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BULLETIN

DU

Bouquiniste

PUBLIÉ PAR AUGUSTE AUBRY

Avec la collaboration de Bibliophiles et d'Erudits
Paraissant le 1er et le 15 de chaque mois.

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Les abonnements au BULLETIN DU BOUQUINISTE partant du 1er jan vier et étant toujours pour une année entière, MM. les abonnés sont priés de renouveler, s'ils ne veulent point éprouver d'interruption dans l'envoi des livraisons.

Le prix se paye d'avance en envoyant soit un mandat sur la poste, soit des timbres-poste de 15 ou 25 centimes, adressés à M. Aug. Aubry, directeur du BULLETIN.

Paris: 3 fr. Province: 4 fr. Étranger: 5 fr.
Un numéro pris séparément...

50 c.

PARIS

CHEZ AUG. AUBRY, ÉDITEUR

LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DES BIBLIOPHILES FRANÇOIS
Rue Séguier, 18

Et chez les principaux libraires de la France et de l'Etranger.

1er janvier 1873. Etat des ventes. - VARIÉTÉS BIBLIOGRAPHIQUES ET LITTÉRAIRES. R. BORDEAUX. Céramique révolutionnaire. L'Assiette dite à la guillotine, par G. Gouëllain. PH. TAMIZEY DE LarROQUE. Une lettre inédite de Matthieu de Morgues. · CATALOGUE DE LIVRES EN VENTE AUX PRIX MARQUfs. Ouvrages divers anciens et modernes, rares ou curieux. PUBLICATIONS NOUVELLES.

Dommages aux champs causés par le gibier, par A. Sorel. Ordre de Malte, les Commanderies du grand prieuré de France, par E. Mannier, etc,

ÉTAT DES VENTES

SUCCESSION DE M. LE MARECHAL VAILLANT

CATALOGUE

DE LIVRES

DE SCIENCES, OUVRAGES A FIGURES, DE LITTÉRATURE

ET D'HISTOIRE, CARTES ET PLANS

DE LA BIBLIOTHÈQUE DE

FEU M. LE MARÉCHAL VAILLANT

Ancien ministre de la guerre, de la maison de l'empereur et des Beaux-arts, membre de l'Institut, grand' croix de l'ordre de la Légion d'honneur.

DONT LA VENTE AUX ENCHÈRES AURA LIEU

HOTEL DES VENTES, RUE DROUOT

Salle N° 4, au 1er étage.

Les mercredi 8 et jeudi 9 janvier, à deux heures précises.

Par le ministère de Me DUBOURG, commissaire-priseur, rue Laffitte, 9. Et de Me LEBRUN, son confrère, rue de la Michodiere, 20.

Assistés de M. AUG. AUBRY, expert-libraire.

CHEZ LESQUELS SE DISTRIBUE LE CATALOGUE

CÉRAMIQUE RÉVOLUTIONNAIRE

L'ASSIETTE DITE A LA GUILLOTINE

Par GUSTAVE GOUELLAIN, avec une lancheen couleur. A Paris, chez A. Aubry, 1872. Prix: 5 fr.

On a beaucoup parlé dans le monde de la curiosité de l'assiette à la guillotine. »

Ce que l'on racontait de cette assiette lugubre, dont l'apparition au dessert devait faire un peu réjouissant effet dans un temps où personne n'était sûr d'échapper au bourreau, excitait la convoitise des amateurs; mais M. Champfleury, qui a écrit l'Histoire des faïences patriotiques sous la Révolution, et qui a fait de ces imageries triviales l'objet de ses prédilections, niait avec conviction l'existence de l'assiette légendaire dont personne encore n'avait pu retrouver un échantillon. Et M. Champfleury se moquait (peut-être s'en moque-t-il toujours) des « braves gens qui en sont arrivés à rêver toutes les nuits de l'assiette à la guillotine. » On sait de quelle façon amusante M. Champfleury a peint dans son roman le Violon de faïence, les risibles mais poignantes émotions des collectionneurs.

M. Mareschal, au contraire, dans son Imagerie de la faïence française, admettait, jusqu'à un certain point, la tradition attestée dès 1864, par M. Ernest de Toytot, dans un article du Correspondant, ou M. de Toytot s'écriait : « Pour manger dans cette symbolique et réjouissante vaisselle, quel appétit possédaient donc les hommes de ce temps-là ?>

Quoi qu'il en soit, M. Gustave Gouellain, l'un des éditeurs de l'Histoire de la faïence de Rouen, de M. Pottier, et l'un des plus érudits collectionneurs de céramique, a acheté à Paris, en 1869, une assiette découverte par M. A. Assegond, le fondateur du Musée de Bernay, et au fond de laquelle on voit grossièrement peint un échafaud avec une exécution par la guillotine. Il en a publié une reproduction coloriée, en tête d'une élégante plaquette in-4°, dans laquelle, il démontre « que cet oiseau rare des collections de faïences républicaines est autre chose qu'un rêve ou qu'une mystification. »

Or, il fallait prendre garde à la fraude, car M. Champfleury avait

avancé que si l'on retrouve un jour le hideux instrument peint sur quelque vaisselle, c'est qu'un truqueur l'aura fabriqué pour se jouer d'un collectionneur naïf. » Mais M. Gouellain, en connaisseur prudent et bien avisé, a mis la plus grande circonspection, et il faut lire dans sa charmante brochure avec quelles précautions ce collectionneur sagace s'est mis en garde contre les faussaires. Des autorités de grand poids, qu'il invoque avec raison: MM. Riocreux, B. Fillon, Milet, Jacquemart, proclament authentique son assiette à la guillotine.

Il établit que ce petit monument de l'art céramique, au temps du retour de la barbarie, a dû être fabriqué dans la manufacture de faïence d'Ancy-le-Franc, dont il présente la couleur caractéristique, le violet lie-de-vin. Mais quelle était sa signification politique? Etait-ce l'expression brutale des opinions sanguinaires de ceux qui achetaient une semblable vaisselle? Etait-ce, au contraire, la satire réactionnaire des excès de la Terreur?

Il est un point douteux : l'époque exacte de la fabrication de cette affreuse curiosité. M. Alfred Darcel, dans un article sur les faïences républicaines, publié dans le Journal de Rouen du 16 décembre 1867, objecte que la présence d'un prêtre en surplis et en bonnet carré sur la plate-forme de l'échafaud a laissé tous ceux qui ont vu l'assiette en question dans l'opinion qu'elle était très-postérieure à la Révolution et devait être une allusion à quelque exécution qu aura fait grand bruit dans le rayon de la fabrique qui l'a exécutée.

Cette objection est de la plus grande force selon nous, et M. Gouellain n'y donne pas une bonne réponse en disant : « Quand le condamné montait sur les degrés de la guillotine, aux plus mauvais jours de la Terreur, c'est qu'il avait refusé le secours du prêtre qui lui était présenté par ses juges. >

Hélas! dans ce temps-là, il n'y avait pas plus de prêtres que de juges, et les prétendus juges du tribunal révolutionnaire n'allaient pas chercher de prêtres pour les présenter à leurs victimes. Ils cherchaient les prêtres, mais c'était pour les envoyer aussi à la mort. Il faut bien mal se rappeler l'histoire de la Terreur pour ignorer quelle persécution sanglante ferma et saccagea les églises et dispersa le clergé. Louis XVI fut l'un des derniers qui obtinrent l'assistance d'un prêtre de son choix, fayeur qui fut refusée à la reine, et si l'assiette

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