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du lieu où elles avaient reposé depuis saint Éloi, les reliques de saint Quentin, qu'il plaça dans un beau sarcophage supporté par des petites colonnes courtes, dans le genre des tombeaux de saint Maixent, de saint Léger et de Godefroy de Bouillon.

Peu de temps après, le corps de saint Cassien, évêque d'Autun, ayant été donné à l'église de Saint-Quentin, fut placé dans la même crypte, par Gannelon ou Wanilon, archevêque de Sens, Immon, évêque de Noyon et Dreux de Metz, en présence du roi Charles-le-Chauve'.

Enfin, de 895 à 900, le char2 de saint Victorice, l'un des compagnons de saint Quentin, martyrisé à Amiens, fut donné à l'église de Saint-Quentin, par Otger, évêque d'Amiens, ancien chanoine de cette ville; il y eut alors une troisième translation et les trois tombes furent placées dans trois niches plein-cintre, saint Quentin au milieu, saint Victorice à droite, et saint Cassien à gauche.

Ces saintes Reliques restèrent ensevelies dans leurs sarcophages jusqu'au 2 septembre 1257, époque où elles furent élevées, dans des châsses, au-dessus du maître-autel de l'église de Saint-Quentin, par Thomas, archevêque de Reims, assisté des Évêques de la province, en présence du roi saint Louis et de ses deux fils, Louis, son fils aîné, et Philippe, son second fils.

Tels sont, succinctement analysés, les faits rapportés par les historiens qui ont parlé de la translation de saint Quentin, saint Cassien et saint Victorice.

On trouve aujourd'hui, sous le chœur de l'église de SaintQuentin, une chapelle souterraine, dans laquelle on descend

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Augusta viromanduorum illustrata, par CL. EMMERÉ, p. 89.

• On appelait ainsi le corps parce qu'il est pour ainsi dire la voiture de l'âme.

par deux escaliers de dix-huit degrés, placés des deux côtés du chœur. Cette chapelle, qui présente une longueur de 9" sur 450°, parait, si l'on consulte son architecture ogivale, avoir été reconstruite en partie vers le XII° siècle, à la place de la crypte bâtie par l'abbé Hugues, au IXe siècle. Les trois niches de l'ancienne crypte subsistent seules aujourd'hui (fig. 1).

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1. Plan et coupe de la crypte de l'église de Saint-Quentin.

Ce sont trois cavités maçonnées en arcs semi-circulaires, qui sont évidemment plus anciennes que la chapelle ellemême. Elles sont séparées l'une de l'autre inégalement par

trois gros murs qui avancent de 1 dans la chapelle; les caveaux élevés au-dessus du sol de 1", ont 120° de largeur, 150 de hauteur et 250 de profondeur.

La niche du milieu qui renferme le tombeau de saint Quentin (fig. 1, n° 2), est plus profonde que les deux autres (n° 1 et 3). On remarque dans la maçonnerie du caveau du milieu, deux pierres fort curieuses et de la plus haute antiquité. Ces pierres, enclavées dans le bas de la muraille, de chaque côté du caveau, rappellent par leur style, les monuments des Catacombes de Rome. L'une représente une croix

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pattée sculptée dans un cadre avec moulures. Le cadre porte: hauteur 034 sur 030.- La croix sculptée en relief mesure 009 de hauteur sur 007 de largeur; la branche du bas est montée sur une tige (fig. 2).

L'autre pierre présente à peu près le même cadre avec moulures; il n'y a rien de gravé au milieu du champ.

Dans la cavité n° 3, qui contient le sarcophage de saint Cassien, on voit sur le mur, à droite, une croix mixte, peinte et divisée par deux lignes jaune et rouge; sur le haut de la voûte, une main étendue, peinte en couleur naturelle, semble sortir d'un nimbe circulaire à fond d'azur.

Les trois voûtes étaient autrefois percées au milieu de leur partie supérieure, par trois soupiraux, qui correspondaient au milieu du chœur de l'église et qui étaient fermés de petites grilles de fer. Lorsqu'ils étaient ouverts, ils laissaient tomber sur les sarcophages une lumière douce qui les faisait ressortir au milieu de l'obscurité de la crypte.

Les caveaux étaient eux-mêmes fermés par des portes de fer qui n'existent plus, mais dont on voit encore les gonds. On retrouve aussi en avant des caveaux les barres de fer sur lesquelles sont les fiches destinées à recevoir les cierges que l'on y a, de tout temps, fait brûler en l'honneur des saints Martyrs.

Les sarcophages de saint Victorice (fig. 1, n° 1) et de saint Cassien (no 3), sont en pierre dure de Crouy, localité située près de Soissons; la partie qui sert de tombeau est creusée en forme d'auge. Le couvercle, figurant un toit à double égoût, dont le sommet a été tronqué extérieurement, est évidé intérieurement.

Ces sarcophages ne présentent extérieurement aucune moulure ni inscription; ils mesurent longueur 183, largeur 065 à l'ouverture, 0m64 de hauteur. Ils nous paraissent appartenir au IXe siècle, car outre les monuments écrits qui leur donnent la date de 845 et de 895, leur forme comparée aux tombeaux de l'abbesse Telchide, de saint Agilbert, de Clovis et de Clotilde, trouvés dans l'église Sainte

Geneviève, les classe évidemment dans la catégorie des tombeaux de la France mérovingienne.

Le sarcophage de saint Quentin qui occupe le caveau du milieu, a été fait avec une énorme colonne cannelée, de marbre blanc, dont on a enlevé et usé les cannelures, de manière à avoir le pourtour extérieur du couvercle hémicylindrique rond et poli. Les cannelures dans la partie basse du sarcophage sont encore entières (fig. 3).

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La colonne a été partagée en deux sur sa longueur; l'intérieur de la partie qui sert de fond est évidé en forme d'auge à la profondeur de 15 à 16 centimètres. Le couvercle est creusé intérieurement en demi-rond. Le tombeau mesure longueur 215; diamètre au milieu 058. Le marbre ne porte aucun ornement, si ce n'est quelques rayures simulant une moulure informe; sur le couvercle, du côté de la tête, on lit ces mots : SANCTVS QVINTINVS.

Le corps de saint Quentin a été inhumé deux fois dans un tombeau la première fois, en 558, par sainte Eusébie; la seconde fois, en 855, par l'abbé Hugues.

Si nous consultons les manuscrits de Dom Grenier, ce

TOME V

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