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ces grandes assemblées, et que du sein des passions, de l'intérêt, et de la cruauté même, il peut encore sortir de bonnes lois. Mort en 1728.

DES LIONS (Jean), né à Pontoise en 1615, docteur de Sorbonne, homme singulier, auteur de plusieurs ouvrages polémiques. Il voulut prouver que les réjouissances à la fête des rois sont des profanations, et que le monde allait bientôt finir. Mort en 1700.

DE L'ISLE (Guillaume), né à Paris en 1675, a réformé la géographie, qui aura long-temps besoin d'être perfectionnée. C'est lui qui a changé toute la position de notre hémisphere en longitude: il a enseigné à Louis XV la géographie, et n'a point fait de meilleur éleve. Ce monarque a composé après la mort de son maître un traité du cours de tous les fleuves. Guillaume de l'Isle est le premier qui ait eu le titre de premier géographe du roi: Mort en 1726.

LE LONG (Jacques), né à Paris en 1655, de l'oratoire. Sa Bibliotheque historique de la France est d'une grande recherche, et d'une grande utilité, à quelques fautes près. Mort en 1721.

LONGE-PIERRE (Hilaire Bernard de Requeleyne, baron de), né en Bourgogne en 1658. Il possédait toutes les beautés de la langue grecque, mérite très rare en ce temps-là: on a de lui des traductions en vers d'Anacréon, Sapho, Bion, et Moschus; sa tragédie de Médée, quoiqu'inégale et trop remplie de déclamations, est fort supérieure à celle de Pierre Corneille; mais la Médée de Corneille n'était pas de son bon temps. Longe-Pierre fit beaucoup d'autres tragédies d'après les poëtes grecs, et il les imita en ne mêlant point l'amour à ces sujets séveres et terribles; mais aussi il les imita dans la prolixité des lieux communs, et dans le vide d'ac

tion et d'intrigue, et ne les égala point dans la beauté de l'élocution, qui fait le grand mérite des poëtes. Il n'a donné au théâtre que Médée et Électre. Mort en 1721.

LONGUERUE (Louis Dufour de), né à Charleville en 1652, abbé du Jard. Il savait outre les langues savantes toutes celles de l'Europe. Apprendre plusicurs langues médiocrement, c'est le fruit du travail de quelques années; parler purement et éloquemment la sienne, le travail de toute la vie. Il savait l'histoire universelle ; et on prétend qu'il composa de mémoire la Description historique et géographique de la France ancienne et moderne. Mort vers l'an 1733.

LONGUEVAL (Jacques), né en 1681, jésuite. Il a fait huit volumes de l'Histoire de l'église gallicane, continuée par le P. Fontenay. Mort en 1735.

LAUBERE (Simon de la), né à Toulouse en 1642, et envoyé à Siam en 1687. On a de lui des mémoires de ce pays meilleurs que ses sonnets et ses odes, Mort en 1729,

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Il y a un jésuite du même pays et du même nom. savant mathématicien, mais qui n'est plus connu que pour avoir voulu partager avec Pascal la gloire d'avoir résolu les problêmes sur la cycloïde...

MABILLON (Jean), né en Champagne en 1632, bénédictin. C'est lui qui, étant chargé de montrer le trésor de Saint-Denis, demanda à quitter cet emploi, « parcequ'il n'aimait pas à mêler la fable << avec la vérité ». Il a fait de profondes recherches: Colbert l'employa à rechercher les anciens titres. Mort en 1707.

MAIGNAN (Emmanuel), né à Toulouse en 1601, minime. L'un de ceux qui ont appris les mathéma tiques sans maître; professeur de mathématiques à S. DE LOUIS XV. 5.

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Rome, où il y a toujours eu depuis un professeur minime français: mort à Toulouse en 1676.

MAILLET (Benoît de), consul au grand Caire. On a de lui des lettres instructives sur l'Égypte, et des ouvrages manuscrits d'une philosophie hardie. L'ouvrage intitulé Telliamed est de lui, ou du moins a été fait d'après ses idées: on y trouve l'opinion que la terre a été toute couverte d'eau ; opinion adoptée par M. de Buffon, qui l'a fortifiée de preuves nouvelles : mais ce n'est et ce ne sera longtemps qu'une opinion; il est même certain qu'il existe de grands espaces où l'on ne trouve aucun vestige du séjour des eaux, d'autres où l'on n'apperçoit que des dépôts laissés par les eaux terrestres. Mort en 1738.

MAIMBOURG (Louis), jésuite, né en 1610. Il y a encore quelques unes de ses histoires qu'on ne lit pas sans plaisir. Il eut d'abord trop de vogue, et on l'a trop négligé ensuite. Ce qui est singulier, c'est qu'il fut obligé de quitter les jésuites pour avoir écrit en faveur du clergé de France. Mort à Saint-Victor en 1686.

MAINARD (François), président d'Aurillac, né à Toulouse vers 1582. On peut le compter parmi ceux qui ont annoncé le siecle de Louis XIV. Il reste de lui un assez grand nombre de vers heureux purement écrits. C'est un des auteurs qui s'est plaint le plus de la mauvaise fortune attachée aux talents: il ignorait que le succès d'un bon ouvrage est la seule récompense digue d'un artiste; que, si les princes et les ministres veulent se faire honneur en récompensant cette espece de mérite, il y a plus d'honneur encore d'attendre ces faveurs sans les demander; et que si un bon écrivain ambitionne la fortune, il doit la faire soi-même.

Rien n'est plus connu que son beau sonnet

pour le cardinal de Richelieu, et cette réponse dure du ministre, ce mot cruel, rien. Le président Mainard, retiré enfin à Aurillac, fit ces vers, qui méritent autant d'être connus que son sonnet:

Par votre humeur le monde est gouverné;
Vos volontés font le calme et l'orage;
Vous vous riez de me voir confiné
Loin de la cour dans mon petit ménage :
Mais n'est-ce rien que d'être tout à soi,
De n'avoir point le fardeau d'un emploi,
D'avoir domté la crainte et l'espérance?
Ah! si le ciel, qui me traîte si bien,
Avait pitié de vous et de la France,
Votre bonheur serait égal au mien.

Depuis la mort du cardinal il dit dans d'autres vers que le tyran est mort, et qu'il n'en est pas plus heureux. Si le cardinal lui avait fait du bien, ce ministre eût été un dieu pour lui; il n'est un tyran que parcequ'il ne lui donna rien: c'est trop ressembler à ees mendiants qui appellent les passants monseigneur, et qui les maudissent s'ils n'en reçoivent point d'aumône. Les vers de Mainard étaient fort beaux: il eût été plus beau de passer sa vie sans demander et sans murmurer. L'épitaphe qu'il fit pour lui-même est dans la bouche de tout le monde :

Las d'espérer et de me plaindre

Des Muses, des grands, et du sort,
C'est ici que j'attends la mort,

Sans la desirer ni la craindre.

Les deux derniers vers sont la traduction de cet ancien vers latin,

Summum nec metuas diem nec optes.

La plupart des beaux vers de morale sont des traductions. Il est bien commun de ne pas desirer la mort; il est bien rare de ne pas la craindre, et il eût été grand de ne pas seulement songer s'il y a des grands au monde. Mort en 1646.

MAINTENON (Françoise d'Aubigné Scarron, marquise de). Elle est auteur, comme madame de Sévigné, parcequ'on a imprimé ses lettres après sa mort. Les unes et les autres sont écrites avec beaucoup d'esprit, mais avec un esprit différent : le cœur et l'imagination ont dicté celles de madame de Sévigné; elles ont plus de gaieté, plus de liberté : celles de madame de Maintenon sont plus contraintes; il semble qu'elle ait toujours prévu qu'elles seraient un jour publiques. Madame de Sévigué, en écrivant à sa fille, n'écrivait que pour sa fille. 'On trouve quelques anecdotes dans les unes et dans les autres: on voit par celles de madame de Maintenon qu'elle avait épousé Louis XIV; qu'elle influait dans les affaires d'état, mais qu'elle ne les gouvernait pas; qu'elle ne pressa point la révocation de l'édit de Nantes et ses suites, mais qu'elle ne s'y opposa point; qu'elle prit le parti des molinistes parceque Louis XIV l'avait pris, et qu'ensuite elle s'attacha à ce parti; que Louis XIV, sur la fin de sa vie, portait des reliques, et beaucoup d'autres particularités. Mais les connaissances qu'on peut puiser dans ce recueil sont trop achetées par la quantité de lettres inutiles qu'il renferme; défaut commun à tous ces recueils. Si l'on n'imprimait que l'utile il y aurait cent fois moins de livres. Morte à Saint-Cyr en 1719.

Un nommé la Beaumelle, qui a été précepteur à Geneve, a fait imprimer des mémoires de Maintenon remplis de faussetés.

MALEZIEU (Nicolas), né à Paris en 1659. Les

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