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fait beaucoup de mauvais imitateurs. Ce qu'il dit à la fin contre les athées est estimé ; mais quand il se mêle de théologie il est au-dessous même des théologiens. Mort en 1696.

BRUMOY (Jean), jésuite, né à Rouen en 1688. Son Théâtre des Grecs passe pour le meilleur ouvrage qu'on ait en ce genre, malgré ses fautes et l'infidélité de la traduction. Il a prouvé par, ses poésies qu'il est bien plus aisé de traduire et de loner les anciens, que d'égaler par ses propres productions les grands modernes. On peut d'ailleurs lui reprocher de n'avoir pas assez senti la supériorité du théâtre français sur le grec, et la prodigieuse différence qui se trouve entre le Misanthrope et les Grenouilles. Mort en 1742.,

BRUN ( Pierre le), né à Aix en 1661, de l'ora, toire. Son livre critique des Pratiques superstitieuses a été recherché ; mais c'est un médecin qui ne parle que très peu de maladies, et qui est luimême malade. Mort en 1729.

BUFFIER (Claude), jésuite. Sa Mémoire artifi cielle est d'un grand secours pour ceux qui veulent avoir les principaux faits de l'histoire toujours présents à l'esprit. Il a fait servir les vers (je ne dis pas la poésie) à leur premier usage, qui était d'imprimer dans la mémoire des hommes les évènements dont on voulait garder le souvenir. Il y a dans ses traités de métaphysique des morceaux que Locke n'aurait pas désavoués ; et c'est le seul jésuite qui ait mis une philosophie raisonnable dans ses ouvra. ges. Mort en 1737.

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BUSSY RABUTIN (Roger, comte de), né dans le Nivernois en 1618. Il écrivit avec pureté. On connaît ses malheurs et ses ouvrages. Sès Amours des Gaules passent pour un ouvrage médiocre dans lequel il n'imita Pétrone que de fort loin. La manie

des Français a été long-temps de croire que toute l'Europe devait s'occuper de leurs intrigues galantes. Vingt courtisans ont écrit l'histoire de leurs amours, à peine lue des femmes-de-chambre de leurs maîtresses. Mort à Autun en 1693.

Le chevalier de CAILLY, qui n'est connu que sous le nom d'Acilly, était attaché au ministre Colbert. On ignore le temps de sa naissance et de sa mort. Il y a de lui un recueil de quelques centaines d'épigrammes, parmi lesquelles il y en a beaucoup de mauvaises, et quelques unes de jolies. Il écrit naturellement, mais sans aucune imagination dans l'expression.

CALMET, bénédictin, né en 1672. Rien n'est plus utile que la compilation de ses recherches sur la bible: les faits y sont exacts, les citations fideles. Il ne pense point, mais en mettant tout dans un grand jour, il donne beaucoup à penser. Mort en 1757.

CALPRENEDE (Gautier de la), né à Cahors vers l'an 1612. Gentilhomme ordinaire du roi. Ce fut lui qui mit les longs romans à la mode. Le mérite de ces romans consistait dans des aventures dont l'intrigue n'était pas sans art, et qui n'étaient pas impossibles, quoiqu'elles fussent presque incroyables. Le Boyardo, l'Arioste, le Tasse, au contraire, avaient chargé leurs romans poétiques de fictions qui sont entièrement hors de la nature: mais les charmes de leur poésie, les beautés innombrables de détail, leurs. allégories admirables, sur-tout celles de l'Arioste, tout cela rend ces poëmes immortels; et les ouvrages de la Calprenede, ainsi que les autres grands romans, sont tombés. Ce qui a contribué à leur chûte c'est la perfection du théâtre. On a vu dans les bonnes tragédies, et dans les opéra, beaucoup plus de sentiments qu'on n'en trouve dans ces énormes volumes; ces sentiments sont bien mieux exprimés, et

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la connaissance du cœur humain beaucoup plus approfondie. Ainsi Racine et Quinault, qui ont un peu imité le style de ces romans, les ont fait oublier en parlant au cœur un langage plus vrai, plus tendre et plus harmonieux. Mort en 1663.

CAMPISTRON (Jean), né à Toulouse en 1656, éleve et imitateur de Racine. Le duc de Vendôme, dont il fut secrétaire, fit sa fortune; et le comédien Baron, une partie de sa réputation. Il y a des choses touchantes dans ses pieces: elles sont faiblement écrites; mais au moins le langage est assez pur : après lui on a tellement négligé la langue dans les pieces de théâtre, qu'on a fini par écrire d'un style entièrement barbare. C'est ce que Boileau déplorait en mourant. Mort en 1723.

DU CANGE (Charles du Fresne), né à Amiens en 1610. On sait combien ses deux Glossaires sont utiles pour l'intelligence de tous les usages du bas empire et des siecles suivants. On est effrayé de l'immensité de ses connaissances et de ses travaux. De pareils hommes méritent notre éternelle reconnaissance après ceux qui ont fait servir leur génie à nos plaisirs. Il fut un de ceux que Louis XIV rẻcompensa. Mort en 1688.

CASSANDRE (François), a rendu, anssi-bien que Dacier, plus de service à la réputation d'Aristote que tous les prétendus philosophes ensemble. Il traduisit la rhétorique, comme Dacier a traduit la poétique de ce fameux grec. On ne peut s'empêcher d'admirer Aristote, et le siecle d'Alexandre, quand on voit que le précepteur de ce grand homme, tant décrié sur la physique, a connu à fond tous les principes de l'eloquence et de la poésie. Où est le physicien de nos jours chez qui on puisse apprendic à composer un discours et une tragédie? Cassandre vécut et mourut dans la plus grande pauvreté. Ce

fut la faute uon pas de ses talents, mais de son caractere intraitable, farouche et solitaire. Ceux qui se plaignent de la fortune n'ont souvent à se plaindre que d'eux-mêmes. Mort en 1695.

CASSINI (Jean-Dominique), né dans le comté de Nice en 1625, appelé par Colhert en 1666. Il a été le premier des astronomes de son temps, du moins suivant les Italiens et les Français; mais il commença comme les autres par l'astrologie. Puisqu'il fut naturalisé en France, qu'il s'y maria, qu'il y eut des enfants, et qu'il est mort à Paris, on doit le compter au nombre des Français. Il a immortalisé son nom par sa Méridienne de S.-Pétrone à Boulogne: elle servit à faire voir les variations de la vitesse du mouvement de la terre autour du soleil. On lui doit les premieres tables des satellites de Jupiter, la connaissance de la rotation de Jupiter et de Mars, ou de la durée de leurs jours, la découverte de quatre des satellites de Saturne. Huyghens n'en avait apperçu qu'un; et cette découverte de Cassini fut célébrée par une médaille dans l'histoire métallique de Louis XIV. Il a le premier observé et fait connaître la lumiere zodiacale. Il a donné une méthode pour déterminer la parallaxe d'un astre par des observations faites dans un même lieu, et s'en servir pour déterminer la distance des astres à la terre avec plus de précision qu'on ne l'avait encore fait : mais la premiere idée de cette méthode est due à Morin.

Le fils, le petit-fils de Cassini, ont été de l'acadé-. mie des sciences, et son arrière-petit-fils y est entré en 1772: cette espece d'illustration est plus réelle et plus durable que celle dont la famille de Cassini avait joui en Italie quelques siecles auparavant, et que les révolutions de ce pays lui avaient fait perdre. Mort en 1712.

CATROU, né en 1659, jésuite. Il a fait avec le P. Rouillé vingt tomes de l'Histoire romaine. Ils ont cherché l'éloquence, et n'ont pas trouvé la précision. Mort en 1737.

DU CERCEAU (Jean-Antoine), né en 1670, jésuite. On trouve dans ses poésies françaises, qui sont du genre médiocre, quelques vers naïfs et heureux. Il a mêlé à la langue épurée de son siecle le langage marotique, qui énerve la poésie par sa malheureuse facilité, et qui gâte la langue de nos jours par des mots et des tours surannés. Mort en 1730.

CERISI (Germain Habert de), était du temps de l'aurore du bon goût et de l'établissement de l'académie française. Sa Métamorphose des yeux de Philis en astres fut vantée comme un chef-d'œeuvre, et a cessé de le paraître dès que les bons auteurs sont venus. Mort en 1655.

LA CHAMBRE (Marin Cureau de), né au Mans en 1594. L'un des premiers membres de l'académie française, et ensuite de celle des sciences. Mort en 1669. Lui, et son fils, curé de Saint-Barthélemi et académicien, ont eu de la réputation.

CHANTEREAU (Louis le Fevre), né en 1588. Très savant homme, l'un des premiers membres qui ont débrouillé l'histoire de France; mais il a accrédité une grande erreur, c'est que les fiefs héréditaires n'ont commencé qu'après Hugues Capet. Quand il n'y aurait que l'exemple de la Normandie donnée ou plutôt extorquée à titre de fief héréditaire, en 912, cela suffirait pour détruire l'opinion de Chantereau, que plusieurs historiens ont adoptée : il est d'ailleurs certain que Charlemagne institua en France des fiefs avec propriété, et que cette forme de gouvernement était connue avant lui dans la Lombardie et dans la Germanie. Mort en 1658.

CHAPELAIN (Jean), né en 1595. Sans la Pucelle

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