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Si elle est la Vérité, il lui suffira de l'éclat de sa propre évidence pour triompher sans le secours de la Force.

Si elle est l'Erreur, il est juste qu'elle succombe: de quel droit s'imposerait-elle ?

Détruire cette imposture historique qui, trop longtemps, s'est appelée: l'Autorité, c'est anéantir du même coup cette usurpation politique qui s'est appelée : Puissance législative.

Puissance ingénieuse à créer sans nombre des crimes et des délits imaginaires, des peines afflictives et des peines infamantes!

Les Anglais ont inventé le mot self-government, mot composé en entier de racines anglaises, et qui ne peut se traduire en français que par cette périphrase: gouvernement de soi-même par soi-même.

Pour rendre la même idée, on a récemment emprunté au grec un mot peu répandu encore, mais qui mérite de devenir populaire : ce mot, c'est celui d'AUTONOMIE (de autos, soi-même, et nomos, loi). Ainsi que le montre évidemment son étymologie, le mot autonomie désigne l'état d'un'individu ou d'un peuple qui se gouverne par les lois qui sont en lui.'

L'opposé de l'autonomie, c'est l'hétéronomie (de heteros, autre, et nomos, loi). Ainsi, le maître, qui ne dépend de personne, est autonome; l'esclave, au contraire, qui dépend de la volonté du maître, est hétéronome. De même encore, toute forme de gouvernement, telle que la monarchie ou l'aristocratie, dans laquelle un ou plusieurs imposent leur loi soit à l'universalité, soit à l'individualité, constitue évidemment une hétéronomie.

Assez longtemps l'Autorité a égaré le monde avec la prétention de le gouverner; je demande que l'Autorité abdique ; je demande que la Liberté lui succède ; je de

mande que la puissance législative, condamnée par ses œuvres, fasse place, enfin, à la puissance individuelle fortifiée par l'imprimerie et la vapeur, le travail et l'épargne.

L'Autorité, se proposant pour but le bonheur, la grandeur des peuples, a revêtu toutes les formes, les a toutes essayées, les a toutes usées.

L'histoire est là pour l'attester.
L'Autorité a fini son temps.

Le temps de la Liberté est venu.

Elle cherche sa forme: la trouvera-t-elle ?

Je n'en doute pas.

Comment pourrais-je en douter? La Liberté n'estelle pas la loi même de développement de l'homme, et quand je dis l'homme, je dis l'humanité.

Ce qui constitue l'Autorité, sa puissance morale, sa force matérielle, ce n'est ni la longueur ni la certitude de la durée, c'est l'unité.

En effet, sans unité, point d'initiative, point de responsabilité.

Je le reconnais.

Mais l'unité, dont les légitimistes revendiquent l'avantage, comme si cet avantage était un monopole qui leur appartînt, ne saurait-elle donc se concilier avec la Liberté aussi facilement et aussi certainement qu'avec l'Autorité ?

C'est la question qu'il faut enfin vider.

Je n'aime pas les mots vagues.

Les mots qui disent tout ne disent rien.

Aussi faut-il que les mots qui s'offrent à moi avec une certaine majesté me montrent un corps sous leur manteau.

A la Liberté comme à l'Autorité, je demande : Qui êtes-vous? D'où venez-vous? Où allez-vous? Qu'exprimez-vous?

Toute Autorité qui ne me répond pas qu'elle vient de Dieu, et qui ne me le prouve pas, si elle n'est point l'autorité de la mère ou l'autorité de l'instituteur sur l'enfant, je l'écarte.

Toute Liberté qui ne me répond pas qu'elle peut être absolue, sans exceptions comme sans limites, et qui ne me le prouve pas, je l'écarte également.

Cela simplifie extrêmement la question.
Demandez-moi ce que j'entends par Liberté!
Je vous répondrai :

J'entends:

La liberté du domicile.

La liberté de la parole.

La liberté de la correspondance.
La liberté de l'imprimerie.

La liberté du travail.

La liberté d'association.

A condition qu'elles seront absolues, ces libertés me suffisent, parce qu'en elles sont contenues toutes les autres.

Dans la liberté de domicile sont contenues la liberté de résidence, la liberté de circulation, la liberté de réunion.

Dans la liberté de parole sont contenues la liberté de penser, la liberté de croyance, la liberté d'enseignement.

Dans la liberté de correspondance sont contenues la liberté de se servir de tous les moyens inventés par le génie de l'homme pour triompher des difficultés de l'espace, postes, telégraphes électriques ou autres, la liberté de choisir entre toutes les voies celle qui offre le plus de garanties de l'inviolabilité du secret des lettres.

Dans la liberté de l'imprimerie est contenue la liberté de la presse.

Dans la liberté du travail est contenue la liberté des échanges.

Dans la liberté d'association est contenue la liberté des conventions.

Accordez-moi ces libertés, l'Autorité disparaît, car elle n'a plus de raison d'être ni de moyens d'exister.

Avec l'Autorité qui disparaît, disparaît le gouvernement qui en était la forme visible; il ne reste plus alors que l'administration publique de ce qui est essentiellement indivis.

L'indivis se compose de ce qui, de sa nature, est indivisible, de ce qui, ne pouvant appartenir séparément à aucun, appartient nécessairement à tous.

La France a-t-elle besoin d'une armée et d'une flotte? Qu'il soit prouvé qu'elles sont nécessaires, et, à la condition que le recrutement de cette flotte et de cette armée sera volontaire, j'acquitterai ma part proportionnelle de frais, que cette part se nomme contribution ou assurance.

La France a-t-elle besoin de fonds pour rendre la voie publique aussi parfaite et la circulation aussi rapide que possible? Qu'il soit établi quel sera l'emploi de ces fonds, et je payerai ce qui sera nécessaire.

Je payerai sans regret et sans difficulté: sans regret, car ce sera mon intérêt qui me le conseillera ; sans difficulté, car l'administration publique ainsi réduite exclusivement à ce qui est indivisible, pas une parcelle de ma liberté ne se trouve aliénée.

Ma liberté reste aussi entière que si je m'étais borné à assurer ma maison contre l'incendie ou mon navire contre le naufrage.

Alors, tout devient simple.

Alors, souveraineté du peuple est un mot qui n'a plus de sens que dans les cas extrêmement limités et de plus en plus rares où le peuple agit en qualité

Che alment sure a gate de persoane civile. Ces par soon.Js as i gums, à mais, de marchés, Caegistres. Lehnges, Cata

Airs. I1ya pins gra dust. Jainistrateur le pins halle, le pins vigilant, le pits eccome pour lui confer la gestir de ce qui est divisible, conséquem

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Cet administratier d'ectement responsable, ce fonctionnaire essen Delement Nevocable, comment le choiAra-t-06, Comment porra-t-on sonjours le révoquer? La question n'est pas plus compliquée que cela.

On le nommera, on le revoquera comme on nomme, comme on révoque un administrateur dans une compagnie de chemin de fer, ou dans une association ou

vriere.

Mais qui le nommera? Mais qui le révoquera? Tous ceux qui auront concouru à la formation de ce qui sera indivis, conséquemment tous ceux qui auront un intérêt, si faible qu'il soit, à le nommer ou à le révoquer. Dans ce système d'émancipation universelle, l'Autorité n'est plus, relativement à la Liberté, que ce qu'est le tuteur au pupille, le jour où celui-ci a atteint l'àge de majorité et où le mandat de celui-là est expiré. C'est le mineur qui devient majeur, et non pas le mineur qui change de tuteur; ce qui aurait lieu si le gouvernement, tel qu'il a existé avant et depuis le 24 février, était remplacé par ce qu'on a appelé le GOUVERNEMENT DIRECT DU PEUPLE.

De cette tutelle transformée, je n'en veux pas; et le peuple qui me lit, parce que je lui dis crûment la vérité, reconnaîtra que j'ai raison.

En effet, ce n'est qu'un autre mode de tutelle, et je le prouve.

Je suppose l'idée du gouvernement direct adoptée: Un projet de loi concernant la liberté de la presse,

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