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le plus révolté certains lecteurs dans ses Pensées, c'est l'air despotique et méprisant dont il débute: il ne fallait commencer que par avoir raison. Au reste la langue et l'éloquence lui doivent beausoup. Les ennemis de Pascal et d'Arnauld firent supprimer leurs éloges dans le livre des Hommes illustres de Perrault: sur quoi on cita ce passage de Tacite, Præfulgebant Cassius et Brutus eo ipso quod eorum effigies non visebantur. Mort

en 1662.

PATIN (Gui), né à Houdan en 1601, médecin, plus fameux par ses lettres médisantes que par sa médecine. Son recueil de lettres a été lu avec avidité, parcequ'elles contiennent des nouvelles et des anecdotes, que tout le monde aime, et des satires, qu'on aime davantage. Il sert à faire voir combien les auteurs contemporains qui écrivent précipitamment les nouvelles du jour sont des guides infideles pour l'histoire: ces nouvelles se trouvent souvent fausses ou défigurées par la malignité; d'ailleurs cette multitude de petits faits n'est guere précieuse qu'aux petits esprits. Mort en 1672.

PATIN (Charles), né à Paris en 1633, fils de Gui Patin. Ses ouvrages sont lus des savants, et les lettres de son pere le sont des gens oisifs. Charles Patin, très savant antiquaire, quitta la France, et mourut professeur en médecine à Padoue en 1693.

PATRU (Olivier), né à Paris en 1604, le premier qui ait introduit la pureté de la langue dans le barreau. Il reçut dans sa derniere maladie une gratification de Louis XIV, à qui l'où dit qu'il n'était pas riche. Mort en 1681.

PAVILLON (Étienne), né à Paris en 1632, avocat-général au parlement de Metz, connu par

quelques poésies écrites naturellement. Mort en ཟླ ༡༠5.

PÉLISSON-FONTANIER ( Paul ), né calviniste à Béziers en 1624, poëte médiocre, à la vérité, inais homme très savant et très éloquent; premier commis et confident du surintendant Fouquet ; mis à la Bastille en 1661: il y resta quatre ans et demi pour avoir été fidele à son maître. Il passa le reste de sa vie à prodiguer des éloges au roi qui lui avait ôté sa liberté : c'est une chose qu'on ne voit que dans les monarchies. Beaucoup plus courtisan que philosophe, il changea de religion, et fit sa fortune. Maître des comptes, maître des requêtes, et abbé, il fut chargé d'employer le revenu du tiers des économats à faire quitter aux huguenots leur religion, qu'il avait quittée. Son histoire de l'académie fut très applaudie. On a de lui beaucoup d'ouvrages, des Prieres pendant Ta messe, un Recueil de pieces galantes, un traité sur l'Eucharistie, beaucoup de vers amoureux à Olimpe: cette Olimpe était mademoiselle des-Vieux, qu'on prétend avoir épousé le celebre Bossuet avant qu'il entrât dans l'église; mais ce qui a fait le plus d'honneur à Pélisson ce sont ses excellents discours pour M. Fouquet, et son Histoire sur la conquête de la Franche-Comté. Les protestants ont prétendu qu'il était mort avec indifférence; les catholiques ont soutenu le contraire, et tous sont convenus qu'il mourut sans sacrements. Mort en 1693.

PERRAULT (Claude), né à Paris en 1613. Il fut médecin; mais il n'exerça la médecine que pour ses amis. Il devint, sans aucun maître, habile dans tous les arts qui ont rapport au dessin et dans les mécaniques. Bon physicien, grand architecte il encouragea les arts sous la protec

tion de Colbert, et eut de la réputation malgré Boileau. Il a publié plusieurs mémoires sur l'anatomie comparée, dans les recueils de l'académie des sciences, et une magnifique édition de Vitruve; la traduction et les dessins qui l'embellissent sont également ses ouvrages. Mort en 1688.

PERRAULT (Charles), né en 1633, frere de Claude. Contrôleur général des bâtiments sous Colbert, donna la forme aux académies de peinture, de sculpture et d'architecture. Utile aux gens de lettres, qui le rechercherent pendant la vie de son protecteur, et qui l'abandonnerent ensuite. On lui a reproché d'avoir trouvé trop de défauts dans les anciens; mais sa grande faute est de les avoir critiqués mal-adroitement, et de s'être fait des ennemis de ceux même qu'il pouvait opposer aux anciens. Cette dispute a été et sera longtemps une affaire de parti comme elle l'était du temps d'Horace. Que de gens encore en Italie qui, ne pouvant lire Homere qu'avec dégoût, et lisant tous les jours l'Arioste et le Tasse avec transport, appellent encore Homere incomparable! Mort en 1703.

N. B. Il est dit dans les Anecdotes littéraires, tome II, page 27, qu'Addisson ayant fait présent de ses ouvrages à Despréaux, celui-ci lui répondit qu'il n'aurait jamais écrit contre Perrault s'il eût vu de si excellentes pieces d'un moderne. Comment peut-on imprimer un tel mensonge? Boileau ne savait pas un mot d'anglais : aucun Français n'étudiait alors cette langue: ce n'est que vers l'an 1730 qu'on commença à se familiariser avec elle. Et d'ailleurs, quand même Addisson, qui s'est moqué de Boileau, aurait été connu de lui, pourquoi Boileau n'aurait-il pas écrit contre Perrault en faveur des anciens dont Addisson

fait l'éloge dans tous ses ouvrages? Encore une fois défions-nous de tous ces ana, de toutes ces petites anecdotes. Un sûr moyen de dire des sottises est de répéter au hasard ce qu'on a en

tendu dire.

PETAU (Denis), né à Orléans en 1583, jésuite. Il a réformé la chronologie. On a de lui soixante et dix ouvrages. Mort en 1652.

PETIS DE LACROIX (François), l'un de ceux dont le grand ministre Colbert encouragea et récompensa le mérite. Louis XIV l'envoya en Turquie et en Perse à l'âge de seize ans pour apprendre les langues orientales. Qui croirait qu'il a composé une partie de la vie de Louis XIV en arabe, et que ce livre est estimé dans l'orient? On a de lui l'Histoire de Gengis-kan et de Tamerlan, tirée des anciens auteurs arabes, et plusieurs livres utiles; mais sa traduction des Mille et un jours est ce qu'on lit le plus :

L'homme est de glace aux vérités,

Il est de feu pour le mensonge.

Mort en 1713.

PETIT (Pierre), né à Paris en 1617, philosophe et savant. Il n'a écrit qu'en latin. Mort en 1687.

PEZRON (Paul), de l'ordre de Cîteaux, né en Bretagne en 1639; grand antiquaire., qui a travaillé sur l'origine de la langue des Celtes. Mort en 1706.

PIN (Louis du), né en 1657, docteur de Sor bonne. Sa Bibliotheque des auteurs ecclésiastiques lui a fait beaucoup de réputation et quelques ennemis. Mort en 1719.

PLACETTE (Jean), de Béarn, né en 1639; ministre protestant à Copenhague et en Hollande;

estimé pour ses divers ouvrages. Mort à Utrecht en 1718.

POLIGNAC (Melchior de ), cardinal, né au Puy en Vélay en 1662; aussi bon poëte latin qu'on peut l'être dans une langue morte; très éloquent dans la sienne; l'un de ceux qui ont prouvé qu'il est plus aisé de faire des vers latins que des vers français. Malheureusement pour lui en combattant Lucrece il combat Newton. Mort en 1741. DE PONTIS. Ses mémoires ont été tellement en vogue, qu'il est nécessaire de dire que cet homme, qui a fait tant de belles choses pour le service du roi, est le seul qui en ait jamais parlé. Aussi ses mémoires ne sont pas de lui; ils sont de du Fossé, écrivain de Port-Royal. Il feint que son héros portait le nom de sa terre en Dauphiné: il n'y a point en Dauphiné de seigneurie de Pontis; il est même fort douteux que Pontis ait existé. Le dictionnaire historique portatif, en quatre volumes, assure que ces mémoires sont vrais : ils sont cependant remplis de fables, comme l'a démoutré le P. d'Avrigny dans la préface de ses mémoires historiques.

élo

PORÉE (Charles), né en Normandie en 1675, jésuite; du petit nombre de professeurs qui ont eu de la célébrité chez les gens du monde ; quent dans le goût de Séneque; poëte et très bel esprit. Son plus grand mérite fut de faire aimer les lettres et la vertu à ses disciples. Mort en 174г.

LA PORTE, premier valet de chambre de la reinemere, et quelque temps de Louis XIV; mis en prison par le cardinal de Richelien, et menacé de la mort pour le forcer à trahir les secrets de sa maîtresse, qu'il ne trahit point. Dans la foule des mémoires qui développent l'histoire de cet âge ceux de la Porte ne sont pas à mépriser; ils sont

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