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l'universalité des électeurs, ce qui créait cette anomalie que, subalterne en droit, il était supérieur en fait à l'Assemblée législative : un maire d'État, annuellement élu, toujours révocable et rééligible, responsable de tout dans la limite de ses fonctions, se bornant à entretenir les relations extérieures, à publier le budget annuel des recettes et des dépenses; à rédiger et signer tous les règlements d'administration publique, mais ces règlements ayant pour limites étroites les objets mêmes auxquels ils devront s'appliquer EXCLUSIVEMENT, objets qui sont :

Propriétés nationales-Acquisitions, échanges, aliénations, entretien, réparations.

Voie publique : Grande voirie, circulation.

Sûreté générale: -Arrestation et poursuite des malfaiteurs; exécution des arrêts de la Justice.

Armée-Proportion des armes; conditions de l'enrôlement volontaire; solde; avancement; retraite.

Marine : :- Construction des vaisseaux; conditions de l'enrôlement volontaire; solde; avancement; retraite.

Dans ce système, la Nation n'agit jamais que comme Nation, la Commune n'agit jamais que comme Commune, et sans pouvoir attenter ni l'une ni l'autre à la liberté de l'Individu, qui doit toujours rester entière.

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Qu'est-ce qui constitue une nation? Une communauté d'intérêts territoriaux et commerciaux qui, pour se développer et se protéger, a eu besoin jusqu'à ce jour d'entretenir une armée et une flotte. Mais si l'on suppose que, par suite des progrès du commerce et de la réciprocité des échanges, tout risque de guerre, les armes à la main, disparaisse entièrement : flottes et armées n'ont plus de raison d'être.

Dès qu'il n'y aurait plus ni armées ni flottes (les rois le savent bien !), le lendemain il n'y aurait plus de royautés, le surlendemain il n'y aurait plus de nationalités, car les nationalités n'ont elles-mêmes de raison de subsister que par la rivalité des intérêts. Cette rivalité d'intérêts est-elle dans la nature? Non; l'homme est l'œuvre de la Nature, mais les peuples sont l'œuvre de la Guerre. Détournée violemment de son but par la guerre, l'esclavage et l'ignorance, l'Humanité y est lentement ramenée par la paix, la liberté et la science. Désormais, plus l'homme pèsera dans les balances de la civilisation, moins les peuples y pèseront. Nature et Civilisation sont les deux extrémités du cercle dans lequel l'ho e se meut; ouvrez le cercle : les deux extrémités s'écarteront; refermez-le : les deux extrémités se rapprocheront et se confondront. La vapeur et la télégraphie électrique sont deux découvertes qui datent d'hier, et déjà elles ont changé tous les rapports des peuples; une troisième découverte qui a cessé d'être improbable, un nouvel effort de la science: la navigation aérienne, peut prochainement accomplir une révolution économique et sociale contre laquelle se débat convulsivement le vieux monde, pour porter aux nationalités le dernier coup. Si les hommes naissent tous frères, ainsi qu'on nous l'enseigne, à quoi les nationalités servent-elles? A diviser socialement ce qui est naturellement uni, à affamer les travailleurs pour nourrir les gouvernements. Il faudrait ne pas voir clair pour ne pas voir que les nationalités sont appelées à urvivre peu de temps à la disparition des inimitiés interpopulaires.

En aucun cas d'ailleurs et sous aucun prétexte de puissance nationale ou de salut public, le maire d'État n'aurait à s'immiscer dans ce qui serait du domaine de la puissance individuelle et de la puissance communale,

chacune de ces trois puissances étant logiquement définie, naturellement délimitée et matériellement inviolable.

Contre toutes ces garanties réunies en faisceau, que pourrait tenter l'ambition d'un seul homme avec le plus faible espoir de succès? Où donc serait le danger que présenterait L'ADMINISTRATION DE LA CHOSE PUBLI— QUE PAR UN SEUL SOUS LE CONTROLE DE TOUS?

Dans ce système, l'action reprend à la parole la puissance que celle-ci avait usurpée.

Plus de débats stériles!

Plus de dissertations anticipées!
Plus d'interpellations tardives!
Plus de foyers d'agitation!

Est-ce que la liberté de discussion déclarée inviolable sous toutes ses formes ne suffit pas pleinement à l'examen des questions? Est-ce que le régime officiel des Assemblées délibérantes ne forme pas double emploi avec la liberté absolue de discussion.

Mettre aux voix dans une Assemblée l'adoption d'idées dont l'application n'a pas été encore faite, n'estce pas proscrire, sous une forme indirecte, toute idée grande, toute idée neuve ? N'est-ce pas lui fermer l'accès pour laisser passer l'idée vulgaire et la négation présomptueuse? N'est-ce pas donner au savoir et à la supériorité pour juges suprêmes l'ignorance et la médiocrité ?

Est-ce que l'Académie des sciences, consultée par le Premier Consul, n'a pas commencé par condamner l'invention de Fulton?

Le gouvernement ne doit plus être que l'administration de ce qui est essentiellement indivisible, conséquemment indivis, nécessairement collectif, exclusivement public.

L'homme libre se gouverne, on ne le gouverne pas.

La chose publique est la seule qui doive s'administrer publiquement.

Enfin, le système que je propose institue là Commune à l'image de l'État et réciproquement; il fait ainsi de la Commune l'école primaire du citoyen. Ce système se résume dans ces lignes :

MAIRE D'ÉTAT QUE LA MAJORITÉ DE LA NATION CHOISIT ET QUE LA MINORITÉ DE LA NATION CONTROLE;

ABOLITION DU

L'HOMME;

GOUVERNEMENT DE L'HOMME PAR

GOUVERNEMENT DIRECT DE L'HOMME PAR LUI-MÊME : AYANT POUR LOI SA RAISON, POUR JUGE SA CONSCIENCE; ADMINISTRATION DE LA CHOSE PUBLIQUE PAR UN SOUS LE CONTROLE DE TOUS;

UNITÉ DÉMOCRATIQUE :-ÉLECTIVE, RÉVOCABLE, RESPONSABLE;

PEUPLE FAIT HOMME.

II.

LE MAIRE DE COMMUNE.

Par le suffrage universel et par l'impôt unique, tout se simplifie :

Plus de recrutement obligatoire, conséquemment plus de tirage au sort; plus de loterie des hommes; plus de tournées de révision: plus d'attentat au pudique secret des infirmités humaines qui ont le vêtement pour voile;

Plus de garde nationale apprenant aux hommes à s'armer, lorsque leur désapprendre à se battre est le progrès vers lequel on doit constamment tendre;

Plus de listes ni de cartes électorales qui contribuent à faire dégénérer la démocratie en bureaucratie;

Plus d'églises ni de prêtres à la charge de ceux qui ne croient pas ou qui ont une autre croyance;

Plus d'écoles autres que celles qui sont entretenues et surveillées directement par les parents qui payent pour y faire admettre leurs enfants.

En France, n'ont plus de raison d'être, conséquemment disparaissent:

Conseils généraux;

Arrondissements et conseils d'arrondissements;
Cantons et conseils cantonaux ;

Le nombre des départements est réduit, mais cette réduction n'est pas arbitraire; elle est la conséquence du perfectionnement des voies de communication et de la nécessité d'alléger le poids du budget.

Le département cesse d'être une personne civile, il n'est plus qu'une division administrative ayant pour unique objet d'améliorer et de simplifier les rapports entre les communes et l'État.

Le sous-maire d'État (nom plus juste donné au Préfet) reçoit et centralise tous les rapports qui lui sont adressés par l'officier de paix des Communes dont la réunion compose un Département.

Sa principale fonction est celle d'officier général de paix et de dépositaire partiel de la puissance publique. Il agit dans tous les cas où il y a lieu de requérir le concours d'une force armée autre que celle de la gendarmerie locale.

Il est le lien entre la puissance judiciaire et la puissance militaire, dans les circonstances où elles ont à exercer une action commune.

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