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LE GRAND (Joachim), né en Normandie en 1653, éleve du P. le Cointe. Il a été l'un des hommes les plus profonds dans l'histoire. Mort en 1733.

GRECOURT, chanoine de Tours. Son poëme de Philotanus eut un succès prodigieux. Le mérite de ces sortes d'ouvrages n'est d'ordinaire que dans le choix du sujet, et dans la malignité humaine : ce n'est pas qu'il n'y ait quelques vers bien faits dans ce poëme. Le commencement en est très heureux; mais la suite n'y répond pas. Le diable n'y parle pas aussi plaisamment qu'il est amené. Le style est bas, uniforme, sans dialogue, sans graces, sans finesse, sans pureté, sans imagination dans l'expression; et ce n'est enfin qu'une histoire satirique de la bulle Unigenitus en vers burlesques, parmi lesquels il s'en trouve de très plaisants, Mort en 1743.

GUERET (Gabriel), né à Paris en 1641, connu dans son temps par son Parnasse réformé, et par la Guerre des auteurs. Il avait du goût; mais son discours, Si l'empire de l'éloquence est plus grand que celui de l'amour, ne prouverait pas qu'il en eût. Il a fait le Journal du Palais conjointement avec Blondeau : ce journal du palais est un recueil des arrêts des parlements de France, jugements souvent différents dans des causes semblables. Rien ne fait mieux voir combien la jurisprudence a besoin d'être réformée que cette nécessité où l'on est de recueillir des arrêts. Mort en 1688.

DU GUET (Jacques-Joseph), né en Forez en 1649; l'une des meilleures plumes du parti janséniste. Son livre de l'Education d'un roi n'a point été fait pour le roi de Sardaigne, comme on l'a dit, et il a été achevé par une autre main. Le style de du Guet est formé sur celui des bons écri

vains de Port-Royal. Il aurait pu comme eux rendre de grands services aux lettres; trois volumes sur vingt-cinq chapitres d'Isaie prouvent qu'il n'était a vare ni de son temps ni de sa plume. Mort en 1733.

DU GUÉ-TROUIN, né à Saint-Malo en 1673; d'armateur devenu lieutenant-général des armées navales, l'un des plus grands hommes en son genre, a donné des mémoires écrits du styled'un soldat, et propres à exciter l'émulation chez ses compatriotes. Mort en 1736,

DU HALDE, jésuite, quoiqu'il ne soit point sorti de Paris, et qu'il n'ait point su le chinois, a donné sur les mémoires de ses confreres la plus ample et la meilleure description de l'empire de la Chine qu'on ait dans le monde. Mort en 1743.

L'insatiable curiosité que nous avons de connaître à fond la religion, les lois, les mœurs des Chinois n'est point encore satisfaite : un bourgmestre de Midelbourg, nommé Hudde, homme très riche, guidé par cette seule curiosité, alla à la Chine vers l'an 1700 : il employa une grande partie de son bien à s'instruire de tout. Il apprit si parfaitement la langue qu'on le prenait pour un chinois; heureusement pour lui la forme de son visage ne le trahissait pas. Enfin il sut parvenir au grade de mandarin; il parcourut toutes les provinces. en cette qualité, et revint ensuite en Europe avec un recueil de trente années d'observations:, elles ont été perdues dans un naufrage; c'est peut-être la plus grande perte qu'ait faite la république des lettres.

DU HAMEL (Jean-Baptiste), de Normandie, né en 1624, secrétaire de l'académie des sciences. Quoique philosophe, il était théologien. La philosophie, qui s'est perfectionnée depuis lui, a nui à ses ouvrages, mais son nom a subsisté. Mort en 1706.

Le comte D'HAMILTON ( Antoine ), né à Caen. On a' de lui quelques jolies poésies, et il est le premier qui ait fait des romans dans un goût plaisant, qui n'est pas le burlesque de Scarron. Ses Mémoires du comte de Grammont, son beau-frere, sont de tous les livres celui où le fonds le plus mince est paré du style le plus gai, le plus vif et le plus agréable; c'est le modele d'une conversation enjouée, plus que le modele d'un livre. Son héros n'a guere d'autres rôles dans ses mémoires que celui de fripponner ses amis au jeu, d'être volé par son valet de chambre, et de dire quelques prétendus bons mots sur les aventures des autres.

HARDOUIN (Jean), jésuite, né à Quimper en 1646, profond dans l'histoire, et chimérique dans les sentiments. « Il faut s'enquérir, dit Montaigne, « non quel est le plus savant, mais le mieux savant». Hardouin poussa la bizarrerie jusqu'à prétendre que l'Eneide et les Odes d'Horace ont été composées par des moines du treizieme siecle : il veut qu'Enée soit Jésus-Christ; et Lalagé, la maîtresse d'Horace, la religión chrétienne. Le même discernement qui faisait voir au P. Hardouin le Messie dans Énée, lui découvrait des athées dans les PP. Thomassin, Quesnel, Mallebranche, dans Arnauld, dans Nicole et Pascal. Sa folie ôta à sa calomnie toute son atrocité; mais tous ceux qui renouvellent cette accusation d'athéisme contre des sages ne sont pas toujours reconnus pour fous, et sont souvent très dangereux: on a vu des hommes abuser de leur ministere en employant ces armes contre lesquelles il n'y a point de bouclier, pour perdre sans ressource des personnes respectables auprès des princes trop peu instruits. Mort en 1729.

HECQUET, médecin, mitau jour, en 1722, le systè me raisonné de la Trituration; idée ingénieuse qui

n'explique pas la maniere dont se fait la digestion. Les autres médecins y ont joint le suc gastrique et la chaleur des visceres; mais nul n'a pu découvrir le secret de la nature qui se cache dans toutes ses opérations.

HELVETIUS, fameux médecin,quia très bien écrit sur l'économie animale et sur la fievre. Mort vers l'an 1750. Il était pere d'un vrai philosophe, qui renonça à la place de fermier-général pour cultiver les lettres, et qui a eu le sort de plusieurs philosophes, persécuté pour un livre et pour sa vertu.

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HENAULT, connu par le sonnet de l'Avorton, par d'autres pieces, et qui aurait une très grande réputation si les trois premiers chants de sa traduction de Lucrece, qui furent perdus, avaient paru et avaient été écrits comme ce qui nous est resté du commencement de cet ouvrage. Mort en 1682. Au reste la postérité ne le confondra pas avec un homme du même nom et d'un mérite supérieur, qui nous devons la plus courte et la meilleure histoire de France, et peut-être la seule maniere dont il faudra désormais écrire toutes les grandes histoires; car la multiplicité des faits et des écrits devient si graude, qu'il faudra bientôt tout réduire aux extraits et aux dictionnaires : mais il sera difficile d'imiter l'auteur de l'Abrégé chronologique, d'approfondir tant de choses en paraissant les effleurer.

HENAULT, président aux enquêtes du parlement, surintendant de la maison de la reine, de l'académie française, né à Paris vers l'an 1686. Nous avons déja parlé de son livre utile de l'Abrégé de l'histoire de la France. Les recherches pénibles qu're telle étude doit avoir coûté ne l'ont pas empêché de sacrifier aux graces, et il a été du très petit nombre de savants qui ont joint aux travaux utiles les agréments. de la société qui ne s'acquierent point. Il a été dans

l'histoire ce que Fontenelle a été dans la philosophie; il l'a rendue familiere : aussi lui avons-nous rendu, comme à Fontenelle, justice de son vivant. Mort en 1770.

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HERBELOT (Barthélemi), né à Paris en 1625, le premier parmi les Français qui connut bien les langues et les histoires orientales': peu célebre d'abord dans sa patrie; reçu par le grand-duc de Toscane, Ferdinand II, avec une distinction qui apprit à la France à connaître son mérite; rappelé ensuite, et encouragé par Colbert, qui encourageait tout. Sa Bibliotheque orientale est aussi curieuse que profonde. Mort en 1695.

HERMANT (Godefroi), né à Beauvais en 1616. Il n'a fait que des ouvrages polémiques, qui s'anéantissent avec la dispute. Mort en 1690.

HERMANT (Jean), né à Caen en 1650, auteur de l'Histoire des conciles, des ordres religieux, des hérésies. Gette Histoire des hérésies ne vaut pas celle de M. Pluquet. Mort en 1725.

LA HIRE (Philippe), né à Paris en 1640, fils d'un bon peintre. Il a été un savant mathématicien, et a beaucoup contribué à la fameuse méridienne de France. Mort en 1718.

D'HOSIER (Pierre), né à Marseille en 1592, fils d'un avocat. Il fut le premier qui débrouilla les généalogies, et qui en fit une science. Louis XIII le fit gentilhomme servant, maître-d'hôtel, et gentilhomme ordinaire de sa chambre; Louis XIV lui donna un brevet de conseiller d'état. De véritablement grands hommes ont été bien moins récompensés; leurs travaux n'étaient pas si nécessaires à la vanité humaine. Mort en 1660.

L'HOSPITAL (François, marquis de), né en 1661, le premier qui ait écrit en France sur le calcul in

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