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sceaux, écarta la persécution qui allait éclater contre Fontenelle; et ce philosophe le fait assez entendre dans l'éloge du garde des sceaux d'Argenson, prononcé dans l'académie des sciences. Cette anecdote est plus curieuse que tout ce qu'a dit l'abbé Trublet de Fontenelle. Mort le 9 janvier 1757, âgé de cent ans moins un mois et deux jours.

FORBIN (Claude, chevalier de), chef d'escadre en France, grand amiral du roi de Siam. Il a laissé des mémoires curieux qu'on a rédigés, et l'on peut juger entre lui et du Guay-Trouin. Mort en 1733.

LA FOSSE (Antoine de), né en 1658. Manlius est sa meilleure piece de théâtre. Mort en 1708.

FRAGUIER (Claude), né à Paris en 1666, bon littérateur et plein de goût. Il a mis la philosophie de Platon en bons vers latins: il eût mieux valu faire de bons vers français. On a de lui d'excellentes dissertations dans le recueil utile de l'académie des belles-lettres. Mort en 1728.

FURETIERE (Antoine), né en 1620, fameux par son dictionnaire et par sa querelle. Mort en 1688.

GACON (François), né à Lyon en 1667, mis par le P. Niceron dans le catalogue des hommes illustres, et qui n'a été fameux que par de grossieres plaisanteries qu'on appelle brevets de la calotte. Ces turpitudes ont pris leur source dans je ne sais quelle association qu'on appelait le régiment des fous et de la calotte. Ce n'est pas là assurément du bon goût. Les honnêtes gens ne voient qu'avec mépris de tels ouvrages et leurs auteurs, qui ne peuvent être cités que pour faire abhorrer leur exemple. Gacon n'écrivit presque que de mauvaises satires en mauvais vers contre les auteurs les plus estimés de son temps. Ceux qui n'en écrivent aujourd'hui qu'en mauvaise prose sont encore plus méprisés que lui. On n'en parle ici que pour inspi

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rer le même mépris envers ceux qui pourraient l'imiter. Mort en 1725.

GALLAND (Antoine), né en Picardie en 1646. Il apprit à Constantinople les langues orientales, et traduisit une partie des contes arabes qu'on connaît sous le titre des Mille et une nuits: il y mit beaucoup du sien: c'est un des livres les plus connus en Europe, il est amusant pour toutes les nations. Mort en 1715.0

L'abbé GALLOIS (Jean), né à Paris en 1632, savant universel, fut le premier qui travailla au journal des Savants avec le conseiller-clerc Sallo, qui avait conçu l'idée de ce travail. Il enseigna depuis un peu de latin au ministre d'état Colbert, qui, malgré ses occupations, crut avoir assez de temps pour apprendre cette langue; il prenait sur-tout ses leçons en carrosse dans ses voyages de Versailles à Paris. On disait, avec vraisemblance, que c'était en vue d'être chancelier. On peut observer que les deux hommes qui ont le plus protégé les lettres ne savaient pas le latin, Louis XIV et M. Colbert. On prétend que l'abbé Gallois disait : « M. Colbert veut quelquefois << se familiariser avec moi, mais je le repousse par << le respect ». On attribue ce même mot à Fontenelle à l'égard du régent: il est plus dans le caractere de Fontenelle, et le régent avait dans le sien plus de familiarité que Colbert. Mort en 1707.

TYGASSENDI (Pierre), né en Provence en 1592, restaurateur d'une partie de la physique d'Épicure. Il sentit la nécessité des atomes et du vide. Newton et ⚫ d'autres ont démontré depuis ce que Gassendi avait affirmé. Il eut moins de réputation que Descartes, parcequ'il était plus raisonnable et qu'il n'était pas inventeur; mais on l'accusa, comme Descartes, d'athéisme. Quelques uns crurent que celui qui admettait le vide, comme Épicure, niait un Dieu,

comme lui: c'est ainsi que raisonnent les calommiateurs. Gassendi en Provence, où l'on n'était point jaloux de lui, était appelé le saint Prétre; à Paris quelques envieux l'appelaient l'athée. Il est vrai qu'il était sceptique, et que la philosophie lui avait appris à douter de tout, mais non pas de l'existence d'un Etre suprême. Il avait avancé long-temps avant Locke, dans une grande lettre à Descartes, qu'on ne connaît point du tout l'ame, que Dieu peut accorder la pensée à l'autre être inconnu qu'on nomme matiere, et la lui conserver éternellement. Mort en 1656.

GEDOUIN, Chanoine de la Sainte-Chapelle à Paris, auteur d'une excellente traduction de Quintilien et de Pausanias. Il était entré chez les jésuites à l'âge de quinze ans, et en sortit dans un àge mûr. Il était si passionné pour les bons auteurs de l'antiquité qu'il aurait voulu qu'on eût pardonné à leur religion en faveur des beautés de leurs ouvrages et de leur mythologie: il trouvait dans la fable une philosophie naturelle, admirable, et des emblèmes frappants de toutes les opérations de la divinité. Il croyait que l'esprit de toutes les nations s'était rétréci, et que la grande poésie et la grande éloquence avaient disparu du monde avec la mythologie des Grecs. Le poëme de Milton lui paraissait un poëme barbare et d'un fanatisme sombre et dégoûtant, dans lequel le Diable hurle sans cesse contre le Messie. Il écrivit sur ce sujet quatre dissertations très curieuses; on croit qu'elles seront bientôt imprimées. Mort en 1744.

N. B. On a imprimé dans quelques dictionnaires que Ninon lui accorda ses faveurs à quatre-vingts ans: en ce cas on aurait dû dire plutôt que l'abbé Gedouin lui accorda les siennes ; mais c'est un conte ridicule : ce fut à l'abbé de Châteauneuf que Ninon

donna un rendez-vous pour le jour auquel elle aurait soixante ans accomplis.

LE GENDRE (Louis), né à Rouen en 1659, a fait une Histoire de France. Pour bien faire cette histoire il faudrait la plume et la liberté du président de Thou, et il serait encore très difficile de rendre les premiers siecles intéressants. Mort en 1733.

GENEST (Charles-Claude), né en 1635, aumônier de la duchesse d'Orléans, philosophe et poëte. Sa tragédie de Pénélope a encore du succès sur le théâtre, et c'est la seule de ses pieces qui s'y soit conservée : elle est au rang de ces pieces écrites, d'un style lâche et prosaïque, que les situations font tolérer dans la représentation. Son laborieux ouvrage de la philosophie de Descartes, en rimes plutôt qu'en vers, signala plus sa patience que son génie; et il n'eut guere rien de commun avec Lucrece que de versifier une philosophie erronée presque en tout: il eut part aux bienfaits de Louis XIV. Mort en 1710.

L'abbé GIRARD, de l'académie. Son livre des Synonymes est très utile; il subsistera autant que la langue, et servira même à la faire subsister. Mort fort vieux en 1748.

GODEAU (Antoine), l'un de ceux qui servirent à l'établissement de l'académie française, poëte, orateur et historien. On sait que, pour faire un jeu de mots, le cardinal de Richelieu lui donna l'évêché de Grasse pour le Benedicite mis en vers. Son Histoire ecclésiastique en prose fut plus estimée que son poëme sur les fastes de l'Eglise. Il se trompa en croyant égaler les fastes d'Ovide; ni son sujet ni son génie n'y pouvaient suffire. C'est une grand erreur de penser que les sujets chrétiens puissent convenir à la poésie comme ceux du paganisme,

dont la mythologie, aussi agréable que fausse, mait toute la nature. Mort en 1672.

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GODEFROI (Théodore), fils de Denis Godefroi, Parisien; homme savant, né à Geneve en 1580, historiographe de France sous Louis XIII et Louis XIV: il s'appliqua sur-tout aux titres et au cérémonial. Mort en 1648.

N. B. Son pere, Denis, a rendu un service important à l'Europe par son travail immense sur le Corpus juris civilis.

GODEFROI (Denis), son fils, né à Paris en 1615, historiographe de France, comme son pere. Mort en 1681. Toute cette famille a été illustre dans la littérature.

GOMBAULD (Jean Ogier de), quoique né sous Charles IX, vécut long-temps sous Louis XIV. Il y a de lui quelques bonnes épigrammes, dont même on a retenu des vers. Mort en 1666.

GOMBERVILLE (Marin), né à Paris en 1600, l'un des premiers académiciens. Il écrivit de grands romans avant le temps du bon goût, et sa réputation mourut avec lui. Mort en 1674.

GONDI (Jean-François), cardinal de Retz, né en 1613, qui vécut en Catilina dans sa jeunesse, et en Atticus dans sa vieillesse. Plusieurs endroits de ses mémoires sont dignes de Salluste; mais tout n'est pas égal. Mort en 1679.

GOURVILLE, Valet de chambre du duc de la Rochefoucauld, devenu son ami, et même celui du grand Condé ; dans le même temps pendu à Paris en effigie, et envoyé du roi en Allemague; ensuite proposé pour succéder au graud Colbert dans le minis tere. Nous avons de lui des mémoires de sa vie écrits avec naïveté, dans lesquels il parle de sa naissance et de sa fortune avec indifférence: il y a des anecdotes vraies et curieuses.

S. DE LOUIS XV. 5.

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