être notre point de ralliement; nous devons sans cesse la prêcher : ce qui ne nous empêchera pas d'écraser l'infâme quand l'occasion s'en présentera, et d'immoler tous ceux qui ne seront pas de notre avis, à la cause sacrée de la tolérance.

M.

Note qui se rapporte aux articles sur la crânologie, p. 285 et 291.

On a publié une foule d'écrits sur la crânologie; entre ces écrits on a distingué ceux de M. H. (Hoffmann); ne pouvant les insérer dans ce recueil, à cause de leur étendue, nous voudrions, du moins diminuer les regrets du lecteur par un précis de cette discussion, ou plutôt de ses résultats : précis qui d'ailleurs fera mieux entendre les articles sur la crânologie.

Le docteur pressé vivement par les argumens de son adversaire, poursuivi dans tous les postes où il se retranchoit, forcé enfin, d'opter entre l'odieux et le ridicule, deux lignes qu'il avoit suivies alternativement, sans trouver un milieu qui pût lui servir d'issue, le docteur, dis-je, reduit à un tel choix, a pris bravement son parti, et fait l'option la plus convenable. On sait, en effet, que dans la séance du 27 février, tout l'Athénée a entendu de la bouche de l'illustre crânologue une belle confession de la spiritualité de l'ame et une abjuration, plus belle encore, de la doctrine (si célèbre en Allemagne) des penchans irrésistibles: double triomphe pour M. H., qui n'a pas dissimulé le plaisir que lui causoit la conversion d'un docteur, auquel il n'avoit épargné ni les instructions solides ni les exhortations, tantôt douces, tantôt fortes et pressantes. Mais ce succès étoit trop inespéré, pour qu'il ne fût pas suivi de quelques retours de crainte propres à modérer la joie de M. H.

En effet, les fameux penchans sont bien rejetés de la théorie; mais dans la pratique, c'est autre chose, et le docteur n'a abandonné ni les voleurs, ni les meurtriers, ni les autres personnages cités par lui en exemple et à l'appui de la crânologie, dont ils sont l'honneur et la gloire (et vice versa). Et certes ce seroit trop exiger du docteur, que de le condamner à faire le sacrifice de pareils accessoires, où se trouve la partie agréable de son cours, et qui seuls firent ou le succès de la fameuse séance du meurtre, de cette séance si belle, si philosophique, et qui emporta tous les suffrages. Le docteur sera même d'autant plus ferme sur ces histoires qu'elles sont entièrement de son invention, du moins s'il faut en croire un comité de jurisconsultes qui, en dernier ressort, s'est occupé du crânologue et l'a déclaré convaincu d'imposture sur cet article.

Quoi qu'il en soit, la crânologie ainsi purgée des penchans irrésistibles se réduit à 26 dispositions innées. Ces dispositions sont marquées sur la boite osseuse du crâne par autant de bosses ou protubérances qui en sont le signe nécessaire. On distingue entre ces bosses celles du meurtre, du vol, de la propaga tion, de l'éducabilité, de l'amour maternel, du courage, de la réflexion, de la faculté d'induction, de la pénétration comparative, de l'esprit, etc.; par où l'on voit que dans cette théorie les facultés de l'entendement et les passions de l'ame agissent également sur notre crâne. Toutefois on a observé au docteur que les choses se passent autrement dans la réalité, et que, si un géomètre, par exemple, après s'être fort appliqué à la solution d'un problême, sent de la fatigue à son cerveau, c'est néanmoins à une autre partie que répondent les mouvemens de l'amour maternel, les élans du courage, etc.

M. H. a opposé aussi à la bosse de l'amour maternel les mères qui ont pour un de leurs enfans une grande tendresse, et pour l'autre un sentiment tout contraire: objection qui est demeurée sans réponse, comme la précédente.

Tel est le dernier état des choses; telle est cette crânologie fameuse, avec laquelle le docteur faît du bruit en Europe; qu'il a produite jusques dans les cours en Allemagne ; qui a été accueillie avec transport par l'Athénée de Paris; qui a excité une sorte de fanatisme chez nos dames; et qui va sans doute renouveler des effets plus merveilleux encore sur les têtes anglaises. Le docteur se dispose, dit-on, à les aller tâter. On assure, en effet, qu'il regarde sa mission comme terminée en France depuis qu'il se voit abandonné des critiques, des moralistes, et même des rieurs.

SCIENCES.- LITTERATURE.

BEAUX-ARTS.

X L.

NOSOGRAPHIE de M. RICHERAND.

Le mot de Nosographie signifie littéralement

E

Description des maladies; mais on lui a donné dans ces derniers temps une acception plus étendue, on en a fait le sinonyme de classification, ou distribution systématique des maladies. C'est donc une classification nouvelle des maladies chirurgicales que M. Richerand prétend nous donner. Jusqu'ici les auteurs de chirurgie, après avoir traité des maladies générales ou communes à toutes les parties du corps, étudioient ensuite les maladies locales selon l'ordre de leur siége respectif, et les divisoient tout simplement en maladies de la tête, de la poitrine, de l'abdomen et des membres. Cette division, comme toutes les divisions arbitraîres et qui ne se tirent point de la nature même des objets, présentoit de grands inconvéniens. D'une part, elle rassembloit dans un même cadre une foule d'actions qui n'avbient rien de commun entre elles que le siége, ou plutôt qui se repoussoient mutuellement par l'opposition de leur marche, de leurs symptômes et de leur traitement; de l'autre, en faisant succéder à la description des maladies communes à tout le corps, la description des ma-ladies de chaque partie du corps, elle reproduisoit Tome Ꮴ.

&

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