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l'encontre des Dauphinois, qui étoient en très grand nombre à Crespy en Laonnois. Et fut lors ordonné ledit Hector à demeurer à Nouvion-leComte, comme chef de toutes icelles frontières, et de là retourna messire Jean de Luxembourg, à son châtel de Beaurevoir, voir sa femme et faire ses apprêts pour aller avec le duc de Bourgogne, au voyage qu'il devoit faire bref ensuivant.

CHAPITRE CCXXVII.

Comment les François et Bourguignons commencèrent à repairer (aller) avec les Anglois; et le siége de Fontaine-Lavagan; et autres plusieurs matières.

Dès lors en avant commencèrent ceux tenant la partie du roi et du duc de Bourgogne à repairer, marchander, et avoir très grand accointance avec les Anglois, sur les frontières de Normandie, comme si déjà la paix eût été publiée. Auquel temps les dessusdits comte de Hautiton et Cornouaille, mirent le siége atout (avec) trois mille combattants devant la forteresse de Fontaine-Lavagan, laquelle durant toute la guerre avoit toujours tenu la partie d'Orléans, et pas n'avoit été subjuguée; pourquoi le pays de Beauvoisis, les marches de Normandie, d'Amiennois, et autres à l'environ, par icelle avoient été moult travaillés, et par long

temps. Toutefois, au bout de trois semaines ou environ après le siége mis, se rendirent ceux qui étoient dedans la forteresse auxdits assiégeants, par si qu'ils s'en allèrent, saufs leurs corps et leurs biens. Et après qu'il furent partis, fut ladite forteresse désolée, et mise à ruine.

Et d'autre partie, le dix-neuvième jour de janvier, fut mis le châtel de Muyn en l'obéissance du vidame d'Amiens, par certains moyens qu'il eut à ceux de dedans. Lequel châtel, comme celui de Fontaine-Lavagan, avoit toujours tenu le parti d'Orléans, et fait moult de travail par longue espace, aux villes d'Amiens, de Corbie, Mont-Didier, et en tout le pays à l'environ; et fut pris dedans un gentilhomme nommé Bigas, de nation Normand, et la dame dudit lieu, femme de messire Collart de Calleville, avec aucuns autres, et grand nombre de biens.

Esquels jours le duc de Bourgogne, et toute sa puissance, se préparoit pour aller devers le roi Charles, à Troyes en Champagne, mandant étroitement par tous les pays, que tous ceux qui avoient accoutumé de porter armes, fussent prêts pour l'accompagner au voyage dessusdit; et de Gand, où il étoit, s'en vint à Arras, et la duchesse sa femme. Auquel lieu il constitua à être son chancelier maître Jean de Torsy, évêque de Tournai, et assembla, par vertu desdits mandements, très grand nombre de gens d'armes. Et aussi le samedi après les trois rois, furent criées les trèves entre

les rois de France et d'Angleterre, par tous les pays de l'obéissance du roi de France et du duc de Bourgogne, depuis Paris jusques à Boulogne sur la mer, et jusques à Troyes en Champagne, durant jusques au mi-mars ensuivant, sur forme d'avoir paix finale entre les deux rois dessusdits.

Durant lequel temps, les Anglois, en grand' puissance, sous la conduite du comte de Hautiton (Huntingdon) et Cornouaille, allèrent devant la ville et châtel de Clermont, laquelle ville ils assaillirent très puissamment; mais elle fut bien défendue par ceux de dedans. Et pour tant que desdits Anglois y eut aucuns morts et navrés dudit assaut, boutèrent le feu, et ardirent le faubourg SaintAndrieu, où il y avoit moult de belles maisons et de notables édifices; et après coururent toute la comté dudit Clermont, et emmenèrent grands proies avec eux, atout lesquelles s'en retournèrent en la duché de Normandie.

CHAPITRE CCXXVIII.

Comment le duc Philippe de Bourgogne partit d'Arras, et alla à grand' puissance mettre le siége devant Crespy en Laonnois; et de là à Troyes en Champagne devers le roi.

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OR est vérité qu'après que le duc de Bourgogne eut célébré la fête de la Purification Notre-Dame, délaissant illec la duchesse sa femme, s'en alla à son châtel de Bapaumes, et puis à Oisy, en Cambrésis, devers sa tante, la comtesse de Hainaut avec laquelle eut parlement; et après s'en alla à Péronne. Auquel lieu vinrent devers lui la plus grand' partie de ses serviteurs et capitaines: atout lesquels chevaucha jusques à Saint-Quentin, et là séjourna certaine espace, attendant son exercite

et armée.

Et vinrent devers lui les ambassadeurs d'Angleterre en armes, jusques au nombre de cinq cents combattants ou environ, desquels étoient les principaux, le comte de Warwick et de Kent, et le seigneur de Ros, le maréchal d'Angleterre,

1. Jean, seigneur de Roos de Hamlake, récompensé par Henri V, de la seigneurie de Bacqueville en Normandie.

2. Jean, lord Mowbray, depuis comte de Nottingham et de Norfolk.

el messire Louis de Robersart, natif de Hainaut, qui tous ensemble chevauchèrent avec ledit due à Troyes, en Champagne.

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En outre, vinrent audit lieu de Saint-Quentin, devers le duc de Bourgogne, les ambassadeurs de la ville de Laon; lesquels, avec ceux de la ville de Saint-Quentin, requirent moult instamment le duc de Bourgogne, qu'il voulsît assiéger la ville de Crespy, en Laonnois, que tenoient les gens du dauphin, qui moult gâtoient et détruisoient le pays d'environ: laquelle chose, en faveur des dessusdits, par icelui duc accordée.

fut

En après, de Saint-Quentin alla icelui duc loger à Crécy-sur-Sère, et envoya messire Jean de Luxembourg, accompagné de Hector et Philippe de Saveuse, et aucuns autres capitaines, loger en un village assez près de Crespy, comme par manière d'avant-garde. Et assez bref ensuivant, ledit duc, de Crécy, avec toute son armée, alla assiéger tout à l'environ ladite ville de Crespy, dedans laquelle étoient bien cinq cents combattants, tenant la partie du duc de Touraine, dauphin; desquels étoient chefs et capitaines, la Hire, Pothon de Sainte-Treille, Dandonnet et autres aventuriers, qui tous ensemble, vigoureusement et de grand courage, défendirent ladite ville contre lesdits assiégeants. Néanmoins furent de très près approchés, et plusieurs engins dressés contre les portes et murailles.

Si étoient lors avec ledit duc plusieurs capi

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