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Émeri imagina bien des sortes d'impôts, de nouveaux offices de jurés-mesureurs et porteurs de charbon, de mouleurs, chargeurs, et porteurs de bois, de premiers commis de la taille et des ponts et chaussées, de sou pour livre, d'augmentations de gages, de contrôleurs des amendes et des épices,

etc.

Le même Émerí fut surintendant en 1648; mais, quelques mois après, on le sacrifia à la haine publique en l'exilant.

Le maréchal, duc DE LA MEILLERAIE, surintendant en 1648, pendant l'exil d'Émeri. On avait déja vu des guerriers dans cette place. Il avait la probité du duc de Sulli, mais non pas ses ressources. Il vint dans le temps le plus difficile; et le duc de Sulli n'avait eu la surintendance qu'après la guerre civile. Il taxa tous les financiers et tous les traitants: la plupart firent banqueroute; et on ne trouva plus d'argent. Il abandonna la surintendance en 1649: mort en 1664.

ÉMERI reprit la surintendance immédiatement après la démission du maréchal. Un Italien, nommé Tonti, imagina alors les emprunts en rentes viageres, rentes distribuées en plusieurs classes, et qui sont payées au dernier vivant de chaque classe: elles furent appelées tontines, du nom de l'inventeur. Il y en eut pour un million vingt-cinq mille livres aunuelles; ce qui forma un revenu prodigieux pour le dernier qui survécut : invention qui charge l'état pour un siecle, mais moins onéreuse que celle des rentes perpétuelles, qui chargent l'état pour toujours. Mort en 1650.

CLAUDE DE MESME, comte D'AVAUX, 'd'une ancienne maison en Guienne, homme de lettres qui unissait l'esprit et les graces à la science; plénipotentiaire avec Servien; chéri de tous les négocia

teurs autant que Servien en était redouté: surintendant en 1650; mort la même année.

CHARLES, duc de la Vieuville, le même que le cardinal de Richelieu avait fait chasser du conseil, et enfermer dans le château d'Amboise, en 1624; qui, échappé de ce château, avait fui en Angleterre, et qui avait été condamné à mort par contumacc. Créé duc et pair en 1651, et surintendant la même année mort en 1653.

René de Longueil, marquis de MAISONS, président à mortier, surintendant en 1651. Il ne le fut qu'un an. On a prétendu qu'il avait bâti pendant cette année le château de Maisons, qui est un des plus beaux de l'Europe; mais il fut construit un an auparavant. C'est le coup d'essai et le chef-d'œuvre de François Mansard, qui était alors un jeune homme, et simple maçon. Il y a sur cela une singuliere anecdote, que plusieurs personnes ont apprise comme moi du petit-fils du surintendant. Son hôtel, démoli aujourd'hui, formait un impasse dans la rue des Prouvaires: un jour, en faisant fouiller dans un ancien petit caveau, il y trouva quarante mille pieces d'or au coin de Charles IX; c'est avec cet argent que le château de Maisons fut bâti. Mort en 1677.

On voit que les surintendants se succédaient rapidement dans ces troubles.

ABEL SERVIEN, après avoir négocié la paix de Vestphalie avec le duc de Longueville et le comte d'Avaux, et en ayant eu le principal honneur, surintendant en 1653, conjointement avec Nicolas Fouquet; administrateur jusqu'à sa mort arrivée en 1659: mais Fouquet eut toujours la principale direction.

NICOLAS FOUQUET, marquis DE Belle-Isle, surintendant en 1653, quoiqu'il fût procureur-général

du parlement de Paris. On a imprimé par erreur dans les premieres éditions du Siecle de Louis XIV, qu'il dépensa dix-huit cent mille francs à bâtir son palais de Vaux, aujourd'hui Villars; c'est une erreur de typographie: il y prodigua dix-huit millions de son temps, qui en feraient près de trentesix du nôtre.

Le cardinal Mazarin, depuis son retour, en 1653, se faisait donner par le surintendant vingttrois millions par an pour les dépenses secretes; il achetaît à vil prix de vieux billets décriés, et se faisait payer la somme entiere: ce fut ce qui perdit Fouquet. Jamais dissipateur des finances royales ne fut plus noble et plus généreux que ce surintendant; jamais homme en place n'eut plus d'amis personnels, et jamais homme persécuté ne fut mieux servi dans son malheur. Condamné cependant au bannissement perpétuel, par commissaires, en 1664; mort ignoré en 1680.

Après sa disgrace, la place de surintendant fut supprimée.

Sous les surintendants il y avait des contrôleursgénéraux. Le cardinal Mazarin nomma à cette place un étranger calviniste d'Augsbourg, nommé Barthélemi Hervart, qui était son banquier. Cet Hervart avait en effet rendu les plus grands services à la couronne: ce fut lui qui, après la mort du duc Bernard de Saxe-Veimar, donna son armée à la France, en avançant tout l'argent nécessaire. Ce fut lui qui retint cette même armée et d'autres régiments dans le service du roi, lorsque le vicomte de Turenne voulut la faire révolter en 1648. Il avança deux millions cinq cent mille livres de la monnaie d'alors pour la retenir dans le devoir : deux importants services qui prouvent qu'on n'est le maître qu'avec de l'argent.

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Lorsqu'on arrêta le surintendant Fouquet, prêta encore au roi deux millions. Il jouait un jeu prodigieux, et perdit souvent cent mille écus dans une séance. Cette profusion l'empêcha d'avoir la premiere place: le roi eut avec raison plus de confiance en Colbert. Hervart mort simple conseiller d'état, en 1676.

Sa famille quitta le royaume après la révocation de l'édit de Nantes, et porta des biens immenses dans les pays étrangers.

SECRÉTAIRES D'ÉTAT

ET CONTRÔLEURS-GÉNÉRAUX DES FINANCES.

HENRI-AUGUSTE DE LOMÉNIE, Comte DE Brienne, eut le département des affaires étrangeres pendant la minorité de Louis XIV. Sa fierté ne lui fit point de tort, parcequ'elle était fondée sur des sentiments d'honneur. Nous avons de lui des mémoires instructifs. Mort en 1666.

FRANÇOIS SUBLET DES NOYERS, retiré en 1643; mort en 1645.

CLAUDE LE BOUTILLIER DE CHAVIGNI eut le département de la guerre ; mort en 1652.

LOUIS PHELIPPEAUX, marquis De la Vrilliere, ent le département des affaires du royaume; mort en 1681.

LOUIS PHELIPPEAUX, son fils, fut reçu en survivance; mais la charge fut donnée à un autre de ses enfants, Balthasar Phelippeaux, qui eut pour successeur un autre Louis Phelippeaux son fils. Balthasar Phelippeaux, reçu en survivance en 1669, entre en exercice en 1676: mort en 1700. Tous trois estimés pour leurs vertus, et aimés pour leur

douceur. Cette charge de secrétaire d'état est restée sans interruption dans la famille des Phelippeaux pendant cent soixante-cinq ans, depuis Paul Phelippeaux, fait secrétaire d'état en 1610, jusqu'à Louis Phelippeaux, duc de la Vrilliere, retiré en 1775.

HENRI-LOUIS DE LOMÉNIE, Comte DE BRIENNE, fils de Henri-Auguste, eut la vivacité de son pere, mais n'en eut pas les autres qualités. Étant conseiller d'état dès l'âge de seize ans, et destiné aux affaires étrangeres, envoyé en Allemagne pour s'instruire, il alla jusqu'en Finlande, et écrivit ses voyages en latin. Il exerça la charge de secrétaire d'état des affaires étrangeres à vingt-trois ans ; mais, ayant perdu sa femme, Henriette de Chavigni, il en fut si affligé, que son esprit s'aliéna: on fut obligé de l'éloigner de la société ; le reste de sa vie fut très malheureux. On a déchiré sa mémoire dans les derniers dictionnaires historiques; on devait montrer de la compassion pour son état, et de la considération pour son nom,

HUGUES, marquis DE LYONNE, d'une ancienne maison de Dauphiné, eut les affaires étrangeres jusqu'en 1670. On a de lui des mémoires. C'était un homme aussi laborieux qu'aimable: son fils avait obtenu la survivance de sa charge; mais, à la mort pere, elle fut donnée à M. de Pompone. Mort en 1671.

du

JEAN-BAPTISTE COLBERT s'avança uniquement par son mérite : il parvint à être intendant du cardinal Mazarin. S'étant instruit à fond de toutes les parties du gouvernement, et particulièrement des finances, il devint un homme nécessaire dans le délabrement où le cardinal Mazarin, le surintendant Fouquet, et encore plus le malheur des temps, avaient mis les finances. Louis XIV le fit travailler secrètement S. DE LOUIS xv. 5.

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