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» Item, que vous ne serez en aide, conseil ou accord pour quoi ledit roi d'Angleterre perde vie ou membre, ou soit pris de mal prise, ou souffre dommage ou diminution en sa personne, en son état ou biens quelconques : mais si vous savez ou connoissez aucune semblable chose être pensée ou machinée contre lui, vous le détourberez et garderez tant que vous pourrez, et lui ferez savoir par messages ou lettres. Et généralement vous jurez que vous garderez et observerez sans fraude, déception ou mal engin, tous les points des dessusdits articles, contenus ès lettres et appointement de ladite paix finale faite et jurée entre le roi Charles notre sire et le dessusdit roi Henri d'Angleterre : et n'irez en jugement à l'encontre ou hors jugement, publiquement ou secrètement, par quelconque couleur que ce soit ou puisse advenir ; mais par toutes voies et manières quelconques possibles, tant de fait comme de droit, résisterez à tous ceux qui viendront, attenteront ou s'efforceront venir ou attenter au contraire des articles dessusdits. Lesquels serments nous voulons et enjoignons, à tous nos vassaux de quelconque état,dignité ou autorité qu'ils soient, qu'ils jurent ladite paix, la tiennent et gardent sans l'enfreindre; et à vous, et à vos commis et députés, baillent leurs lettrespatentes desdits serments qu'ils auront faits: lesquelles nous voulons par vous être apportées vers

nous.

» Et aussi voulons que vous baillez vos lettres

de certification d'avoir reçu lesdits serments à ceux qui ainsi les auront faits, si métier est, et si vous en êtes requis de ce faire, vous donnons pouvoir, autorité et mandement espécial à vous dessusdits, à neuf, à huit, à sept, à six, à cinq, à quatre, à trois de vous.

>> Mandons et commandons à tous nos justiciers, officiers et sujets, qu'à vous et vosdits commis et députés en cette partie obéissent et entendent diligemment, vous prêtant conseil, confort et aide, si métier est et si requis en sont. Et pource qu'il sera nécessité de bailler et publier ces présentes en plusieurs lieux, nous voulons que pleine foi soit ajoutée au vidimus d'icelles, faites sous le scel royal, comme à l'original.

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» Donné en notre siége devant Melun, le vingttroisième jour de juillet, l'an de grâce mille quatre cent et vingt ; et de notre règne le quarante-cinquième.

>> Ainsi signées,

MARC. »

Atout (avec) lequel mandement Philippe, comte de Saint-Pol, et les autres ambassadeurs et commissaires, pour icelui mettre à exécution, se partirent de Paris et allèrent par aucuns jours à Amiens, eschevant (évitant) les aguets des Dauphinois. Auquel lieu d'Amiens furent reçus bénignement; et après qu'ils eurent montré leur pouvoir aux gouverneurs et habitants d'icelle ville, prirent d'eux les serments. Et après allèrent de là à Abbeville, Saint Riquier, Montreuil, Boulogne,

CHRONIQUES DE MONSTRELEt.

T. IV.

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Saint-Omer et autres lieux, où ils furent partout obéis, et mirent à due exécution la charge qu'ils avoient.

CHAPITRE CCXXXVIII.

Comment Philippe, comte de Saint-Pol, alla à Bruxelles, et fit prendre les gens de son frère, le duc de Brabant; et autres diverses besognes qui advinrent en ce temps.

DURANT le temps dessusdit, Philippe, comte de Saint-Pol, dessus nommé, fut hâtivement mandé par grand' partie des nobles et bonnes villes du pays de Brabant, et aussi par sa tante, comtesse de Hainaut, femme de son frère, le duc Jean de Brabant. Auquel mandement, toutes autres choses mises arrière, il alla sans délai. Et lui venu audit pays, fut tantôt fait gouverneur de toute la duché de Brabant, par le consentement des dessusdits, au lieu de son frère le duc, duquel bonnement plus souffrir ne pouvoient le gouvernement, parce qu'il se méfaisoit par diverses manières. Si se tint icelui comte atout (avec) son état en la ville de Bruxelles, et commença à faire plusieurs nouvelles ordonnances, qui grandement déplurent à ceux qui gouvernoient le duc de Brabant ; lequel pour lors étoit absent d'icelle ville de Bruxelles. Et pour tant iceux gouverneurs l'amenèrent alout

(avec) grand' puissance de gens d'armes en la dessusdite ville de Bruxelles; laquelle, de première venue, ne lui fut pas ouverte, jusques à tant qu'il eût promis à son frère, le comte Saint-Pol, qu'il tiendroit ses gens, et tous les habitants de la ville paisibles; et sur ce il entra. Mais quand il fut dedans, ceux qui le gouvernoient laissoient à grand' peine et ennui approcher de lui son frère dessusdit et les autres nobles et notables gens de la ville, dont ils ne furent pas bien contents; et enfin se conclurent avec ledit comte de Saint-Pol d'y pourvoir. Et de fait, se mirent ensemble en très grand nombre, prirent et menèrent prisonniers tous les gouverneurs dudit duc de Brabant, entre lesquels étoit le principal le damoiseau de Hainseberg. Desquels prisonniers grand' partie furent décapités, c'est à savoir messire Jean de Caudeverk, Jean Sthocart, Édouard Le Duc, Henri Le Duc, messire Henri Clavin, maître Guillaume Clavin, messire Jean Clavin, messire Guillaume Pipempoix, messire Guillaume Moyeux, le damoisel Guillaume Asche, Jean du Vert, messire Evrard Serclaux, Jean Clavin, geôlier, et avecque eux plusieurs autres. Si fut mis ledit duc au gouvernement des nobles du pays de Brabant, par l'accord et consentement de son frère le comte de Saint-Pol, et aussi des trois états de sondit pays. Et après furent eux deux ensemble assez unis et en bonne amour.

Esquels jours, les Dauphinois, qui se tenoient Guise en Thierasche, et en la marche environ,

s'assemblèrent environ cinq cents combattants; atout (avec) lesquels allèrent soudainement en la ville de Beaurevoir, appartenant à messire Jean de Luxembourg, et où il faisoit sa demeure, et aussi en autres villages à l'environ, et là prirent et ravirent plusieurs paysans et autres voies, atout (avec) lesquels retournèrent hâtivement, dont ils étoient venus. Pour laquelle envahie ledit de Luxembourg, grandement de ce troublé, assembla à venir devers lui grand nombre de gens d'armes, et de trait de plusieurs pays; lesquels il conduisit, et mena en la comté de Guise lui pour du déplaisir que venger lui avoient fait les dessusdits; et là, envahissant ladite comté de toutes parts, prirent et ravirent tout ce qu'ils trouvèrent dehors les forteresses, c'est à savoir paysans, chevaux, juments, vaches, brebis, moutons et pourceaux, avec plusieurs autres biens, lesquels ils ramenèrent et départirent à leurs plaisir, et après se retrahirent chacun en leur lieux.

En après, durant les tribulations dessusdites, trépassa en la ville de Blois, Philippe, comte de Vertus, second frère de Charles, duc d'Orléans, prisonnier en Angleterre, et aussi du comte d'Angoulême. Lequel de Vertus gouvernoit en France toutes les seigneuries de ses frères dessusdits. Pour le trépas duquel le duc de Touraine, dauphin, fut moult affoibli d'aide et de conseil; el aussi ses deux frères, qui étoient prisonniers, en eurent au cœur grand' tristesse, et le pleurèrent tendrement par long-temps, tant pour l'amour

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