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rempli ce ministere avec succès, il se remit à faire des comédies. On ne trouve pas dans ses pieces la force et la gaieté de Regnard, encore moins ces peintures du cœur humain, ce naturel, cette vraie plaisanterie, cet excellent comique, qui fait le mérite de l'inimitable Moliere; mais il n'a pas laissé de se faire de la réputation après eux. On a de lui quelques pieces qui ont eu du succès, quoique le comique en soit un peu forcé : il a du moins évité le genre de la comédie qui n'est que langoureuse, de cette espece de tragédie bourgeoise, qui n'est ni tragique ni comique, monstre né de l'impuissance des auteurs et de la satiété du public après les beaux jours du siecle de Louis XIV. Sa comédie du Glorieux est son meilleur ouvrage, et probablement restera au théâtre, quoique le personnage du Glorieux soit, dit-on, manqué; mais les autres caracteres paraissent traités supérieurement. Mort en 1754.

DOMAT (Jean), célebre jurisconsulte. Son livre des Lois civiles a eu beaucoup d'approbation. Mort en 1696.

DOUJAT (Jean), né à Toulouse en 1639, jurisconsulte et homme de lettres. Il faisait tous les ans un enfant à sa femme et un livre. On en dit

autant de Tiraquau. Le journal des Savants l'appelle grand homme il ne faut pas prodiguer ce titre. Mort en 1688.

DUBOIS (Gérard), né à Orléans en 1629, de l'oratoire. Il a fait l'Histoire de l'Eglise de Paris. Mort en 1696.

DUCHÉ DE VANCY (Joseph-François), valet de chambre de Louis XIV, fit pour la cour quelques tragédies tirées de l'Écriture, à l'exemple de Racine, non avec le même succès. L'opéra d'Iphigénie en Tauride est son meilleur ouvrage. Il

est dans le grand goût; et, quoique ce ne soit qu'un opéra, il retrace une grande idée de ce que les tragédies grecques avaient de meilleur. Ce goût n'a pas subsité long-temps; même bientôt après on s'est réduit aux simples ballets, composés d'actes détachés, faits uniquement pour amener des danses ainsi l'opéra même a dégénéré dans le temps que presque tout le reste tombait dans la décadence.

Madame de Maintenon fit la fortune à eet auteur: elle le recommanda si fortement à M. de Pontchartrain, secrétaire d'état, que ce ministre, prenant Duché pour un homme considérable, alla lui rendre visite. Duché, homme alors très obscur, voyant entrer chez lui un seorétaire d'état, crut qu'on ak lait le conduire à la Bastille. Mort en 1704.

DUCHESNE ( André), né en Touraine en 1584; historiographe du roi, auteur de beaucoup d'histoires et de recherches généalogiques. On l'appelait le pere de l'histoire de France. Mort en 1640. DUFRENOI (Charles), né à Paris en 1611, peintre et poëte. Son poëme de la peinture a réussi auprès de ceux qui peuvent lire d'autres vers latins que ceux du siecle d'Auguste. Mort en 1665.

DUFRÉNY (Charles), né à Paris en 1648. Il passait pour petit-fils de Henri IV, et lui ressemblait. Son pere avait été valet de garde-robe de Louis XIII, et le fils l'était de Louis XIV, qui lui fit toujours du bien malgré son dérangement ; mais qui ne put l'empêcher de mourir pauvre. Avec beaucoup d'esprit et plus d'un talent il ne put jamais rien faire de régulier. On a de lui beaucoup de comédies, et il n'y en a guere où l'on ne trouve des scenes jolies et singulieres. Mort en 1724.

DUPLEIX (Scipion), de Condom, quoique né en 1569, peut être compté dans le siecle de Louis XIV, ayant encore vécu sous son regne. Il est le premier historien qui ait cité en marge ses autorités; précaution absolument nécessaire quand on n'écrit pas l'histoire de son temps, à moins qu'on ne s'en tienne aux faits connus. On ne lit plus son histoire de France, parceque depuis lui op a mieux fait et mieux écrit. Mort en 1661,

ESPRIT (Jacques), né à Béziers en 1611, auteur du livre de la Fausseté des vertus humaines, qui n'est qu'un commentaire du duc de la Rochefoucauld, Le chancelier Séguier, qui gosta sa littérature, lui fit avoir un brevet de conseiller d'état. Mort en 1678.

ESPRADES (le maréchal d'); ses lettres sont aussi estimées que celles du cardinal d'Ossat; et c'est une chose particuliere aux Français que de simples dépêches aient été souvent d'excellents ouyrages. Mort en 1686.

Le marquis DE LA FARE, connu par ses mémoires et par quelques vers agréables. Son talent pour la poésie ne se développa qu'à l'âge de près de soixante ans. Ce fut madame de Caylus, l'une des

plus aimables personnes de ce siecle par sa beauté et par son esprit, pour laquelle il fit ses premiers vers, et peut-être les plus délicats qu'on ait de lui; M'abandonnant un jour à la tristesse,

Sans espérance, et même sans desirs,
Je regrettais les sensibles plaisirs
Dont la douceur enchanta ma jeunesse.
Sont-ils perdus, disais-je, sans retour?
Et n'es-tu pas cruel, Amour!

Toi que j'ai fait, dès mon enfance,
Le maître de mes plus beaux jours,
D'en laisser terminer le cours

S. DE LOUIS XV. 5.

20.

A l'ennuyeuse indifférence?
Alors j'apperçus dans les airs
L'enfant maître de l'univers,

Qui, plein d'une joie inhumaine,
Me dit en souriant: Tircis, ne te plains plus,
Je vais mettre fin à ta peine;

Je te promets un regard de Caylus.

Mort en 1713.

LA FAYETTE (Marie-Magdelene de la Vergne, comtesse de ); så Princesse de Cleves et sa Zaide furent les premiers romans où l'on vit les mœurs des honnêtes gens, et des aventures naturelles décrites avec grace. Avant elle on écrivait d'un style ampoulé des choses peu vraisemblables. Morte en 1693.

FELIBIEN ( Andrë), në à Chartres en 1619. Il est le premier qui, dans les inscriptions de l'hôtelde-ville, ait donné à Louis XIV le nom de Grand. Ses Entretiens sur la vie des peintres sont l'ouvrage qui lui a fait le plus d'hoiseur. Il est élégant, profond, et il respire le goût; mais il dit trop peu de choses en trop de paroles, et est absolument sans méthode. Mort en 1695.

FENELON (François de Salignac), archevêque de Cambrai, né en Périgord en 1651. On a de lui cinquante-cinq ouvrages différents : tous partent d'un cœur plein de vertu: mais son Télémaque l'inspire. Il a été vainement blåmé par Gueudeville et par l'abbé Faidit. Mort à Cambrai en 1715.

Après la mort de Fénélon Louis XIV brûla luimême tous les manuscrits que le duc de Bourgogae avait conservés de son précepteur. Ramsai, éleve de ce célebre archevêque, m'a écrit ces mots : « S'il était né en Angleterre, il aurait développé son génie, et donné l'essor sans crainte à ses principes, que personne n'a connus. »

FERRAND, conseiller de la cour des aides. On a de lui de très jolis vers. Il joûtait avec Rousseau dans l'épigramme et le madrigal. Voici dans quel goût Ferrand écrivait ;

D'amour et de mélancolie
Celemnus enfin consumé
En fontaine fut transformé;
Et qui boit de ses eaux oublie
Jusqu'au nom de l'objet aimé.
Pour mieux oublier Egérie,
J'y courus hier vainement;
A force de changer d'amant,
L'infidele l'avait tarie.

On voit que Ferrand mettait plus de naturel, de grace et de délicatesse dans ses sujets galants, et Rousseau plus de force et de recherche dans des sujets de débauche. Mort en 1720.

FEUQUIERES (Antoine de Pas, marquis de), né à Paris en 1648; officier consommé dans l'art de la guerre, et excellent guide s'il est critique trop sévere. Mort en 1711.

LE FEVRE (Tanneguy), né à Caen en 1615. Calviniste, professeur à Saumur, méprisant ceux de sa secte, et demeurant parmi eux; plus philosophe qu'huguenot; écrivant aussi bien en latin qu'on puisse écrire dans une langue morte; faisant des vers grecs qui doivent avoir eu peu de lecteurs. La plus grande obligation que lui aient les lettres est d'avoir produit madame Dacier. Mort en 1678.

LE FEVRE (Anne), madame Dacier, née calviniste à Saumur en 1651, illustre par sa science. Le duc de Montausier la fit travailler à l'un de ces livres qu'on nomme Dauphins, pour l'éducation de Monseigneur. Le Florus avec des notes

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