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éprouvé pendant la campagne précédente, devaient rendre fort utiles sur un terrain. où ses connaissances locales et son expérience ne pouvaient être suppléées.

On peut juger de l'importance que mettait le commandant en chef de l'armée de réserve à obtenir un coopérateur tel que le général Lecourbe, par les notes qu'il lui demanda sur la défense de l'Helvétie, par rapport aux principaux débouchés de l'Italie, des Grisons et du Vorarlberg, dans la situation respective des armées autrichiennes et françaises à cette époque. On les trouvera à la suite de ce volume. Elles ont été copiées sur le manuscrit du général; car c'est rendre un digne hommage à la mémoire de ce guerrier célèbre que de reproduire, sans se permettre de tronquer ni d'altérer aucune de ses expressions, son opinion sur un objet si intéressant, et ses maximes de guerre clairement déduites et appliquées avec la plus grande justesse.

Le général Moreau s'obstina à conserver son fidèle lieutenant, et consentit seulement

à donner au général Moncey, qui fut chargé du commandement de la réserve en Hel→ vétie, onze bataillons et quelque cavalerie, jusqu'à ce qu'ils pussent être relevés par une division de l'armée de réserve, et portés aux débouchés de la vallée des Gri

sons,

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Exposons maintenant la grande scène de l'ouverture de la campagne sur le Rhin, sans détourner l'attention du lecteur vers d'autres événemens qui bientôt le rappelleront vivement aux Alpes et à l'Apennin, et dont la connexité sera d'autant mieux sentie.

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L'armée du général Kray, partagée en quatre corps, sous les ordres des feld-maréchaux - lieutenans Kollowrath, Starray Giulay et Klénau, était forte d'environ cent quarante mille hommes, en y comprenant le corps du prince de Reuss qui occupait le Vorarlberg et les débouchés du Tyrol, le corps bavarois à la solde de l'Angleterre, qui s'était rassemblé à Donauwerth, les contingens de l'Empire, et quelques milices levées en Souabe. Cette armée

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était très-belle la cavalerie, d'à peu près vingt-cinq mille chevaux, était en bon état, et surtout les troupes légères qui avaient reçu les meilleures remontes que l'Alle magne, la Pologne et la Hongrie avaient pu fournir. On comptait dans les équipages d'artillerie, que les soins particuliers de M. l'Archiduc avaient rétablis, recomposés et rendus plus solides et plus mobiles, cinq cent vingt bouches à feu,

L'étendue de la ligne sur laquelle étaient postés ou répandus les divers corps de l'armée autrichienne, depuis les baillages italiens jusqu'à Manheim, fait assez connaître la funeste sécurité de la cour de Vienne; on y était encore convaincu que la France était désormais hors d'état de reprendre l'offensive; bien loin de le craindre, on différait de développer le nouveau plan d'invasion; on attendait que le général Mélas, après avoir réduit la ville de Gênes, achevé la conquête, et détruit le fonds de l'armée fran çaise d'Italie, jetât un corps considérable en Suisse, et réunît sa belle et nombreuse cava

lerie, restée en réserve en Piémont et en Lombardie, à celle du général Kray jusque-là rien ne paraissait instant; une forte et vigilante observation sur le Rhin semblait devoir suffire pour y retenir dans l'inaction les principales forces des Français, et faciliter les succès de M. de Mélas : cette erreur prolongea celle du général Kray sur la position de son armée. M. l'Archiduc, qui ne l'avait sans doute choisie que pour éclairer plus au loin les mouvemens de l'ennemi, en se tenant à portée de ses magasins, de ses dépôts et des ressources que lui procurait la navigation du Danube, n'avait pas vraisemblablement le projet de conserver une ligne si étendue, et dont les communications étaient sinon interrompues, du moins beaucoup trop prolongées sur la droite par la masse des montagnes noires, et sur la gauche, par le contour du lac de Constance. Si l'on devait considérer cette ligne comme une base d'opérations offensives, c'était sans doute la moins favorable, puisque les divers débouchés sur la rive gauche

du Rhin à travers lesquels il fallait ouvrir et établir sa ligne d'opérations, étaient barrés par de grands obstacles, tels que les places fortes d'Alsace et la chaîne des Vosges, tous à l'avantage de la défensive du côté de la France. On voit donc que la position géné rale de l'armée autrichienne était purement défensive; en la considérant comme telle, et resserrée sur la corde de l'arc formé par le rentrant du Rhin, cette position était res pectable.

Enfin les rapports sur la force toujours croissante de l'armée du général Moreau réveillèrent le Conseil aulique; l'ordre d'ouvrir la campagne fut expédié vers le 15 avril au général Kray, à peu près en même temps que le général Moreau reçut du Gouvernement consulaire celui de passer le Rhin. Cette opération ne présentait en elle-même aucune difficulté, puisque les Français étaient maîtres des têtes de pont de Bále, de Brisach et de Strasbourg; mais il était difficile de pénétrer en Suabe par la vallée de la Kintzig et le Hornberg, et de forcer

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