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les défilés du Val-d'Enfer, tous les débouchés de la forêt Noire étant retranchés, for tement occupés et soutenus par des réserves; il était plus difficile encore de forcer l'appui de l'aile gauche dans l'espace resserré entre les montagnes noires et le lac de Constance, tant que le que le gros de l'armée autrichienne, restant concentré dans les environs de DonauEschingen, conservait une position avantageuse pour marcher en masse sur les premiers corps français qui auraient passé le Rhin dans cette partie, et les culbuter avant qu'ils pussent s'établir.

Ébranler le général Kray, détourner son attention du véritable point d'attaque sur son flanc gauche, l'arracher d'un seul coup de sa ligne de défense, en atteignant un point important de sa ligne d'opération et de retraite, et dès la première bataille s'ouvrir la Suabe et couper la communication avec le Tyrol antérieur et la haute Italie, tel fut le plan conçu par le général Moreau : voici Je développement de ses manoeuvres.

Le 25 avril, le général Sainte-Suzanne,

commandant l'aile gauche de l'armée française, passa le Rhin à Kehl, et se porta sur Offembourg, après avoir détaché à sa gauche un petit corps sur Renchen, pour engager l'ennemi à prolonger sa droite, et pour contenir la nombreuse cavalerie légère qui se rassemblait dans cette direction : le combat s'engagea vivement dès la pointe du jour sur les deux rives de la Kintzig en avant d'Offembourg, et de part et d'autre, avec d'autant plus d'opiniâtreté, que le terrain ne prêtait pas à un déploiement de forces plus considérables que celles des deux ailes opposées l'une à l'autre, environ 15,000 hommes. L'attaque des Français fut si impétueuse et si bien soutenue, que les généraux autrichiens purent croire qu'elle couvrait le débouché de la plus forte partie de l'armée ils se retirèrent sur Offembourg, et le général Sainte-Suzanne prit position au pied des premières collines de l'entrée de la Kintzig, sa gauche à Appenvir, et sa droite à Willstett, observant la route de Fribourg; il ne fit aucun mouvement

pendant la journée du lendemain 26 avril.

Pendant que cette aile gauche de l'armée française débouchait par Kehl, le corps dú centre, fort d'environ 20,000 hommes, commandé par le général Gouvion SaintCyr, passait le Rhin au Vieux-Brisach, repoussait quelques petits corps autrichiens qui défendaient les approches de Fribourg; s'emparait de cette ville, et prenait position en étendant rapidement sa gauche jusque vers l'entrée de la vallée de la Kintzig.

Comme il paraissait, par ce mouvement de flanc, vouloir se lier avec le corps du général Sainte-Suzanne, le général Kray se hâta d'opposer une force plus considérable à cette attaque combinée; il dégarnit son centre et porta, à l'appui des généraux Starray et Giulay, une partie de la réserve jusqu'à Hasslach, à l'entrée des défilés de Hornberg: vaine précaution! Le lendemain, 27 avril, tout le corps du général SainteSuzanne repassa le Rhin sur ce même point de Kehl, et vint à marches forcées par la rive gauche, remplacer à Fribourg le général

Gouvion Saint-Cyr; celui-ci se porta en avant, et reçut ordre de se diriger sur Todtnau et Saint-Blaise, afin de tourner par la droite le Val d'Enfer, et l'une des plus hautes sommités de la Forêt noire.

Trompé par le mouvement rétrograde du général Sainte-Suzanne, après une attaque si sérieuse, le général Starray, qui ne put en pénétrer le motif, le fit suivre jusqu'aux avant-postes de Kehl.

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Mais déjà toute l'aile droite de l'armée autrichienne avait perdu deux jours de marche, et son centre divisé en avait perdu au moins un.

A la faveur de ces premières attaques et des manoeuvres des corps de Sainte-Suzanne et de Saint-Cyr, le général Moreau, qui avait formé à Bâle une réserve de trois divisions, franchit le fleuve le même jour, 25 avril, porta sur sa gauche, dans la vallée de la Wiesen, une division commandée par le général Richepanse; pendant que les deux autres, sous les ordres des généraux Delmas et Leclerc, remontèrent la rive droite

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par Seckingen. Celles-ci continuant leur marche, ne rencontrèrent d'obstacle qu'au passage de l'Alb, petite rivière torrentueuse, dont le cours sinueux et resserré en avant de Waldshut avait été retranché. Ce passage fut forcé par le général Delmas, et si vivement que les Autrichiens n'eurent pas même le temps de rompre leur pont. Le général Richepanse, après avoir fait quelques démonstrations dans la direction de Fribourg, avait poussé jusqu'à l'abbaye de Saint-Blaise, à la tête de la vallée de l'Alb; il y rencontra quatre bataillons autrichiens qu'il déposta et fit poursuivre jusque sur les revers de la montagne, au-delà de Bondorf.

Le corps du général Saint-Cyr arriva à Saint-Blaise presqu'en même temps. Il continua sa marche pénible à la tête des vallées, et s'avança jusqu'à Stühlingen, dont il s'empara. Ce corps était suivi ou plutôt flanqué par celui du général Sainte-Suzanne, qui se porta sur Neustadt: le général Richepanse avait marché par sa droite pour se réunir aux deux autres divisions; tout le

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