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corps de réserve passa la Wuttach, et se forma, appuyant sa droite à Neukirch et

sa gauche vers Hallau. Dans cette position déjà menaçante et fort avancée sur le flanc gauche de l'ennemi, le général Moreau, sans ralentir son mouvement, avait, par une combinaison peut-être trop hasardée, ras→ semblé son aile gauche, son' centre et sa réserve, et se trouvait en mesure de soutenir le passage de son aile droite.

Surpris de voir que les corps nombreux qui avaient débouché par Fribourg, malgré le succès de leurs premières attaques, ne pénétraient point jusqu'aux principaux défilés, le général Kray rappela les corps dont il avait inutilement renforcé sa droite; il replia sur sa réserve à Donau-Eschingen, celui du général Giulay, qu'il avait porté à l'entrée du Val d'Enfer, et poussa de fortes reconnaissances dans toutes les directions, pour s'assurer de la position de l'armée française; ces dispositions tardives furent infructueuses, les reconnaissances rencontrèrent sur les points principaux indiqués ci-dessus, de

fortes colonnes et des masses échelonnées : le plan du général Moreau était maintenant développé. Le général Lecourbe avait reçu l'ordre de resserrer ses troupes entre Schaffhouse et le lac de Constance, et de ne faire aucun mouvement jusqu'à ce que l'aile gauche, le centre et la réserve eussent achevé les leurs, et fussent réunis à sa hauteur sur la rive droite.

On remarque un peu au-dessous de Stein, entre Constance et Schaffhouse, que la chaîne des hauteurs escarpées qui bordent la rive droite est tout à coup interrompue, et présente une ouverture qui laisse apercevoir dans la perspective, à trois lieues de distance, le fort de Hohentwiel, alors occupé par des troupes wurtemburgeoises; ce fut vis-à-vis de cette ouverture, large d'environ 1,200 toises au village de Reichlingen, que le général Lecourbe exécuta, le 1er mai, un passage de vive force entre Stein et Diessenhoffen, dont les apprêts, dirigés avec habileté par le colonel d'artillerie Dedon, furent entièrement dérobés à l'ennemi.

Le point du jour seulement permit aux postes autrichiens d'apercevoir les barques destinées à transporter les premières troupes, et qu'on avait fait glisser en silence le long d'un ravin profond jusqu'au rivage. Ces postes commencèrent un feu très-vif de mousqueterie, sous lequel les pontonniers lancèrent les bateaux, et jetèrent à la rive opposée quatre compagnies d'infanterie légère; cet abordage fut en même-temps protégé par le feu de l'artillerie, et bientôt soutenu par des débarquemens successifs; l'ennemi fut déposté, la tête de pont assurée, et les travaux pressés avec une telle activité, qu'avant midì le corps entier (environ 20,000 hommes) et toute son artillerie étaient formés sur la rive droite.

Le général Lecourbe se hâta de se lier par sa gauche avec la réserve où se trouvait le général Moreau; il fit en même-temps déboucher ses colonnes dans différentes directions, pour éloigner les troupes qui avaient défendu le passage, et qui, ralliées entre Weiler et Ramsen, avec quelques pièces d'artillerie,

couvrirent leur retraite sur Stockach, après s'être bien défendues.

Au contraire, le commandant d'Hohentwiel qui, dans ce fort situé sur un rocher isolé et dominant tout le pays, voyait à ses pieds tout le mouvement des colonnes et leur progrès, sans pouvoir être atteint dans ce poste inaccessible, le rendit au général Vandamme à sa première sommation, livra son artillerie, ses magasins, et surtout un point très-utile à l'armée française pour la sûreté de ses communications.

La position du général Kray devenait de plus en plus critique; son aile droite, que le général Starray ramenait par la haute vallée du Necker, ne pouvait plus le rejoindre assez tôt pour qu'il pût établir une nouvelle ligne contiguë de défense entre le lac et les montagnes noires : sa ligne d'opération était donc à découvert; et pour faire tête à l'ennemi sur le point de Stockach, où se trouvaient ses magasins, il avait été forcé de faire avec son centre et sa gauche un changement de

front en arrière; mais comme il ne pouvait l'exécuter que par une marche de flanc, le général Moreau résolut de l'attaquer avant qu'il eût achevé cette difficile manoeuvre et qu'il se fût affermi dans la position de Stockach. Le 2 mai, le général Saint-Cyr, qui occupait le plateau de Stühlingen sur la Wuttach, séparé seulement par cette rivière de la gauche de la réserve, qui s'appuyait à Hallau, reçut l'ordre de conserver sa position.

Le corps du général Lecourbe ne fit ce jour-là aucun mouvement, et resta sous le fort d'Hohentwiel.

Les trois divisions de réserve du général Moreau se dirigèrent de Neukirch sur Blumenfeld pour se mettre à hauteur, et pour mieux se lier avec l'aile droite.

La tête du corps du général Sainte-Suzanne étant ce jour-là même à Neustadt, débouchait par le Val d'Enfer, et ne pouvait entrer en ligne assez tôt pour prendre part à l'action générale.

Ainsi le général Moreau présentait la ba

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