DES BEAUX-ARTS, PAR A. L. MILLIN, Membre de l'Institut, Conservateur des Médailles, des Cet ouvrage fait partie de ceux adoptés par le Gouvernement pour TOME II. DE L'IMPRIMERIE DE CRAPELET. A PARIS, Chez DESRAY, Libraire, rue Hautefeuille, no 4. M. DCCC. VI. H; dans la gamme diatonique chromatique, cette lettre sert à dé signer la douzième corde, qui est la plus élevée, et dont la longueur est égale aux huit quinzièmes de la corde C qui est la plus basse. HABILETÉ. Dans tous les arts on appelle ainsi la science, et la ca→ pacité de l'artiste. Mais on se sert encore de cette expression pour indiquer la manière savante avec la→ quelle il traite les différentes parties de son art. HABILLER, se dit dans la peinture et la sculpture, des figures couvertes de draperies convenables, et suivant le costume. On dit: une figure habillée à l'antique. Ce peintre habille bien ses figures. Quelques figures qui d'abord étoient nues, ont été ensuite habillées pour ne pas of fenser la pudeur; c'est ainsi qu'étoit la Vénus Callipyge de Marsy, autrefois à Marly, à présent dans les Tuileries. Le pape Paul 11 avoit trouvé indécent le nu de quelques figures dans le célèbre jugement der nier de Michel-Ange; il chargea Daniel de Volterre de les habiller, et ce peintre reçut pour cette raison HAC le sobriquet de Brachettone (culotier.) Quant à la manière d'habiller les figures, voyez DRAPERIES. HABITS. Voy. VÊTEMENS, DRAFERIES, COSTUMES, etc. HABITATION; on appelle ainsi le lieu où l'homme trouve un abri contre l'inclémence de l'air. Les habitations des plus anciens peuples étoient des grottes, des baraques, des tentes. Les premiers habitans de la Grèce, sans civilisation, sans demeures fixes, sans même avoir de dénomination commune, habitoient, selon lé témoignage de Pausanias, les uns, comme les. Helléniens de la Phocide, dans des crevasses de rochers et des troncs d'arbres creusés; ou bien comme les Pélasgiens du Péloponnese dans des huttes de terre; ou enfin dans des grottes et sous des tentes, comme les premiers habitans de la Sardaigne. Lorsque par la suite des colonies plus civilisées arrivèrent dans la Grèce, les Grecs apprirent à construire des maisons plus commodes et plus solides. Voyez MAISON, ARCHI TECTURE, GROTTE, TENTE, HUTTE. HACHE, outil de fer tranchant, : formé en équerre, ayant un manche qui le plus souventesten bois; on l'appelle quelquefois cognée. La hache est le plus souvent indiquée comme instrument d'agriculture, ou pour les sacrifices, ou comme servant aux professions mécaniques. Vulcain fend avec sa hache la tête de Jupiter pour en faire sortir Minerve. La bipenne ou hache à deux tranchans, paroît avoir été une arme particulière aux habitans de la Thrace et de la Scythie. Homère l'appelle axiné. Pisander attaque Agamemnon avec une hache dont l'airain est à deux tranchans. Cette arme est pourtant citée rarement dans les poëmes d'Homère; les héros grecs ne se servoient dans la plaine que de l'épée et de la Lance mais dans le combat sur les vaisseaux, les deux partis font usage de haches, parce que l'espace est trop étroit pour se servir de la lance. Quoique celte arme fût plus particulièrement attribuée aux peuples du nord de l'Asie et de l'Europe, les artistes l'ont quelquefois donnée à des héros grecs dans des représéntations de faits antéhomériques. Alcamènes avoit sculpté sur le fronton postérieur du temple d'Olympie, une célèbre Centauromachie dans laquelle Thésée combattoit avec une hache les ravisseurs de l'épouse de Pirithoüs. Un bas-relief publié par BUONARROTI, dans l'Etruria Regalis, nous fait voir encore un guerrier qui combat un Centaure avec une bipennè. Pline attribue l'invention de la bipenne à Penthésilée. Nous voyons cependant par une belle peinture de vase, représentant un combat de guerriers et d'amazones, antérieur à la guerre de Troie, et que j'ai publié dans mes Monumens inédits, qu'on a regardé cette invention comme plus ancienne. Plutarque fait remonter bien avant l'expédition d'Hercule, l'usage de la bipenne chez les Amazones: selon Plutarque, Hercule, après avoir tué Hippolyte, enleva sa bipenne et en fit présent à Omphale, princesse Lydie; celle-ci la transmit aux ses successeurs qui la porter avec vénération comme une ch sacrée, jusqu'à Candaule, qui, ay dédaigné cet usage, la remit à de ses officiers. Lors de la révolte Gygès, Arselis, qui étoit venu à secours avec des troupes qu'il av tirées de Mylassa, défit Candaul le tua, ainsi que celui qui portoi bipenne; il emporta cette arme d la Carie, où il fit faire une sta de Jupiter, et il la lui mit dans main, en lui donnant le nom Jupiter Labradien, parce qu'en rie labros signifie une hache. Jupiter Labradien, armé de la penne, se voit sur des médail rares de Mylasa en Carie; et il y parmi les marbres d'Oxford un au consacré à Jupiter Labradien, lequel celte hache est figurée. Il cependant assez rare de voir la b penne dans les mains des Amaz nes, sur les plus anciens monume de l'art; mais elles la portent pre que toujours sur des monumens d' âge postérieur, principalement s ceux où elles ont entièrement le co tume dorique : alors la bipenne a u forme régulière et soignée, air qu'on le voit à la belle statue Musée Napoléon, et sur quelqu médaillons de villes que l'on avoir été fondées par ces femm guerrières. La bipenne a telleme servi à caractériser les Amazone que les Thyatiriens, qui attr buoient à l'amazone Thyatira fondation de leur ville, ont mis signe sur leurs médailles, seul, ou dans les mains d'Apollo leur prolecteur. La bipenne éto aussi l'arme des Ægyptiens, prin cipalement pour les opérations ma ritimes; car ils faisoient ailleu usage de longues lances et d'épées r courbées. Sur des médailles d'Ale xandrie, frappées sous Hadrien sous Antonin, on voit Neith, ou I Minerve ægyptienne, armée d'un C bipenne absolument semblable à celle des Amazones. Les Romains n'ont guère fait usage de la bipenne que pour les travaux de charpente et dans les sacrifices; ils ne s'en servoient ailleurs que dans les combats sur mer. Les peuples de la Gaule et de la Germanie employoient la hache dans les combats; c'étoit l'arme des rois Francs. Les historiens de la Gaule l'ont appelée pour cela francisca. Les Francs la lançoient à leur enuemi pour briser ses armes avant de fondre sur lui avec l'épée. Clovis fendit avec sa francisque la tête du soldat qui avoit insolemment brise à Rheims un vase que ce prince vouloit s'approprier; et l'on conserve à la Bibliothèque nationale, une francisque que l'on croit être celle du roi Childéric. ( V. FRANCISQUE.) L'usage de la hache d'arme s'est conservé long-temps après dans les armées. La francisque altribuée à Childéric est une hache simple: il paroît cependant que les Français ont aussi fait usage de la bipenne; car Grégoire de Tours et plusieurs autres auteurs donnent ce nom à la francisque. Les peuples orientaux font souvent usage de la hache dans les combats. Le Cabinet de la Bibliothèque nationale possède quelques haches de Mamelucs; et M. Denon en a figuré dans son bel ouvrage. La bipenne étoit ordinairement tranchante d'un côté et pointue de l'autre : quelquefois aussi elle étoit à deux tranchans; c'est sa forme la plus ordinaire sur les monumens, principalement sur ceux des temps moins reculés. Elle étoit de bronze, avec un manche de bois. Celui de la hache de Pisander étoit de bois d'olivier. Le bronze étoit quelquefois incrusté d'argent; telle est celle qu'Enée propose pour prix des jeux. Les haches d'arme asiatiques sont souvent damasquinées en argent. Sur plusieurs monumens sépulcraux des anciens on voit une hache figurée, et on lit les formules sub ascia dedicavit, sub ascia posuit, ab ascia fecit, etc. fait, dédié, posé sous la hache. Ces expressions ont donné lieu à différentes explications. On avoit cru pendant long-temps qu'elles n'étoient employées que dans les Gaules; mais ĜORI, GruTER, FABRETTI, DONI et MURA TORI en ont publié qui ont été trouvées dans d'autres contrées. ALDE MANUCE chercha le preinier à expliquer ces formules par une loi des x11 Tables, qui défend de polir avec l'ascia, et de travailler les bois dont on construisoit les bûchers. II dit que l'ascia, figurée sur les monumens sépulcraux, annonçoit que l'on avoit satisfait à la loi, en élevant un monument simple et sans art. REINESIUS entend par ces formules, que celui qui parle dans l'épitaphe, a présidé à la construction du monument, depuis le premier coup de l'ascia donné pour préparer le terrein, jusqu'à l'entière perfection du tombeau opérée par l'outil du marbrier appelé ascia. FABRETTI, après avoir rappelé la loi des douze Tables, qui défendoit le luxe et la prodigalité dans la construction des tombeaux, veut que par l'expression sub ascia facere, on fit hommageà cette loi, en apprenant que le tombeau avoit été fait et achevé, quelqu'élégant qu'il fût, avec l'instrument appelé ascia. Ces différentes formules fixèrent les recherches de MAFFEI, et il en donna une explication particulière. En s'appuyant sur un passage de Vitruve, d'après lequel l'ascia servoit à faire infuser la chaux, à la perfectionner en la remuant dans tous les sens et en ramenaut audehors les corps étrangers qui auroient nui à sa perfection, il l'applique à l'ascia des tombeaux. Selon lui elle y désignort que ces monumens avoient été faits, construits et reblanchis avec de la chaux, pour l'usage de celui dont l'épitaphe faisoit mention. Il s'étayoit encore de |