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très vague de ce qui constitue les grands officiers : on s'imagine que ce sont ceux à qui leur charge donne le titre de grand, comme grand écuyer, grand échanson: mais le connétable, les maréchaux, le chancelier, sont grands officiers, et n'ont point ce titre de grand, et d'autres qui l'ont ne sont point réputés grands officiers. Les capitaines des gardes, les premiers gentilshommes de la chambre, sont devenus réellement de grands officiers, et ne sont pas comptés par le P. Anselme. Rien n'est décidé sur cette matiere, et il y a autant de confusion et d'incertitude sur tous les droits et sur tous les titres en France qu'il y a d'ordre dans l'administration. Mort en 1694.

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ARNAUD (Antoine), vingtieme fils de celui qui plaida contre les jésuites, docteur de Sorbonne, né en 1612. Rien n'est plus connu que son éloquence, son érudition, et ses disputes, qui le rendirent si célebre et en même temps si malheureux selon les idées ordinaires qui mettent le malheur dans l'exil et dans la pauvreté, sans considérer la gloire, les amis, et une vieillesse saine, qui furent le partage de cet homme fameux. Il est dit dans le supplément au Moréri, qu'Arnaud, en 1689, pour avoir les bonnes graces de la cour, fit un libelle contre le roi Guillaume, intitulé: Le vrai portrait de Guillaume - Henri de Nassau, nouvel Absalon, nouvel Hérode, nouveau Cromwell, nouveau Néron. Ce style, qui ressemble à celui du P. Garasse, n'est guere celui d'Arnaud. Il ne songea jamais à flatter la cour. Louis XIV eût fort mal reçu un livre si grossièrement intitulé ; et ceux qui attribuent eet ouvrage et cette intention au fameux Arnaud, ne savent pas qu'on ne réussit point à la cour par des livres. Mort à Bruxelles, en 1694

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L'auteur du dictionnaire historique, littéraire, critique, et janseniste, dit, à l'article Arnaud, qu'aussitôt que son livre sur la Fréquente com« munion parut, l'enfer en frémit, et que le jésuite << Nouet fit la premiere attaque ». Il est difficile de savoir au juste quelle est l'opinion de l'enfer sur un livre nouveau; et, à l'égard des hommes, ils ont entièrement oublié le P. Nouet. Il est très vrai que la plupart des écrits polémiques d'Arnaud ne sont plus connus aujourd'hui c'est le sort de presque toutes les disputes. Le dictionnaire historique, littéraire, critique, et janséniste, s'emporte un peu contre cette vérité; il a raison: mais l'auteur devroit savoir que les injures prodiguées au sujet de querelles théologiques sont aujourd'hui aussi méprisées que ces querelles mêmes; et c'est beaucoup dire.

ARNAUD-D'ANDILLY (Robert), frere aîné du précédent, né en 1588, l'un des plus grands écrivains de Port-Royal. Il présenta à Louis XIV, à l'âge de quatre-vingt-cinq ans, sa traduction de Joseph, qui de tous ses ouvrages est le plus recherché. Il fut pere de Simon Arnaud, marquis de Pompone, ministre d'état ; et ce ministre ne put empêcher ni les disputes ni les disgraces de son oncle le docteur de Sorbonne. Mort eu 1674.

AUBIGNAC (François d'), né en 1604. Il n'eut jamais de maître que lui-même. Attaché au cardinal de Richelieu, il était l'ennemi de Corneille. Sa Pratique du théâtre est peu lue: il prouva par sa tragédie de Zénobie que les connaissances ne donnent pas les talents. Mort en 1676.

AUBRI (Antoine), né en 1616. On a de lui les Vies des cardinaux de Richelieu et de Mazarin, ouvrages médiocres, mais dans lesquels on peut s'instruire. Mort en 1695. C'est lui qui le

premier fit connoître la fourberie de l'auteur du Testament politique du cardinal de Richelieu.

La comtesse D'AUNOI. Son Voyage et ses Mémoires d'Espagne, et des romans écrits avec légéreté, lui firent quelque réputation. Morte en 1705.

D'AVRIGNY, jésuite, auteur d'une nouvelle maniere d'écrire l'histoire. On a de lui des Annales

chronologiques depuis 1601 jusqu'à 1715. On y voit ce qui s'est passé de plus important dans l'Europe exactement discuté, et en peu de mots; les dates sont exactes: jamais on n'a mieux su discerner le vrai, le faux, et le douteux. Il a fait aussi des Mémoires ecclésiastiques; mais ils sont malheureusement infectés de l'esprit de parti. Marcel et lui ont été tous deux effacés par l'Histoire chronologique de France du président Hénault, l'ouvrage à la fois le plus court, le plus plein que nous ayons et le plus commode pour les lecteurs. BAILLET (Adrien), né près de Beauvais, 1649, critique célebre : mort en 1706.

en ce genre,

en

BALUZE (Etienne), du Limousin, né en 1630. C'est lui qui a formé le recueil des manuscrits de la bibliotheque de Colbert. Il a travaillé jusqu'à l'âge de quatre-vingt-huit ans : on lui doit sept volumes d'anciens monuments. Exilé pour avoir soutenu les prétentions du cardinal de Bouillon, qui se croyait indépendant du roi, et qui fondait son droit sur ce qu'il était né d'une maison souveraine, et dans la principauté de Sédan, avant que l'échange de cette souveraineté avec le roi eût été consommé. Mort en 1718.

BALZAC (Jean-Louis), né en 1594, homme éloquent, et le premier qui fonda un prix d'éloquence. Il eut le brevet d'historiographe de France et de conseiller d'état, qu'il appelait de magnifiques ba

gatelles. La langue française lui a une très grande obligation. Il donna le premier du nombre et de l'harmonie à la prose. Il eut de son vivant tant de réputation, qu'un nommé Goulu, général des feuillants, écrivit contre lui deux volumes d'injures. Mort en 1654.

BARATIER, le plus singulier peut-être de tous les enfants célebres. Il doit être compté parmi les Francais, quoique né en Allemagne : son pere étoit un prédicant réfugié. Il sut le grec à six ans, et l'hébreu à neuf. C'est à lui que nous devons la traduction des voyages du Juif Benjamin de Tudelle, avec des dissertations curieuses. Le jeune Baratier était déja savant en histoire, en philosophie, en mathématiques : il étonna tous ceux qui le connurent pendant sa vie, et en fut regretté à sa mort; il n'avait que dix-neuf ans lorsqu'il fut ravi au monde. Il est vrai que son pere travailla beaucoup aux ouvrages de cet enfant.

BARBEYRAC (Jean), né à Béziers, en 1674, calviniste, professeur en droit et en histoire à Lausanne, traducteur et commentateur de Puffendorf et de Grotius. Il semble que ces Traités du droit des gens, de la guerre, et de la paix, qui n'ont jamais servi, ni à aucun traité de paix, ni à aucune déclaration de guerre, ni à assurer le droit d'aucun homme, soient une consolation pour les peuples des maux qu'ont faits la politique et la force. Ils donnent l'idée de la justice, comme on a les portraits des personnes célebres qu'on ne peut voir. Sa préface de Puffendorf mérite d'être lue: il y prouve que la morale des Peres est fort inférieure à celle des philosophes modernes. Mort en 1729.

BARBIER D'AUGOUR (Jean), connu chez les jésuites sous le nom de l'Avocat Sacrus, et dans le monde par sa Critique des entretiens du P. Bou

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hours, et par l'excellent plaidoyer pour un homme innocent appliqué à la question et mort dans ce supplice. Il fut long-temps protégé par Colbert, qui le fit contrôleur des bâtiments du roi; mais ayant perdu son protecteur, il mourut dans la misere en 1694.

BARBIER (mademoiselle) a fait quelques tragédies. BARON (Michel). On ne croit pas que les pieces qu'il donna sous son nom soient de lui. Son mérite plus reconnu était dans la perfection de l'art du comédien, perfection très rare, et qui n'appartint qu'à lui. Cet art demande tous les dons de la nature, une grande intelligence, un travail assidu, une mémoire imperturbable, et sur-tout cet art si rare de se transformer en la personne qu'on représente. Voilà pourtant ce qu'on s'obstine à mépriser. Les prédicateurs venaient souvent à la comédie dans une loge grillée étudier Baron, et de là ils allaient déclamer contre la comédie. C'est la coutume que les confesseurs exigent des comédiens mourants qu'ils renoncent à leur profession. Baron avait quitté le théâtre, en 1691, par dégoût; il y avait remonté, en 1720, à l'âge de soixante-huit ans, et il y fut encore admiré jusqu'en l'année 1729. Il était alors âgé de près de soixante et dix-huit ans : il se retira encore, et mourut la même année, en protestant qu'il n'avait jamais en le moindre scrupule d'avoir déclamé devant le public les chefsd'œuvre de génie et de morale des grands auteurs de la nation; et que rien n'est plus impertinent que d'attacher de la honte à réciter ce qu'il est glorieux de composer.

BARREAUX (Jacques DE LA VALLÉE, seigneur DES-), est connu des gens de lettres et de goût par plusieurs petites pieces de vers agréables dans le goût de Sarasin et de Chapelle Il était conseiller au

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