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RUINES DE L'ÉGLISE SAINT-HIPPOLYTE KUR SAINT-HIPPOLYTE, No 8, A PARIS

RUINES DE L'ÉGLISE SAINT-HIPPOLYTE

à Paris.

Il existe, rue Saint-Hippolyte, dans le douzième arrondissement, des restes d'une église qui fut construite sous le vocable de Saint-Hippolyte. D'abord, comme beaucoup d'autres églises et même Notre-Dame de Paris, elle ne fut qu'une simple chapelle. On n'a que des données peu certaines sur l'époque de sa construction comme sur celle de son érection en paroisse; ce qu'on sait seulement, c'est qu'elle dépendait du chapitre de Saint-Marcel. Il en est fait mention dans une bulle d'Adrien IV, du 26 juin 1158. On attribue le nom qu'elle porte à la dévotion toute particulière que le bon roi Robert avait pour le Saint de ce nom, martyrisé à Rome en l'an 244, sous l'empereur Dèce, le treizième jour d'août.

Le corps de ce Saint fut déposé dès l'an 713 à Saint-Denis, où le pieux roi allait assister chaque année à l'office propre de ce saint Martyr. Il obtint du chapitre des reliques qui furent transportées en grande pompe en l'église qui était dédiée à ce Saint. Saint-Hippolyte devint probablement paroisse au XIIe siècle, à l'époque où l'on rebâtit l'église SaintMarcel. Le village qui entourait cette église devenant considérable, on lui donna le nom de bourg, et il fut séparé de celui de Saint-Médard; ce qui prouverait cette assertion,

TOME V. Novembre 1861.

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c'est qu'en 1220, le curé de Saint-Hippolyte nommait alternativement avec le chapitre de Saint-Benoit à la cure de Saint-Jacques-du-Haut-Pas.

Les reliques de Saint-Hippolyte, déposées dans l'église de ce nom, vers le XIIIe siècle, ayant été perdues, il en fut obtenu d'autres le 6 décembre 1662, Jean Havel étant prieur de l'abbaye de Saint-Denis. L'Archevêque de Paris donna le 21 juin 1664 la permission de les exposer.

En 1683, le curé de Saint-Hippolyte eut un procès contre le curé de Saint-Martin au sujet de la nomination à la cure de Saint-Jacques - du - Haut - Pas; un arrêt du Parlement debouta le curé de Saint-Martin de ses prétentions et maintint le curé de Saint-Hippolyte dans ses droits.

En 816, il y eut une peste qui désola la France. Alors pour implorer la miséricorde de Dieu, le 12 du mois de mai, les religieux de Saint-Denis et un grand concours de peuple firent pieds-nus une procession où la châsse de saint Hippolyte fut portée. La peste cessa bientôt après. La châsse était conservée dans l'église de Saint-Denis; elle était de cuivre doré, posée sur quatre piliers dans ladite chapelle.

En 1560, le clergé de Saint-Hippolyte et de Saint Marcel faisaient aussi une autre procession à Saint-Médard, en expiation du sacrilège que les Calvinistes avaient commis, en brisant une figure de Jésus-Christ qui se trouvait au-dessus de là porte de l'hôpital de Lourcine. Jean Mareau, sous-chantre et chanoine de Notre-Dame, mit une autre image par ordre d'Eustache du Bellay, archevêque de Paris.

On n'a aucun renseignement sur la chapelle du XII° siècle. Le dessin que nous donnons en tête de cet-article n'offre qu'une partie d'un des côtés de la nef, dont on remarquera les arcades en ogives et les chapiteaux du XIVe siècle.

Sur la droite on voit une tourelle qui faisait partie du por

tail, et au milieu de cette tourelle une frise ou cordon composé d'anges très bien conservés.

L'église, à part la nef, fut presque complètement rebâtie au XVIe siècle; le sanctuaire était encore plus récent et d'une construction peu régulière. Entre le chœur et ce même sanctuaire, on voyait autrefois des tombes des XIIe et XIII° siècles; malheureusement il ne reste plus que quelques pierres tombales sans intérêt aucun.

Le maître-autel, construit d'après les dessins du célèbre Lebrun, fut exécuté aux frais des paroissiens. On voyait au milieu un tableau de ce peintre représentant l'apothéose de saint Hippolyte et deux tableaux de Lesueur, qui avaient été donnés par les paroissiens.

On y remarquait aussi une chaire, dessinée et exécutée par Chales, et plusieurs œuvres de Boissat, Clément et Briard.

De l'église et des richesses qu'elle devait contenir, il ne reste plus que le fragment que nous offrons à nos lecteurs, fragment peu important à la vérité, mais que, tout modeste qu'il soit, nous voudrions pouvoir conserver. Le percement d'un nouveau boulevard va faire prochainement disparaître jusqu'au dernier vestige de l'église Saint-Hippolyte.

C'est aujourd'hui la propriété de la famille Levis, dont l'obligeance et la courtoisie à notre égard exigent tous nos remerciements. Aussi est-ce plein de confiance que nous disons à ceux qui, comme nous, voudraient adresser un dernier adieu à ces ruines: Frappez à la porte du no 8 de la rue SaintHippolyte, et vous éprouverez certainement le même plaisir que nous avons eu la première fois qu'il nous a été donné d'admirer ces précieux souvenirs d'une époque, dont les monuments deviennent de plus en plus rares.

AGLAUS BOUVENNE,

Membre des Socié.és Archéologiques de Laon et de Soissons.

PRÉCIS

DE L'HISTOIRE DE L'ART CHRÉTIEN

en France & en Belgique

DIXIÈME ARTICLE

CHAPITRE TROISIÈME.

XI SIÈCLE.

ARTICLE II. Sculpture.

Les représentations d'hommes et d'animaux, en ronde bosse ou en simple relief, sont encore rares à cette époque, dans les monuments religieux. La sculpture semble subir à la fois deux influences celle des souvenirs romains, qui produit des œuvres dépourvues de grâce et de noblesse, et celle des Byzantins, qui donne naissance à des œuvres bien imparfaites sans doute, mais où on voit poindre une véritable expression du sentiment religieux et qui font présager une prochaine rénovation de l'art. C'est à l'influence orientale qu'on attribue la profusion des broderies sur les vêtements, la longueur démesurée du corps, les yeux saillants fortement ouverts, les sourcils arqués, les détails minutieux des cheveux et l'absence de perspective dans les genoux et les pieds. Les plis des manteaux sont toujours petits, régulière

* Voir le numéro d'octobre, page 528.

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