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1er octobre. État des ventes. - VARIÉTÉS BIBLIOGRAPHIQUES. BONIFACE-DELCRO. De quelques reproches adressés à Molière. L'abbé LÉONCE COUTURE. Pierre de Lobanner et les quatre chartes de Mont-deMarsan, par J. F. Bladé. OUVRAGES en vente à PRIX MARQUES. Bibliothèque latine-française publiée par Panckoucke, 178 yol.- Collection des classiques italiens, 228 vol.-Ouvrages divers anciens et modernes. — Histoire des villes et provinces de France (237 articles).-PUBLICATIONS NOUVELLES. Histoire de la bibliophilie, par J. et L. Techener.-Les Périodiques de Dijon, par Ph. Milsand. Le Bibliophile illustré, revue mensuelle de la bibliographie antiquaire, publ. par Bergeau.-Catalogue de la bibliothèque de l'abbaye de Saint-Victor au xvie siècle, rédigé par F. Rabelais, commenté par le bibliophile Jacob et G. Brunet, etc., etc.

ÉTAT DES VENTES

8-9 octobre.-Beaux livres en différentes langues, la plupart rares et curieux, provenant du fonds de M. D*** (323 numéros). M° Delbergue-Cormont, commissaire-priseur.-R. Muffat, libraire.

14 novembre-4 décembre.

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Livres rares qui composent la bibliothèque de feu M. l'abbé Claverie de Cassou (3055 numéros). Me Fournel, commissairepriseur.-Baillieu, libraire.

Vient de paraitre :

CATALOGUE DE LA BIBLIOTHÈQUE

DE L'ABBAYE DE

SAINT-VICTOR

Au XVIe siècle, rédigé par François RABELAIS, commenté par le bibliophile JACOB, et suivi d'un Essai sur les bibliothèques imaginaires, par G. BRUNET. Paris, 1864, in-3 de xvi et 408 pages. Tiré à petit nombre.

750

HISTOIRE ANECDOTIQUE DU DUEL Dans tous les temps et dans tous les pays, par E. COLOMBEY; seconde édition revue et augmentée. Paris, 1861. 1 vol. in-12, de 342 pages. 3

M. Émile Colombey vient de publier, dans la Collection-Hetzel, la seconde édition de son Hisioire anecdotique du duel dans tous les temps et dans tous les pays. Ce livre, tout à la fois si émouvant et si gai, a été revu avec le plus grand soin; il a été modifié dans certaines parties, et s'est accru des rencontres qui ont eu lieu depuis la première édition.

VARIÉTÉS BIBLIOGRAPHIQUES

DE QUELQUES REPROCHES ADRESSÉS A MOLIÈRE.

Je rappelais dernièrement ici même, en analysant un travail de M. Damas Himard, dans lequel l'auteur était appelé à apprécier Molière, les reproches divers que la critique la plus autorisée a formulés contre notre premier poëte comique, soit comme moraliste, soit comme écrivain; le plus grave lui a été adressé par Fénelon, et après lui par Rousseau. « Molière, dit l'archevêque de Cambrai, a donné un tour gracieux au vice et une austérité odieuse et ridicule à la vertu.» — « Le théâtre de Molière, dit le philosophe de Genève, est une école de vices et de mauvaises mœurs; voilà l'esprit général de Molière et de ses imitateurs; ce sont des gens qui tout au plus raillent les vices, sans jamais faire aimer la vertu ; de ces gens, disait un ancien, qui savent bien moucher la lampe, mais qui n'y mettent jamais d'huile. » N'est-il pas surprenant qu'un semblable reproche se soit rencontré sous la plume de ces grands écrivains? N'est-il pas plus surprenant encore que le Misanthrope lui-même n'ait pu trouver grâce devant leur critique? Si elle ne s'adressait qu'au Tartufe, elle ne serait certainement pas plus légitime, mais elle serait du moins plus explicable; sans doute, quels que soient les difficultés et les périls d'une telle entreprise, elle n'était pas au-dessus du génie de notre comédien philosophe, et il a su tracer d'une main sûre la limite qui sépare la piété de l'hypocrisie; mais enfin les œuvres de cette nature se rattachent à des considérations si élevées, que lorsqu'elles soulèvent des scrupules, ceux même qui ne les partagent pas doivent les respecter en raison de l'importance des questions engagées dans le débat. Mais le Misanthrope! Comment admettre que Molière se soit proposé pour hut en écrivant cette comédie de représenter le « ridicule de la vertu? » Ne peut-on pas se convaincre au contraire, par une lecture faite sans prévention, que Molière n'a voulu peindre sous le nom d'Alceste qu'un esprit chagrin, un ennemi du genre humain, en un mot un misanthrope? Cela est si vrai, que le spectateur qui s'attendrait à voir se dérouler devant ses yeux les fils d'une intrigue quitterait la scène désabusé et mécontent; il ne saurait s'intéresser ni à l'indifférence de

Philinte qui se résigne au mal, ni à la farouche brusquerie d'Alceste qui refuse de s'y soumettre; ni l'un ni l'autre ne lui semblerait représenter la vraie sagesse, qui se trouve en effet entre ces deux points extrêmes; son esprit ne saurait non plus s'attacher avec une complète satisfaction à la sincère Eliante, dont le rôle est trop secondaire; moins encore à la prude Arsinoé. C'est qu'en effet, Voltaire a pu le dire avec raison, le Misanthrope est « une peinture continuelle; » et ce n'est pas avec moins de raison qu'il ajoute : « C'est une peinture de ces ridicules que des yeux vulgaires n'aperçoivent pas. »

Si le reproche d'immoralité pouvait avoir quelque valeur, ce serait plutôt à l'égard des comédies empruntées par Molière à la farce italienne, et dans lesquelles le respect de l'autorité paternelle et les lois de la fidélité conjugale paraissent quelquefois sacrifiés à l'amusement du parterre; mais tout en admirant la souplesse de son génie et le mérite relatif de chacune de ses œuvres, on ne saurait confondre deux genres si différents, et s'il fallait absolument condamner au point de vue moral la verve du bouffon, le même arrêt ne saurait atteindre le génie du philosophe dans ses productions impérissables.

Examinons maintenant la valeur des reproches qui ont été adressés à Molière considéré comme écrivain.

Je lis avec étonnement dans la lettre de Rousseau à d'Alembert sur les spectacles, que « le goût général ayant changé depuis Corneille et Molière, les connaisseurs ont beau les admirer toujours, si le public continue à les applaudir, c'est plus par honte de s'en dédire que par un vrai sentiment de leur beauté. » Comment, à défaut de la raison, l'expérience n'avait-elle pas convaincu ce philosophe, que le goût, c'est-à-dire le sentiment du beau, ne saurait être le résultat de l'étude ou le privilége de l'érudition, mais une notion innée et universelle comme celle de Dieu, dont le beau constitue un des attributs? Cela est si vrai, que tout homme, quel qu'il soit et à quelque condition sociale qu'il appartienne, ne peut rencontrer dans l'art un élément conforme à cette notion sans en ressentir aussitôt une satisfaction intérieure, et comme une sorte de ravissement. Aussi le public n'a-t-il pas ratifié le jugement de Rousseau; lui-même n'aurait pu s'empêcher de le reconnaître, s'il avait pu assister aux représentations gratuites des chefs-d'œuvre de notre scène dont l'usage s'est établi dans nos fêtes nationales; il aurait pu voir le public le plus illettré se rencontrer avec les connaisseurs dans une commune admiration devant les mêmes vers ou devant les mêmes scènes; témoignage irrécusable que ce n'est ni par habitude ni par fausse honte que cette foule, pour ainsi dire livrée à elle-même, acclame Corneille et Molière avec un tact si parfait !

J'ai nommé Corneille. Il y a en effet entre le père de la tragédie et le créateur de la comédie en France une assez remarquable analogie, si on les compare au point de vue du génie poétique. Les comédies de Molière offrent un très-grand nombre de vers que l'on croirait tracés de la main vigoureuse de Corneille, et que le grand tragique n'eût certainement pas désavoués. Je cite au hasard entre mille :

De protestations, d'offres et de serments
Vous chargez la fureur de vos embrassements.

Le Misanthrope, acte Ier, sc. 4 ro.

Le trop riant espoir que vous leur promettez
Attache autour de vous leurs assiduités.
Ibid., acte II, sc. 4re.

Mais les deux poëtes ne se recommandent pas toujours par ce caractère d'irréprochable et vigoureuse poésie, et cette inégalité constitue entre eux un nouvel élément d'analogie; aussi Fénelon, La Bruyère et Vauvenargues ont-ils pu tour à tour accuser Molière de jargon et de mauvais goût. Fénelon ajoute qu'il préfère la prose de Molière à ses vers. C'est peut-être aller un peu loin; d'ailleurs, j'ai cité plus haut à titre d'exemple des vers admirables que d'autres, beaucoup plus faibles sans doute, ne doivent cependant pas nous faire perdre de vue. D'ailleurs l'inégalité que je viens de signaler dans la poésie de Molière n'est pas moins sensible dans sa prose; il serait facile de le prouver à l'aide de nombreux témoignages empruntés aux comédies les plus justement appréciées, à l'Avare par exemple.

Enfin, on a comparé Molière à Térence, et le poëte latin a généralement paru se recommander par une plus grande concision; on a cité à cet égard l'exemple de plusieurs pensées empruntées par Molière à son devancier; je n'entreprendrai pas de discuter la valeur de ces témoignages; qu'on me permette seulement de faire observer qu'en principe général il faut, quand on établit un parallèle de cette nature, tenir compte de la.différence des langues, et qu'il n'est pas toujours facile d'exprimer la même pensée en deux langues différentes avec la même précision. Mais si Térence est plus concis et plus correct, Molière est plus profond, plus souple et plus varié; l'un se contente de peindre les hommes tels qu'il les voit s'agiter autour de lui; l'autre, tantôt descendant jusqu'à la farce, réjouira ses contemporains avec les Fourberies de Scapin; tantôt, saisissant tel ou tel trait de la physionomie de son siècle, il léguera à la postérité le portrait fidèle des Précieuses ridicules ou des Femmes savantes; tantôt enfin, il burinera de sa main puissante les passions ou les ridicules de la nature humaine le tartufe, l'avare, le misanthrope; génie admirablement

doué, auquel il n'a manqué, pour atteindre à la perfection, que d'échapper à l'inévitable loi de la faiblesse humaine!

J. BONIFACE-DELCRO.

PIERRE DE LOBANNER ET LES QUATRE CHARTES De mont-deMARSAN, par M. J. F. BLADE. Paris, Dumoulin, 4864, in-8. 3.

Les chartes dont il s'agit ont été publiées deux fois. M. Hatoulet les inséra, avec une traduction et des notes, dans les Annales de la Société des sciences, lettres et arts de Pau, en 1844; et MM. Lecamus et Dulamon en firent l'objet d'une brochure spéciale et anonyme imprimée en 1850 à Mont-de-Marsan (veuve Leclerc, in-8). Il est vrai que M. Bordier attaqua, dans l'Athenæum français de 1854, l'authenticité de ces documents. Mais comme son argumentation, quoique suffisante, ne faisait que toucher sommairement quelques points de droit féodal et de style latin étrangers à la plupart des érudits de province, elle n'ébranla pas l'autorité des chartes. La réfutation que lui opposa M. Sonbiran, alors maire de la ville, parut décisive en faveur de pièces déjà revêtues du visa de deux paléographes distingués, MM. Hatoulet et Dessales. Elles ont été également acceptées par MM. Pascal Duprat (Notice sur Mont-de-Marsan), V. A. Malte-Brun (France pittoresque), et Ch. Louandre (Etudes historiques en province, dans la Revue des Deux Mondes, 21 année).

On peut regretter les lumières que ces vingt pages ou environ devaient jeter sur une longue période de notre histoire provinciale. Il ne s'agit de rien moins que d'un exploit inconnu de Crassus, le propre lieutenant de Jules César, des travaux de Charlemagne pour la division administrative de la Gascogne et pour l'affermisseinent des dunes de nos côtes, de détails fort circonstanciés sur l'invasion des Normands dans le même pays, de deux fondations inconnues jusqu'ici de la ville de Mont-de-Marsan, etc., etc. Tout cela est à regretter, mais il en faut faire son deuil.

Les chartes, en effet, sont démontrées fausses par toutes sortes de caractères intrinsèques : faits invraisemblables maladroitement ajoutés à l'histoire, contradictions manifestes avec des faits connus, détails copiés servilement dans des ouvrages du xvn® et du xvm® siècle, langue romane impossible, formules de droit contraires aux us féodaux, Mais ce qui peut paraître plus piquant que cette longue discussion de diplomatique, c'est le faux pris sur le fait et le flagrant délit des faussaires dont le nom est révélé pour la première fois au public.

M. Bladé démontre en effet non-seulement que les chartes de Montde-Marsan sont modernes, mais qu'elles ont été forgées vers 1810.

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