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en 1619; homme d'une érudition profonde. Il fit le premier des conférences sur les peres, sur les conciles, et sur l'histoire. Il oublia sur la fin de sa vie tout ce qu'il avait su, et ne se souvint plus d'avoir écrit. Mort en 1695.

THOYNARD (Nicolas), né à Orléans en 1629. Om prétend qu'il a eu grande part au traité du cardinal Noris sur les Epoques syriennes. Sa Concordance des quatre évangélistes, en grec, passe pour un ouvrage curieux. Il n'était que savant, mais il l'était profondément. Mort en 1706.

TORCI (Jean-Baptiste Colbert de), neveu du grand Colbert, ministre d'état sous Louis XIV, a laissé des mémoires depuis la paix de Risvick jusqu'à celle d'Utrecht : ils ont été imprimés pendant qu'on achevait l'édition de cet essai sur le Siecle de Louis XIV. Ils confirment tout ce qu'on y avance. Ces mémoires renferment des détails qui ne conviennent qu'à ceux qui veulent s'instruire à fond: ils sont écrits plus purement que tous les mémoires de ses prédécesseurs; on y reconnaît le goût de la cour de Louis XIV: mais leur plus grand prix est dans la sincérité de l'auteur: c'est la vérité, c'est la modération elle-même, qui ont conduit sa plume. Mort en 1746.

TOUREIL (Jacques), né à Toulouse en 1656, célebre par sa traduction de Démosthenes. Mort en 1715.

TOURNEFORT (Joseph Pitton de), né en Provence en 1656, le plus grand botaniste de son temps. Il' fut envoyé par Louis XIV en Espagne, en Angleterre, en Hollande, en Grece et en Asie pour perfectionner l'histoire naturelle. Il rapporta treize cent trente-six nouvelles especes de plantes, et il nous apprit à connaître les nôtres. Mort en 1708. LE TOURNEUX, né en 1640. Son Année chré

tienne est dans beaucoup de mains, quoique mise à Rome à l'index des livres prohibés, ou plutôt parcequ'elle y est mise. Mort en 1686.

TRISTAN (l'ermite), gentilhomme de Gaston d'Orléans, frere de Louis XIII. Le prodigieux et long succès qu'eut sa tragédie de Mariamne fut le fruit de l'ignorance où l'on était alors: on n'avait pas mieux; et quand la réputation de cette piece fut établie, il fallut plus d'une tragédie de Corneille pour la faire oublier. Il y a encore des nations chez qui des ouvrages très médiocres passent pour des chefs-d'œuvre, parcequ'il ne s'est pas trouvé de génie qui les ait surpassés. On ignore communément que Tristan ait mis en vers l'office de la Vierge, et il n'est pas étrange qu'on l'ignore. Mort en 1655. Voici son épitaphe, qu'il composa :

Je fis le chien couchant auprès d'un grand seigneur;
Je me vis toujours pauvre, et tâchai de paraître :
Je vécus dans la peine, espérant le bonheur,

Et mourus sur un coffre, en attendant mon maître.

TURENNE. Ce grand homme nous a laissé aussi des mémoires qu'on trouve dans sa vie écrite par Ramsay. Nous avons beaucoup de mémoires de nos généraux, mais ils n'ont pas écrit comme Xénophon et César.

VAILLANT (Jean Foy), né à Beauvais en 1632. Le publie lui doit la Science des médailles, et le roi, la moitié de son cabinet. Le ministre Colbert le fit voyager en Italie, en Gręce, en Égypte, en Turquie, en Perse. Des corsaires d'Alger le prirent en 1674, avec l'architecte Desgodets. Le roi les racheta tous deux. Jamais savant n'essuya plus de dangers. Mort en 1706.

VAILLANT (Jean-François), né à Rome en 1665,

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pendant les voyages de son pere; antiquaire comme lui. Mort en 1708.

VALINCOUR (Jean-Baptiste - Henri du Trousset de), né en 1653. Une épître que Despréaux lui a adressée fait sa plus grande réputation. On a de lui quelques petits ouvrages: il était bon littérateur. Il fit une assez grande fortune, qu'il n'eût pas faite s'il n'eût été qu'homme de lettres : les lettres seules, dénuées de cette sagacité laborieuse qui rend un homme utile, ne procurent presque jamais qu'une vie malheureuse et méprisée. Un des meilleurs discours qu'on ait jamais prononcés à l'académie est celui dans lequel M. de Valincour tâche de guérir l'erreur de ce nombre prodigieux de jeunes gens qui, prenant leur fureur d'écrire pour du talent, vont présenter de mauvais vers à des princes, inondent le public de leurs brochures, et qui accusent l'ingratitude du siecle, parcequ'ils sont inutiles au monde et à eux-mêmes: il les avertit que les professions qu'on croit les plus basses sont fort supérieures à celle qu'ils ont embrassée. Mort en 1730.

VALOIS (Adrien de), né à Paris en 1607; historiographe de France. Ses meilleurs ouvrages sont sa Notice des Gaules, et son Histoire de la premiere race. Mort en 1692.

VALOIS (Henri de), frere du précédent, né en 1603. Ses ouvrages sont moins utiles à des Français que ceux de son frere. Mort en 1676.

VARIGNON (Pierre), né à Caen en 1654: mathé maticien célebre. Mort en 1722.

VARILLAS (Antoine ), né dans la Marche en 1624; historien plus agréable qu'exact. Mort en 1696.

LE VASSOR (Michel), de l'oratoire. Réfugié en Angleterre. Son Histoire de Louis XIII, diffuse, pesante et satirique, a été recherchée pour beaucoup de faits singuliers qui s'y trouvent; mais c'est ›

un déclamateur odieux, qui dans l'histoire de Louis XIII ne cherche qu'à décrier Louis XIV, qui attaque les morts et les vivants: il ne se trompe que sur peu de faits, et passe pour s'être trompé dans tous ses jugements. Mort en 1718.

Vavasseur, né dans le Charolais en 1605, jésuite, grand littérateur. Il fit voir le premier que les Grecs et les Romains n'ont jamais connu le style burlesque, qui n'est qu'un reste de barbarie. Mort en 1681.

VAUBAN (le maréchal de), né en 1633. La dixme réelle qu'on lui a imputée n'est pas de lui, mais de Boisguillebert: elle n'a pu être exécutée, et est en effet impraticable. On a de lui plusieurs mémoires dignes d'un bon citoyen. Il contribua beaucoup par ses conseils à la construction du canal de Languedoc. Observons qu'il était très ignorant, qu'il l'avouait avec franchise, mais qu'il ne s'en vantait pas. Un grand courage, un zele que rien ne rebutait, un talent naturel pour les sciences de combinaisons, de l'opiniâtreté dans le travail, le coup-d'œil dans les occasions, qui ne se trouve pas toujours ni avec les connaissances ni avec le talent; telles furent les qualités auxquelles il dut sa réputation. Il a prouvé par sa conduite qu'il pouvait y avoir des citoyens dans un gouvernement absolu. Mort en 1707.

VAUGELAS (Claude Fabre de), né à Bourg-enBresse en 1585. C'est un des premiers qui ont épuré et réglé la langue, et de ceux qui pouvaient faire des vers italiens sans en pouvoir faire de français. Il retoucha pendant trente ans sa traduction de QuinteCurce. Tout homme qui veut bien écrire doit corriger ses ouvrages toute sa vie. Mort en 1650.

LE VAYER (François), né à Paris en 1588. Précepteur de Monsieur, frere de Louis XIV, et qui enseigna le roi un an. Historiographe de France,

conseiller d'état, grand pyrrhonien, et connu pour tel. Son pyrrhonisme n'empêcha pas qu'on ne lui confiât une éducation si précieuse. On trouve beaucoup de science et de raison dans ses ouvrages trop diffus. Il combaïtit le premier avec succès cette opinion qui nous sied si mal, que notre morale vaut mieux que celle de l'antiquité.

Son traité de la Vertu des païens est estimé des sages. Sa devise était :

De las cosas mas seguras

La mas segura es dudar.

comme celle de Montaigne était, Que sais-je? Mort en 1672.

VEISSIERES (Mathurin de LA CROZE), né à Nantes en 1661; bénédictin à Paris. Sa liberté de penser, et un prieur contraire à cette liberté, lui firent quitter son ordre et sa religion. C'était une bibliotheque vivante, et sa mémoire était un prodige. Outre les choses utiles et agréables qu'il savait, il en avait étudié d'autres qu'on ne peut savoir, comme l'ancienne langue égyptienne. Il y a de lui un ouvrage estimé, c'est le Christianisme des Indes: ce qu'on y trouve de plus curieux c'est que les bramins croient l'unité d'un Dieu, en laissant les idoles aux peuples. La fureur d'écrire est telle, qu'on a écrit la vie de cet homme en un volume aussi gros que la vie d'Alexandre; ce petit extrait, encore trop long, aurait suffi. Mort à Berlin en 1739.

VERGIER (Jacques ), né à Paris en 1675. Il est à l'égard de La Fontaine ce que Campistron est à Racine; imitateur faible, mais naturel. Mort assassiné à Paris par des voleurs, en 1720. On laisse entendre, dans le Moréri, qu'il avait fait une parodie

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