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lum dederunt sive Parisienses, sive extranei codices, duobus tantum exceptis e nostris E et G. Vix notare est hujus capitis exstare vestigium seu frustulum in Pontii de Leone Physiologo, cap. XXI, sed deficientibus cæteris, armenii codices, uti infra videre est de api præclare meriti sunt. Prima ergo se dedit occasio, quam declinare minime licuit, accedendi ad codices E et G et lectoribus nostris proponendi qualemcumque gustum metrici hujusce Physiologi, novam que adeundi editionem, cæteris intricatiorem, ut pote quæ depravati et antiquissimi textus mendis innumeris adjecit barbaræ poetriæ inconditos rhythmos, quibus præterea in cod. E stribliginosa scripturæ fastidia ad cumulum accedunt. >

On voit que notre ignorance des travaux, des publications ou des vœux du P. Cahier et de Dom Pitra ne nous a pas déservis M. Emile Legrand et moi. Nous n'avons point publié un texte déjà publié ; nous n'avons point choisi non plus la besogne la plus facile, puisque D. Pitra caractérise à merveille les difficultés du texte que nous avons donné, et nous continuons à croire, qu'en ne devant rien à personne, nous n'avons pas été d'inutiles ouvriers, quoique venus à la dernière heure.

LA CHANSON D'ARODAPHNOUSA

AVENTURE QUI S'EST PASSÉE DANS L'ILE DE CHYPRE

AU XV SIÈCLE, ET QUI Y EST

DEVENUE LE SUJET

D'UNE CHANSON POPULAIRE.

Au tome deuxième de sa Bibliotheca medii ævi, publié en 1873 à Venise, M. Constantin Sathas a donné, pour la première fois, le récit d'un chroniqueur nommé Leontios Machæras. Le manuscrit appartient à la bibliothèque Saint-Marc de Venise. Il s'annonce ainsi : Histoire du doux pays de Chypre par Léontios Macheras. Λεοντίου Μαχαιρᾶ ἐξήγησις τῆς γλυκείας χώρας Kúπρoυ. Ce curieux monument de l'histoire et de la langue de cette île a été transcrit peu de temps après que les Turcs se furent emparés de Chypre (1473). A la difficulté du dialecte Cypriote, l'ignorance du copiste a ajouté beaucoup d'autres difficultés de lecture et d'interprétation: c'est à ces causes qu'il faut sans doute attribuer l'obscurité où ce manuscrit était demeuré. Emmanuel Bekker l'avait examiné, il en avait copié le titre et n'en avait rien dit de plus. Joseph Müller l'avait étudié avec plus de soin, mais il déclare que l'étendue de ce manuscrit et le peu de temps que lui-même avait passé à Venise, ne lui avait pas permis d'en montrer toute la valeur. M. de Mas Latrie n'en avait pas parlé; c'est à M. Sathas que revient l'honneur de cette publication.

Le père du chroniqueur Léontios Machæras, vivait à la fin du XIVe siècle, il était considéré par les souverains de l'île, et il avait une place dans leur conseil. On le voit après la mort de Pierre II, en 1382, prendre une part active à l'élection de Jacques Ier. Il eut quatre fils. Léontios, notre chroniqueur, apparaît dans l'année 1426, à la suite de Jean, dans une expédition contre les soldats égyptiens, qui avaient envahi l'île de Chypre. On le revoit sous Jean II, en 1432, il est chargé d'une mission auprès du sultan d'Icone. C'est dans ce pays que le Français Bertrandon de la Brocquière le rencontra avec son compagnon d'ambassade Lyachin Castrico: Item, dit-il, trouvay en Larande un gentilhomme de Cypre que l'en nomme Lyachin Castrico, et ung aultre que l'en nomme Lyon Maschere, qui parlaient assez bon français ('). »

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La chronique qu'il a composée part de Constantin-leGrand et s'arrête à l'année 1432. Elle n'entre vraiment dans les détails de l'histoire de Chypre qu'à partir du règne de Pierre Ier en 1360. Cet écrivain peut, par son exactitude, satisfaire les plus difficiles, et parfois il abuse de la patience du lecteur. Il porte un grand scrupule dans les minuties, non-seulement il indique l'année et le mois de chaque événement; il en désigne encore la semaine, le jour et quelquefois l'heure. Il transcrit les lettres qu'il cite, il compte les personnes qui ont assisté au fait qu'il rapporte, et souvent interrompt le fil de son récit pour introduire une liste de chevaliers obscurs dans la narration d'un événement plus obscur encore.

Diomède Strambaly l'a traduit en Italien. Il s'est contenté de dire que l'original était écrit en grec; Amadi l'a mis à profit sans le nommer, et Boustronios,

(1) De Mas Latrie, III, 3.

qui l'a souvent copié, ne l'a pas cité dans le nombre de ses auteurs (1).

De cette chronique, nous ne voulons extraire que quelques pages dont nous donnons ici la traduction. On y verra une aventure tragique où se trouvent mêlés plusieurs personnages français (2). C'est une page inté ressante et dramatique de l'histoire des mœurs des occidentaux, transplantés par la victoire dans des régions de la Grèce. Les passions qui sont en jeu dans cette scène, la jalousie, la brutalité, la vengeance, étaient bien propres à la rendre populaire, aussi l'est-elle devenue. Du temps même de Léontios Machæras, nous voyons par son témoignage qu'il n'était bruit que des amours de la Reine avec Jean de Morphe, comte de Therouka; jusqu'aux jeunes filles, tout le monde s'en entretenait καί ἐφανερώθην, τὸ πρᾶμαν εἰς ὅλην τὴν χώραν πῶς ἐγίνην τίτοια παρανομία, καὶ οὗλος ὁ λαὸς δὲν ἠξηγᾶτον ἄλλον, τόσον ὅτι ἐξηγοῦτάν το καὶ τὰ κοπελλία (3) ». Si la faute de la Reine Eléonore d'Aragon, se répandit si vite dans le peuple, quand la coupable avait tout intérêt à la cacher, ce dut être bien autre chose de la vengeance contre la malheureuse Jeanne Laléma, il y avait de quoi dans les deux cas exercer la malignité, et soulever la compassion populaire. De si cruels traitements infligés par une épouse irritée à une rivale qu'elle déteste; des inventions si atroces de la haine, l'étrange rencontre du roi et de sa maîtresse dans un couvent, le retour au palais d'un roi justement désireux de venger son honneur, les

(1) V. Constantin Sahas, t. II, p. fxɛ'.

(9) C'est le récit de la vengeance que la reine tire d'une des maîtresses du roi son mari Pierre II; celui des amours de la reine en l'absence du roi; du retour du prince instruit de la mauvaise conduite de sa femme; de la rencontre inattendue qu'il fait de sa maîtresse dans un couvent où la jalousie de la reine l'a confinée; de ses inquiétudes, de son désir de se venger, de la manière enfin dont sa colère est détournée par de trop sages conseillers sur un innocent pour tranquilliser la conscience du roi de Chypre.

(3) C. Sathas, t. II, p. 166.

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