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pêcher de citer de lui ce rondeau, qui vaut mieux que beaucoup de rondeaux de Benserade:

Pour te guérir de cette sciatique

Qui te retient, comme un parálytique,`
Entre deux draps sans aucun mouvement,
Prends-moi deux brocs d'un fin jus de sarment;,
Puis lis comment on le met en pratique.
Prends-en deux doigts, et bien chauds les applique
Sur l'épiderme où la douleur te pique.
Et tu boiras le reste promptement,

Pour te guérir.

Sur cet avis ne sois point hérétique;
Car je te fais un, serment authentique
Que, si tu, crains ce doux médicament,
Ton médecin, pour ton soulagement,
Fera l'essai de ce qu'il communique

Pour te guérir.

Il eut des pensions du cardinal de Richelieu et de Gaston, frere de Louis XIII. Mort en 1662.

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BOCHART (Samuel), né à Rouen en 1599, viniste, un des plus savants hommes de l'Europe dans les langues et dans l'histoire, mais systématique, comme tous les savants. Il fut un de ceux qui allerent en Suede instruire et admirer la reine Christine. Mort en 1667.

BOILEAU DESPRÉAUX ( Nicolas ), de l'académie, né au village de Crône, auprès de Paris, en 1636. Il essaya du barreau, et ensuite de la Sorbonne. Dégoûté de ces deux chicanes, il ne se livra qu'à son talent, et devint l'honneur de la France. On a tant commenté ses ouvrages, on a chargé ces commentaires de tant de minuties, que tout ce qu'on pourrait dire ici serait superflu.

On fera seulement une remarque qui paraît essentielle, c'est qu'il faut distinguer soigneusement dans ses vers ce qui est devenu proverbe d'avec ce qui mérite de devenir maxime. Les maximes sont nobles, sages et utiles, elles sont faites pour les hommes d'esprit et de goût, pour la bonne compagnie : les proverbes ne sont que pour le vulgaire ; et l'on sait que le vulgaire est de tous les états.

Pour paraître honnête homme, en effet il faut l'être. On me verra dormir au branle de sa roue.

(la roue de la fortune.) Chaque âge a son esprit, ses plaisirs, et ses mœurs. L'esprit n'est point ému de ce qu'il ne croit pas. Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable

Voilà ce qu'on doit appeler des maximes dignes des honnêtes gens. Mais pour des vers tels que ceux-ci :

J'appelle un chat un chat, et Rolet un frippon.
Va-t-en chercher ton pain de cuisine en cuisine.
Quand je veux dire blanc, la quinteuse dit noir.
Aimez-vous la muscade? on en a mis par-tout.
La raison dit Virgile, et la rime Quinault.

ce sont-là plutôt des proverbes du peuple que des vers dignes d'être retenus par les connaisseurs. Mort en 1711.

BOILEAU (Gilles ), né à Paris en 1631, frere aîné du fameux Boileau. Il a fait quelques traductions qui valent mieux que ses vers: mort en 1669.

BOILEAU (Jacques), autre aîné de Despréaux, docteur de Sorbonne : esprit bizarre qui a fait des livres bizarres, écrits dans un latin extraordinaire, comme l'histoire des flagellans, les

attouchemens impudiques, les habits des prétres, etc. On lui demandait pourquoi il écrivait toujours en latin; c'est, dit-il, de peur que les évêques ne me lisent; ils me persécuteraient. Mort en 1716.

BOINDIN (Nicolas), trésorier de France et procureur du roi de sa compagnie, de l'académie des belles-lettres, connu par d'excellentes recherches sur les théâtres anciens, et sur les tribus romaines, par la jolie comédie du Port de mer. C'était un critique dur le dictionnaire historique et janséniste le traite d'athée. Il n'a jamais rien écrit sur la religion; pourquoi insulter ainsi à la mémoire d'un magistrat que les auteurs de ce dictionnaire n'ont point connu? quelle insolence punissable! Comme il était mort sans sacrements, les prêtres de sa paroisse voulaient lui refuser la sépulture, espece de juridiction qu'ils prétendent avoir droit d'exercer; mais le gouvernement et les magistrats qui veillent au maintien des lois, de la décence, et des mœurs, répriment avec soin ces actes de superstition et de barbarie. Cependant on craignit que ces prêtres n'ameutassent le petit peuple contre le convoi de Boindin, ainsi qu'ils l'avaient ameuté contre celui de Moliere. Boindin fut euterré sans cérémonie: mort en 1753.

BOISROBERT (François LE METEL.), plus célebre par sa faveur auprès du cardinal de Richelieu, et par sa fortune, que par son mérite. Il composa dix-huit pieces de théâtre qui ne réussirent guere qu'auprès de son patron: mort en 1662.

BOIVIN (Jean), né en Normandie en 1633, frere de Louis Boivin, et utile comme lui pour l'intelligence des beautés des auteurs grecs: mort en 1726.

L'abbé Du Bos. Son Histoire de la Ligue de

Cambrai est profonde, politique, intéressante: elle fait connaître les usages et les mœurs du temps, et est un modele en ce genre. Tous les artistes lisent avec fruit ses Réflexions sur la poésie, la peinture, et la musique: c'est le livre le plus utile qu'on ait jamais écrit sur ces matieres chez aucune des nations de l'Europe. Ce qui fait la bonté de cet ouvrage c'est qu'il n'y a que peu d'erreurs et beaucoup de réflexions vraies, nouvelles et profondes. Ce n'est pas un livre méthodique; mais l'auteur pense et fait penser. Il ne savait pourtant pas la musique; il n'avait jamais pu faire de vers, et n'avait pas un tableau, mais il avait beaucoup lu, vu, entendu et réfléchi. Il publia, pendant la guerre de la succession, un ouvrage intitulé, Les intérets de l'Angleterre mal entendus dans la guerre présente: il y prédit la séparation des colonies anglaises comme la suite nécessaire de la destruction de la puissance française dans l'Amérique septentrionale, du besoin qu'aurait l'Angleterre d'imposer des taxes sur ses colonies, et du refus qu'elles feraient de se soumettre à ces taxes: mort en 1742.

Bossu (René LE), né à Paris en 1631. Chanoine régulier de Saint-Genevieve. Il voulut concilier Aristote avec Descartes; il ne savait pas qu'il fallait les abandonner l'un et l'autre. Son traité sur le Poëme épique a beaucoup de réputation, mais il ne fera jamais de poëtes. Mort en 1680.

BOSSUET (Jacques Benigne), de Dijon, né en 1627, évêque de Condom, et ensuite de Meaux. On a de lui cinquante-un ouvrages; mais ce sont ses Oraisons funebres et son Discours sur l'histoire universelle qui l'ont conduit à l'immorta

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lité. On a imprimé plusieurs fois que cet évêque a vécu marié ; et Saint-Hyacinthe, connu par la part qu'il eut à la plaisanterie de Mathanasius, a passé pour son fils; mais c'est une fausseté reconnue. La famille des Secousses, considérée dans Paris, et qui a produit des personnes de mérite, assure qu'il y eut un contrat de mariage secret entre Bossuet, encore très jeune, et mademoiselle DesVieux; que cette demoiselle fit le sacrifice de sa passion et de son état à la fortune que l'éloquence de son amant devait lui procurer dans l'église ; qu'elle consentit à ne jamais se prévaloir de ce contrat, qui ne fut point suivi de la célébration; que Bossuet, cessant ainsi d'être son mari, entra dans les ordres; et qu'après la mort du prélat ce fut cette même famille qui régla les reprises et les conventions matrimoniales. Jamais cette demoiselle n'abusa, dit cette famille, du secret dạngereux qu'elle avait entre les mains. Elle vécut toujours l'amie de l'évêque de Meaux dans une union sévere et respectée. Il lui donna de quoi acheter la petite terre de Mauléon, à cinq lieues de Paris. Elle prit alors le nom de Mauléon, a vécu près de cent années. On raconte qu'ayant dit au jésuite la Chaise, confesseur de Louis XIV: « On sait que je ne suis pas janseniste » : la Chaise répondit : « On sait que vous n'êtes que mauléoniste ». Au reste on a prétendu que ce grand homme avait des sentimens philosophiques différents de sa théologie, à peu-près comme un savant magistrat qui, jugeant selon la lettre de la loi, s'éleverait quelquefois en secret au-dessus d'elle par la force de son génie. Mort en 1704.

et

Bouchenu de VALBONNAIS (Jean-Pierre), né à Grenoble en 1651. Il voyagea dans sa jeunesse, et se trouva sur la flotte d'Angleterre à la ba

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