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l'égard de ses voisins et de ses sujets comme s'il « eût adopté la maxime d'un célebre tyran, Qu'ils « me haïssent pourvu qu'ils me craignent: il sacrifiait tout au plaisir de se venger, et de montrer « au public qu'il était redoutable; c'est le goût des &ames médiocres, de tous les enfants, et de tous « les hommes du commun. »

«

Il traite enfin Louis XIV en vingt endroits de grand enfant et lui, qui était sans contredit un vieil enfant, finit son livre par cette formule : « Pa<< radis aux bienfaisants »; mais il n'ose pas dire « Paradis aux médisants. »

A l'égard de l'abbé Sabatier, natif de Castres, qui est venu à Paris faire le métier de calomniateur pour quelque argent, il est difficile d'espérer pour lui le paradis, c'est même un grand effort que de le lui souhaiter.

SALLO (Denis de), né en 1626, conseiller au parlement de Paris, inventeur des journaux. Bayle perfectionna ce genre, déshonoré ensuite par quel ques journaux que publierent à l'envi des libraires avides, et que des écrivains obscurs remplirent d'extraits infideles, d'inepties, et de mensonges: enfin on est parvenu jusqu'à faire un trafic public d'éloges et de censures, sur-tout dans des feuilles périodiques; et la littérature a éprouvé le plus grand avilissement par ces infâmes maneges. Morten 1669.

SANDRAZ DE COURTILZ, né à Paris en 1644. On ne place ici son nom que pour avertir les Français, et sur-tout les étrangers, combien ils doivent se défier de tous ces faux mémoires imprimés en Hollande. Courtilz fut un des plus coupables écrivains de ce genre; il inonda l'Europe de fictions sous le nom d'histoires. Il étoit hien honteux qu'un capitaine du régiment de Champagne allat en Hollande vendre des mensonges aux libraires, Lui et ses imitateurs qui ont écrit tant de libelles contre leur

propre patrie, contre de bons princes qui dédaighent de se venger, et contre des citoyens qui ne le peuvent, ont mérité l'exécration publique. Il a composé la Conduite de la France depuis la paix de Nimegue, et la Réponse au même livre; l'Etat de la France sous Louis XIII et sous Louis XIV; la Conduite de Mars dans les guerres de Hollande; les Conquêtes amoureuses du grand Alcandre; les Intrigues amoureuses de la France; la Vie de Turenne; celle de l'amiral Coligni; les Mémoires de Rochefort, d'Artagnan, de Montbrun, de Vordac, de la marquise du Fréne; le Testament politique de Colbert, beaucoup d'autres ouvrages qui ont amusé et trompé les ignorants. Il a été imité par les auteurs de ces misérables brochures contre la France, le Glaneur, l'Epilogueur, et tant d'autres bêtises périodiques, que la faim a inspirées, que la sottise et le mensonge out dictées, à peine lues de la canaille. Mort à Paris en 1712.

et

SANLECQUE (Louis), né à Paris en 1650, chanoine régulier, poëte qui a fait quelques jolis vers. C'est un des effets du siecle de Louis XIV que le nombre prodigieux de poëtes médiocres dans lesquels on trouve des vers heureux; la plupart de ces vers appartiennent au temps, et non au génie. Mort en 1714.

SANSON (Nicolas), né à Abbeville en 1600; le pere de la géographie, avant Guillaume de l'Isle. Mort en 1667. Ses deux fils hériterent de son mérite.

SANTEUIL (Jean-Baptiste), né à Paris en 1630. Il passe pour excellent poëte latin, si on peut l'être, et ne pouvait faire des vers français. Ses hymnes sont chantées dans l'église. Comme je n'ai point vécu chez Mécene eutre Horace et Virgile, j'iguore

si ses hymmes sont aussi bonnes qu'on le dit; si par exemple, Orbis redemptor, nunc redemptus n'est pas un jeu de mots puérile. Je me défie beaudes vers modernes latins. Mort en 1697.

coup

SARASIN (Jean-François), né près de Caen en 1605, a écrit agréablement en prose et en vers. Mort en 1654.

SAVARI (Jacques), né en 1622, le premier qui ait écrit sur le commerce. Il avait été long-temps négociant. Le conseil le consulta sur l'ordonnance de 1670 dans tout ce qui regarde le négoce, et il en rédigea presque tous les articles. Le dictionnaire de commerce, qui est de lui et de Philémon, son frere, chanoine de Saint-Maur, fut une entreprise aussi utile que nouvelle; mais il faut regarder ces livres à-peu-près comme les intérêts des princes, qui changent en moins de cinquante ans : les objets et les canaux du commerce, les gains, les finesses, ne sont plus aujourd'hui ce qu'ils étaient du temps de Savari. Mort en 1690.

SAUMAISE (Claude de), né en Bourgogne en 1588, retiré à Leyde pour être libre, homme d'une érudition immense. On prétend que le cardinal de Richelieu lui offrit une pension de douze mille francs pour revenir en France, à condition qu'il écrirait à la gloire de ce ministre, et même qu'il écrirait sa vie; mais Saumaise aimait trop la liberté, et haïssait trop celui qu'il regardait comme le plus grand ennemi de cette même liberté, pour accepter ses offres., Le roi d'Angleterre, Charles II, l'engagea à composer le Cri du sang royal contre les parricides de Charles I. Le livre ne répondit pas à la réputation de l'auteur: Milton, auteur d'un poëme barbare, quelquefois sublime, sur la pomme d'Adam, et le modele de tous les poëmes barbares tirés de l'ancien testament, réfuta Saumaise; mais le réfuta comme

une bête féroce combat un sauvage. Ces deux ouvrages, d'un pédantisme dégoûtant, sont tombes dans l'oubli : les noms des auteurs n'ont pas péri. Mort en 1653.

"

SAURIN (Jacques), né à Nîmes en 1677. Il passa pour le meilleur prédicateur des églises réformées. Cependant on lui reproche, comme à tous ses confreres, ce qu'on appelle le style réfugié. « Il est dif« ficile, dit-il, que ceux qui ont sacrifié leur patrie à leur religion parlent leur langue avec pureté, etc. » De son temps cependant le français ne s'était pas corrompu en Hollande comme il l'est aujourd'hui: Bayle n'avait point le style réfugié; il ne péchait que par une familiarité qui approche quelquefois de la bassesse. Les défauts du langage des pasteurs calvinistes venaient de ce qu'ils copiaient les phrases incorrectes des premiers réformateurs; de plus, presque tous ayant été élevés à Saumur, en Poitou, en Dauphiné, ou en Languedoc, ils conservaient les manieres de parler vicieuses de la province. On créa pour Saurin une place de ministre de la noblesse à la Haye. Il était savant et homme de plaisir. Mort en 1730.

SAURIN (Joseph), né près d'Orange en 1658, de l'académie des sciences. C'était un génie propre à tout; mais on n'a de lui que des extraits du Journal des Savants, quelques mémoires de mathématiques, et son fameux Factum contre Rousseau. Ce procès si malheureusement célebre fit rechercher toute sa vie, et servit à susciter contre lui les plus infâmes accusations. Rousseau, réfugié en Suisse, et sachant que son ennemi avait été pasteur de l'église réformée à Bercher, dans le bailliage d'Yverdun, remua tout pour avoir des témoignages contre lui. Il faut savoir que Joseph Saurin, dégoûté de son ministere, livré à la philosophie et aux ma

thématiques, avait préféré la France, sa patrie, la ville de Paris, et l'académie des sciences, au village de Bercher. Pour remplir ce dessein il avait fallu rentrer dans le sein de l'église romaine, et il y rentra dès l'année 1690. L'évêque de Meaux, Bossuet, crut avoir converti un ministre, et il ne fit que servir à la petite fortune d'un philosophe. Saurin retourna en Suisse plusieurs années après pour y recueillir quelques biens de sa femme, qu'il avait persuadée de quitter aussi la religion réformée. Les magistrats le décréterent de prise de corps, comme un pasteur apostat qui avait fait apostasier sa femme. Cela se passait en 1712, après le fameux procès de Rousseau: et Rousseau était à Soleure précisément dans ce temps-là. Ce fut alors que les accusations les plus flétrissantes éclaterent contre Saurin: on lui imputa d'anciens délits qui auraient mérité la corde; on produisit ensuite contre lui une ancienne lettre, dans laquelle il avait fait lui-même, disait-on, la confession de ses crimes à un pasteur de ses amis : enfin, pour comble d'indignité, on cat la cruelle bassesse d'imprimer ces accusations et cette lettre dans plusieurs journaux, dans les suppléments de Bayle, dans celui de Moréri; nouveau moyen malheureusement inventé pour flétrir un homme dans l'Europe. C'est étrangement avilir la littérature que de faire d'un dictionnaire un greffe criminel, et de souiller d'opprobres scandaleux des ouvrages qui ne doivent être que le dépôt des sciences: ce n'était pas sans doute l'intention des premiers auteurs de ces archives de la littérature, qu'on a depuis infectées de tant d'additions aussi erronées qu'odieuses. L'art d'écrire est devenu souvent un vil métier, dans lequel des libraires, qui ne savent pas lire, paient des mensonges et des futilités à tant la feuille à des écrivains

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