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CHEVREAU (Urbain), né à Loudun en 1613, savant et bel esprit qui eut beaucoup de réputation. Mort en 1701.

CHIFFLET (Jean-Jacques), né à Besançon en 1588. On a de lui plusieurs recherches. Mort en 1660. Il y a eu sept écrivains de ce nom.

CHOISI (François-Thimoléon de), de l'académie, né à Paris en 1644, envoyé à Siam. On a sa relation. Il n'était que tonsuré à son départ; mais à Siam il se fit ordonner prêtre en quatre jours. Il a composé plusieurs histoires, une traduction de l'Imitation de Jésus-Christ, dédiée à madame de Maintenon, avec cette épigraphe: Concupiscet rex decorem tuum; et des Mémoires de la comtesse des Barres: cette comtesse des Barres c'était luimême. Il s'habilla et vécut en femme plusieurs années. Il acheta sous le nom de la comtesse des Barres une terre auprès de Tours. Ces mémoires racontent avec naïveté comment il eut impunément des maitresses sous ce déguisement. Mais quand le roi fut devenu dévot il écrivit l'histoire de l'Église. Dans ses mémoires sur la cour on trouve des choses vraies, quelques unes fausses, et beaucoup de hasardées ; ils sont écrits dans un style trop familier. Mort en 1724.

CLAUDE (Jean), né en Agénois en 1619, ministre de Charenton, et l'oracle de son parti, émule digne des Bossuet, des Arnaud et des Nicole. Il a composé quinze ouvrages, qu'on lut avec avidité dans le temps des disputes. Presque tous les livres polémiques n'ont qu'un temps; les fables de La Fontaine, l'Arioste, passeront à la derniere postérité. Cinq ou six mille volumes de controverse sont déja oubliés. Mort à la Haye en 1687.

LE COINTE (Charles), né à Troies en 1611, de l'oratoire. Ses Annales ecclésiastiques, impriS. DE LOUIS XV. 5.

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mées au louvre par ordre du roi, sont un monument utile. Mort en 1681.

COLLET (Philibert), né à Chatillon-les-Dombes en 1643, jurisconsulte et homme libre. Excommunié par l'archevêque de Lyon pour une querelle de paroisse, il écrivit contre l'excommunication; il combattit la clôture des religieuses; et, dans son traité de l'Usure, il soutint vivement l'usage autorisé en Bresse de stipuler les intérêts avec le capital, usage approuvé dans plus de la moitié de l'Europe, et reçu dans l'autre par tous les négociants, malgré les lois qu'on élude. Il assura aussi que les dixmes qu'on paie aux ecclésiastiques ne sont pas de droit divin. Mort en 1718.

COLOMIEZ (Paul). Le temps de sa naissance est inconnu: la plupart de ses ouvrages commencent à l'être ; mais ils sont utiles à ceux qui aiment les recherches littéraires. Mort à Londres en 1692.

COMMIRE, jésuite. Il réussit parmi ceux qui croient qu'on peut faire de bons vers latins, et qui pensent que des étrangers peuvent ressusciter le siecle d'Auguste dans une langue qu'ils ne peuvent pas même prononcer. Mort en 1702.

In silvam ne ligna feras.

CONTI (Armand prince de ), frere du grand Condé, destiné d'abord pour l'état ecclésiastique dans un temps où le préjugé rendait encore la dignité de cardinal supérieure à celle d'un prince du sang de France. Ce fut lui qui eut le malheur d'être généralissime de la fronde contre la cour et même contre son frere. Il fut depuis dévot et janséniste. Nous avons de lui le Devoir des grands. Il écrivit sur la grace contre le jésuite Deschamps, son ancien préfet. Il écrivit aussi contre la comédie; il eut peut-être mieux fait d'écrire contre la guerre civile:

Cinna et Polyeucte étaient aussi utiles et aussi respectables que la guerre des portes cocheres et des pots de chambre était injuste et ridicule.

CORDEMOI (Géraud de), né à Paris. Il a le premier débrouillé le chaos des deux premieres races des rois de France; on doit cette utile entreprise au duc de Montausier, qui chargea Cordemoi de faire l'histoire de Charlemagne, pour l'éducation de Monseigneur. Il ne trouva guere dans les anciens auteurs que des absurdités et des contradictions. La difficulté l'encouragea, et il débrouilla les deux premieres races. Mort en 1684.

CORNEILLE (Pierre), né à Rouen en 1606. Quoiqu'on ne représente plus que six ou sept pieces de trente-trois qu'il a composées, il sera toujours le pere du théâtre. Il est le premier qui ait élevé le génie de la nation, et cela demande grace pour environ vingt de ses pieces, qui sont, à quelques endroits près, ce que nous avons de plus mauvais par le style, par la froideur de l'intrigue, par les amours déplacées et insipides, et par un entassement de raisonnements alambiqués qui sont l'opposé du tragique. Mais on ne juge d'un grand homme que par ses chefs-d'œuvre, et non par ses fautes. On dit que sa traduction de l'Imitation de Jésus-Christ a été imprimée trente-deux fois : il est aussi difficile de\ le croire que de la lire une seule. Il reçut une gratification du roi dans sa derniere maladie. Mort en 1684.

On a imprimé dans plusieurs recueils d'anecdotes qu'il avait sa place marquée toutes les fois qu'il allait au spectacle, qu'on se levait pour lui, qu'on battait des mains. Malheureusement les hommes ne rendent pas tant de justice : le fait est que les comédiens du roi refuserent de jouer ses dernieres pieces, et qu'il fut obligé de les donner à une autre troupe.

CORNEILLE (Thomas), né à Rouen en 1625; homme qui aurait eu une grande réputation s'il n'avait point eu de frere. On a de lui trente-quatre pieces de théâtre. Mort pauvre en 1709.

COUSIN (Louis), né à Paris en 1627, président à la cour des monnaies. Personne n'a plus ouvert que lui les sources de l'histoire. Ses traductions de la collection Bysantine et d'Eusebe de Césarée ont mis tout le monde en état de juger du vrai et du faux, et de connaître avec quels préjugés et quel esprit de parti l'histoire a été presque toujours écrite. On lui doit beaucoup de traductions d'historiens grecs, que lui seul a fait connaître. Mort en 1707.

Le baron DES COUTURES traduisit en prose et commenta Lucrece vers le milieu du regne de Louis XIV. Il pensait comme ce philosophe sur la plupart des premiers principes des choses; il croyait la matiere éternelle, à l'exemple de tous les anciens, La religion chrétienne a seule combattu cette opinion.

CRÉBILLON (Jolyot), né à Dijon en 1674. Nous ignorons si un procureur, nommé Prieur, le fit poëte, comme il est dit dans le dictionnaire historique portatif, en quatre volumes: nous croyons que le génie y eut plus de part que le procureur. Nous ne croyons pas que l'anecdote rapportée dans le même ouvrage contre son fils soit vraie : on ne peut trop se défier de tous ces petits contes. Il faut ranger Crébillon parmi les génies qui illustrerent le siecle de Louis XIV, puisque sa tragédie de Rhadamiste, la meilleure de ses pieces, fut jouée en 1710. Si Despréaux, qui se mourait alors, trouva cette tragédie plus mauvaise que celle de Pradon, c'est qu'il était dans un âge et dans un état où l'on n'est sen

sible qu'aux défauts, et insensible aux beautés. Mort à quatre-vingt-huit ans en 1762.

DACIER (André), né à Castres en 1651, calviniste comme sa femme, et devenu catholique comme elle, garde des livres du cabinet du roi à Paris, charge qui ne subsiste plus. Homme plus savant qu'écrivain élégant, mais à jamais utile par ses traductions et par quelques unes de ses notes. Mort au louvre en 1722. Nous devons à madame Dacier la traduction d'Homere, la plus fidele par le style, quoiqu'elle manque de force, et la plus instructive par les notes, quoiqu'on y desire la finesse du goût. On remarque sur-tout qu'elle n'a jamais senti que ce qui devait plaire aux Grecs dans des temps grossiers; et ce qu'on respectait déja comme ancien dans des temps postérieurs plus éclairés, aurait pu déplaire s'il avait été écrit du temps de Platon et de Démosthenes. Mais enfin nulle femme n'a jamais rendu plus de services aux lettres. Madame Dacier est un des prodiges du siecle de Louis XIV.

DAGUESSEAU (Henri-François), chancelier, le plus savant magistrat que jamais la France ait eu, possédant la moitié des langues modernes de l'Europe, outre le latin, le grec, et un peu d'hébreu; très instruit dans l'histoire, profond dans la jurisprudence, et, ce qui est plus rare, éloquent. Il fut le premier au barreau qui parla avec force et pureté à la fois; avant lui on faisait des phrases. Il conçut le projet de réformer les lois ; mais il ne put faire que quatre ou cinq ordonnances utiles. Un seul homme ne peut suffire à ce travail immense que Louis XIV avait entrepris avec le secours d'un grand nombre de magistrats. Mort en 1751.

DANCHET (Antoine), né à Riom en 1671, a réussi l'aide du musicien dans quelques opéra,

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