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venir en aide à plus d'infortunes, à plus de miseres. Il y a d'ailleurs un luxe qui est inhérent aux adminis trations publiques. La vanité, l'ambition, l'orgueil des administrateurs, s'en mêlent: je suis administrateur et je parle en praticien. On veut faire parler de soi, on veut laisser un nom, et l'on fait beaucoup de sottises pour arri ver à ce but.

» Je vais établir en peu de mots la différence qu'il y a entre l'action de la charité et celle de l'assistance pu' lique. >> Bruxelles possede deux institutions: l'hospice de SainteGertrude et l'hospice des Ursulines, qui sont administrés. entretenus par la charité, et qui comptent chacun deux cents pensionnaires, aussi bien hébergés, aussi bien nourris que ceux de l'hospice public de l'Infirmerie et qui sont l'objet de plus de soins pieux.

«Dans les deux hospices privés, la journée d'entretien ne dépasse pas 45 centimes; elle s'élève à 1 franc dans l'hospice public. Cette différence tient, je le répète, à la nature de l'administration publique. On loge 200 pauvres à Sainte-Ge trude pour un loyer de 6,000 fr. par an; il en coûte 10,000 pour le logement de 100 vieillards à l'hospice de l'Infirmerie, dont la construction a exige près de 1,580,000 francs. Aussi, je me souviens, il y a plus de vingtcinq ans, quand on me fit voir cet établissement, que la personne qui me servait d'introducteur, après m'avoir fait parcourir les belles caves, les immenses galeries, les grands dortoirs et les greniers gigantesques, attira mon attention sur les trousseaux et particulièrement sur les six chemises dont chaque vieillard était pourvu. Je ne pus m'empêcher de répondre que le soldat n'était pas malheureux et se contentait de trois chemises.....

» Voici un autre fait :

» Il y a peu de mois, j'étais le cicerone d'un des hommes politiques les plus distingués de notre époque, qui est aujourd'hui premier ministre dans son pays, et je le conduisis à l'hôpital Saint-Jean. Je dois le dire, cet établissement est admirablement tenu; il n'y manque absolument rien dans aucune partie du s rvice. Nous y passâmes trois heures. Mon compagnon s'était fait renseigner sur tous les détails, et il sortait enchanté de l'ordre, de la propreté, des soins, de l'harmonie des divers services, quand malheureusement il aperçut sous le vestibule du monument deux grandes pierres, dont l'une porte en lettres d'or que la construction de l'hôpital a coûté 2 millions 578,000 fr. Il me dit aussitôt : « J'ai beaucoup à rabattre de mon » admiration. >>

» Messieurs, je vous le répète, cet hôpital a coûté près de 2 millions 600,000 francs, non compris le terrain, et il est habité communément par trois cents pauvres! En serait-il de même dans une administration particulière?

Non, encore une fois, cela tient à la nature de l'administration publique.

» Les médecins, permettez-moi de vous le dire, qui gagnent de 15,0.0 à 25,000 fr. par an, qui logent dans des hotels, ne se donnent pas les commodités hygiéniques qu'ils exigent dans un hospice consacré aux pauvres. Les architectes veulent mettre le sceau à leur réputation par la construction d'un monument public: ils n'economisent rien, parce que c'est la bourse de tous qui fait les frais. Les administrateurs sont heureux de faire plus beau, plus grand que leurs devanciers. En un mot, tout conspire contre les règles que suit l'économie privée. »

DE BROUCKÈRE, maire de Bruxelles.

LIVRE NEUVIÈME.

LA PROPRIÉTÉ UNIVERSELLE.

ALLEMAGNE. - Dans beaucoup d'Etats allemands, la constitution territoriale créée par la féodalité existe encore; mais là même où elle est supprimée, la féodalité a laissé des traces nombreuses. » (VICT. CHAUFFOUR, Rev. de législat. et de jurispr., ann. 1845, t. I, p. 95.)

ANGLETERRE. Division des terres. « Les Anglais s'abusent étrangement dans la supposition qu'ils font que les terres vont en se subdivisant sans cesse, sans qu'aucune cause d'agglomération vienne contre-balancer l'action du morcellement. Je possède les anciens terriers des deux communes de Bignon et Chevry, qui contiennent l'exacte et rigoureuse énumération de toutes les parcelles de terrain que comprennent ces deux communes, avec les noms des propriétaires, la superficie de chaque morceau, et le cens féodal dû par chacun au seigneur de la paroisse. L'un de ces relevés date de 1762, et l'autre de 1775. En comparant ces terriers avec les atlas cadastraux des deux communes, que le gouvernement a fait faire récemment, je trouve que la propriété y était infiniment plus divisée en 1762 et 75 qu'elle ne l'est en 1844. La raison de ce fait est palpable. Avant la Révolution, sous le régime féodal, les petits propriétaires étaient dans l'indigence, non-seulement à cause de la misérable culture et des misérables produits de leurs champs, sous un vicieux système de fermages, mais encore parce qu'il n'y avait ni commerce ni professions mécaniques, ni grandes routes pour transporter les produits. L'éducation manquait, le peuple était courbé sous le joug des nobles, les lois ne le protégeaient pas contre leur oppression. Mais à présent que les capi

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taux de toutes les classes de propriétaires s'augmentent, la terre change de mains dix fois plus souvent qu'autrefois, du temps de la féodalité. Quand les capitaux abondent, il s'opére des ventes nombreuses de toute espèce d'objets, et des terres comme d'autres; mais quand il n'y a pas d'argent, ni denrées ni terres ne trouvent d'acquéreurs. Qu'on me permette de dire ce qui m'est arrivé pendant les nombreuses années où j'ai été propriétaire-cultivateur. Quand j'achetai le domaine de Bignon, il contenait un peu moins de mille acres. Par des acquisitions successives, j'ai à peu près doublé sa contenance. Il n'y a, du reste, pas que moi qui aie aggloméré dans la petite commune de 450 âmes que j'habite. Plusieurs paysans ont également fait des agglomérations. Il y en avait trois qui, lors de l'établissement du régime actuel des successions avaient chacun de 15 à 20 acres de terres et qui, par leur commerce de bois, de chevaux, de moutons, ont gagné assez pour acquérir chacun 300 acres. L'un d'eux mourut dernièrement. La presque totalité de ses terres fut achetée par son frere, parce qu'aucun des héritiers du défunt ne voulait habiter la commune. Un autre individu, qui était mon garde en 1810, se fit marchand de bois. Il ne possédait alors que sa part d'enfant dans l'héritage paternel, et elle se montait à 6 acres de terrain. Il en a maintenant 100 dans la commune. » (ARTH. CONDORCET O'CONNOR, le Monopole cause de tous les maux, t. I, p. 294).

Droits des propriétaires anglais. - Nulle terre sans seigneur, telle est encore, dans toute sa force, la formule anglaise. Quelque modification qu'ait éprouvée la superficie, qu'elle soit tenue en toute propriété, en vertu de contrats (copy ho'd) ou en free hold même, l'ancien fief existe toujours, et le titulaire du fief, le lord du manoir, a le droit de fouiller partout, de compromettre, sans être tenu à dédommagement, la sûreté des habitations et la vie des habitants. C'est pitié que de voir les ravages qu'a causés dans quelques districts, cette soif de richesses. Entre Dudley et Stourbridge, la terre classique des bonnes briques, toutes les maisons du district houiller sont minées et menacent ruine. Le lord semble s'être donné mission d'accomplir l'œuvre ténébreuse du génie du mal; il rampe sans bruit, il creuse, il fouille, et ses coups, portés dans l'ombre, tombent à l'aventure. Comme on suit dans un champ le passage souterrain des bêtes nuisibles à la pâleur des tiges qui se penchent et tombent, de même, en parcourant quelques districts houillers, on peut suivre la trace du lord aux crevasses des murailles, à la stabilité détruite, et bientôt à l'abandon des habitations. » (H. DUSSARD, Travail et charité. Journ. des Economistes, ann. 1843, p. 134).

EGYPTE, - «Sauf les limites entre les villages, détermi

Teaser des Ties les ainux ou des points de reconTRIS Nemme 1 Tra ur le terrain aucune démararion emble. Le fum de mensen ent du village indique è nom les or prenires et le nombre des karats ou porions de karus ja is posserien. Un second livre porte estement es tris de chacun des cultivateurs et leurs murarons. Chaque année, apres inon lation. des arpenteurs vartent la portion de terre incudée de elaque village er a caressent entre les cultivateurs. Cette opération sert i mase a la ixation de la redevance de l'impôt. » HENAL TREASUș, deen ust, sur les origines de la propriéte oner1. V.

FRANCE. — (La Free resente une superficie de 52 miltons Cheeriros, fent 3 L ens environ sont incultes, miliens 4. partiennent a PEtator ax communes, et 45 millions souters entre les habitants du sol. Les forêts

beetares sur cette surface, les 1 raiMPS RTN As Emiliens les prairies artificielles 3 millions, les riseebies 2 Es, atlas termesurables environ 30 milDeus, Cape retera de savuste fonsine, exploité par 25 milLons le diisivyraus, se divise res inégalement entre eux :

Bers themTRAS in sont torilement privés. 14 millions en pesserent le sprints Les mis arts restants sont parRAMS CES I dors de proprietaires, » AÐ. BLANQUI, Tabide des popu atõus ruzies de la France, en 1850.

Proprielatiers Oncers. - Il existe en France. 5 millions de proprietates in si me possedant pas, en moyenne, deux heurizes, à eunde unjorité de ce nombre posseCofre classe de proprietaires conimme, petz se nourrit s tlement, tout ce qu'elle prolen na sammut inreiner un état de é loses plus catifide la emin de agriculture, qui seule peut nourrir J. B. DELAUNAY. La question des céréales on

uru, des En 2 mistes, i. XXV, p. 377.

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Dans les pays pauvres, comme sont ceux du centre de la France, il arrive tres souvent que les proprietairs qui ne resident pas sur leurs biens, ne pouvant les gerer ni les faire gerer, les afferment, non à des cultivateurs, mais a dis persones de toutes pro essions, notaires, percepteurs, propriétaires plus ou moins aisés, qui. pour un prix annuel payable en argent généralement, se trouvent Substitués aux lieu et place du propriétaire à l'égari du métayer ou colon: ee`qui, pour l'ordinaire, est

alement prejudiciable à l'un et à l'autre et à la propriété. Quoi qu'il en soit, il ne peat être douteux, ce ne semble, pour personne, que le métayer, pauvre et ignorant, occupant in domaine, le plus souvent sans hail, n'ayant aucun intérêt direct a des améliorations dont il ne peut pas jouir

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