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IMPRIMERIE DE MAULDE ET RENOU,

RUE BAILLEUL, 9 ET 11.

DE FRANCE

PENDANT

LE DIX-HUITIÈME SIÈCLE

PAR

CHARLES LACRETELLE,

=

WEMBRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE, PROFESSEUR D'HISTOIRE A LA FACULTÉ DES LETTRES,
CHEVALIER DES ORDRES DE SAINT-MICHEL ET DE LA LÉGION-D'HONNEUR.

SIXIEME EDITION

PARIS

MARESCO, ÉDITEUR-LIBRAIRE,

RUE GIT-LE-COEUR, 11.

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HISTOIRE

DE FRANCE,

PENDANT LE XVIII. SIÈCLE.

LIVRE PREMIER,

SERVANT D'INTRODUCTION.

DERNIÈRES ANNÉES DU REGNE DE LOUIS XIV.

J'ENTREPRENDS d'écrire l'histoire de ma patrie
durant un siècle qui s'ouvrit par une austérité
chagrine, tomba bientôt dans une licence im-
pétueuse, s'arrêta long-temps dans une licence
systématique, se dirigea pourtant avec ar-
deur vers des améliorations dans l'ordre social,
renversa tout par un excès d'orgueil et de
précipitation, et finit par d'épouvantables cri-
mes entremêlés à une grande gloire militaire.
Ce siècle offre deux parties bien distinctes,
l'une où la révolution française se prépare, et
l'autre où elle éclate. La première occupe un

I.

I

État de la France en 1709.

grand nombre d'années, et la seconde n'en renferme que dix. Dans cette dernière, les événemens se pressent avec une rapidité foudroyante qui déconcerte l'historien, tandis que dans l'autre l'intérêt ne peut être vif et soutenu que par le pressentiment d'une grande catastrophe.

Cette période historique offre un caractère particulier c'est le règne de l'opinion. Sans doute un esprit attentif sait démêler, dans d'autres époques de l'histoire, l'impulsion que les peuples ont reçue ou se sont donnée à euxmêmes, tantôt par une rapide propagation de leurs préjugés et de leurs sentimens, tantôt par un merveilleux concours de découvertes et de lumières nouvelles. L'historien a presque toujours à décrire alternativement les progrès de la civilisation ou ses pas rétrogrades, les forces croissantes de l'esprit humain, et ses longues maladies. Mais une foule d'événemens étrangers à cette importante recherche viennent en distraire l'historien ou la lui rendent très-pénible. Lorsque les nations sont fortement gouvernées, leurs traits individuels, leurs opinions particulières sont bien moins prononcés. On voulait s'occuper d'un peuple, et l'on ne s'occupe plus que des rois, des guerriers ou des ministres qui l'ont dominé, contenu et trop souvent opprimé. Au dix-huitième

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